
Si c’est un homme
Ce livre est sans conteste l’un des témoignages les plus bouleversants sur l’expérience indicible des camps d’extermination. Primo Levi y décrit la folie meurtrière du nazisme qui culmine dans la négation de l’appartenance des juifs à l’humanité. Le passage où l’auteur décrit le regard de ce dignitaire nazi qui lui parle sans le voir, comme s’il était transparent et n’existait pas en tant qu’homme, figure parmi les pages qui font le mieux comprendre que l’holocauste a d’abord été une négation de l’humain en l’autre.
Si rien ne prédisposait l’ingénieur chimiste qu’était Primo Levi à écrire, son témoignage est pourtant devenu un livre qu’il importe à chaque membre de l’espèce humaine d’avoir lu pour que la nuit et le brouillard de l’oubli ne recouvrent pas à tout jamais le souvenir de l’innommable, pour que jamais plus la question de savoir “si c’est un homme” ne se pose.
De ce devoir de mémoire, l’auteur s’est acquitté avant de mettre fin à ses jours, tant il semble difficile de vivre hanté par les fantômes de ces corps martyrisés et de ces voix étouffées.
L’astragale
Il n’y a qu’un mur entre Anne et la liberté. Elle le saute en pleine nuit, se reçoit mal : une douleur fulgurante transperce sa cheville, elle vient d’en briser un os au nom mélodieux : l’astragale. Le premier bon Samaritain qui passe n’ose pas l’emmener : le haut mur est celui d’une prison, et Anne est une « mineure en cavale »; mais il fait signe à un autre automobiliste, et ce Samaritain-là comprend très bien. julien est du même bord qu’Anne. Il s’occupera de tout : de trouver un refuge et des vêtements, de payer sa pension chez ses hôtes, de régler les frais d’hôpital et d’opération. Pour qui rêve de liberté, il est dur de sautiller sur des béquilles ou de clopiner péniblement de planque en planque. Plus encore d’attendre julien, sur un lit d’hôpital ou dans des chambres de rencontre. Anne reprendra le chemin aventureux qui la conduira à nouveau derrière le haut mur – et par-delà, jusqu’à la gloire littéraire, lorsqu’elle rassemblera les innombrables feuillets écrits en cellule, et qui racontent son histoire.
Mémé
“Mémé, c’est ma mémé, même si ça ne se dit plus. Mémé me manque. Ses silences, ses mots simples au Scrabble, sa maison enfouie sous les pommiers et son buffet d’avant-guerre. Ce texte est subjectif, partial, amoureux, ce n’est pas une enquête, ce n’est pas une biographie, c’est ce que j’ai vu, compris ou pas, ce que j’ai perdu et voulu retenir, une dernière fois.
Mémé, c’est mon regard de gamin qui ne veut pas passer à autre chose.”
La ferme africaine
La Ferme africaine est un roman autobiographique écrit par la baronne Karen Blixen, paru en 1937. Il a inspiré le film Out of Africa (1985) de Sydney Pollack. Le roman relate, sans nécessairement respecter la chronologie, nombre d’événements intervenus pendant son séjour en Afrique orientale britannique (aujourd’hui au Kenya) de la fin de 1913 à 1931. Une grande partie d’entre eux concerne la vie des indigènes que Karen Blixen apprend à connaître peu à peu et à comprendre. D’autres relatent la vie des Européens dont la figure de Finch Hatton qui se détache des autres colons, par le mélange d’un mode de vie rude et d’un esprit raffiné. Karen Blixen vit une liaison romantique et passionnée avec cet aristocrate anglais, chasseur de safari, toujours ailleurs, partout présent.
La place
“Enfant, quand je m’efforçais de m’exprimer dans un langage châtié, j’avais l’impression de me jeter dans le vide. Une de mes frayeurs imaginaires, avoir un père instituteur qui m’aurait obligée à bien parler sans arrêt en détachant les mots. On parlait avec toute la bouche. Puisque la maîtresse me “reprenait”, plus tard j’ai voulu reprendre mon père, lui annoncer que “se parterrer” ou “quart moins d’onze heures” n’existaient pas. Il est entré dans une violente colère. Une autre fois : “Comment voulez-vous que je ne me fasse pas reprendre, si vous parlez mal tout le temps ! ” Je pleurais. Il était malheureux. Tout ce qui touche au langage est dans mon souvenir motif de rancœur et de chicanes douloureuses, bien plus que l’argent”.
Un roman russe
La folie et l’horreur ont obsédé ma vie. Les livres que j’ai écrits ne parlent de rien d’autre. Après L’Adversaire, je n’en pouvais plus. J’ai voulu y échapper. J’ai cru y échapper en aimant une femme et en menant une enquête. L’enquête portait sur mon grand-père maternel, qui après une vie tragique a disparu à l’automne 1944 et, très probablement, été exécuté pour faits de collaboration. C’est le secret de ma mère, le fantôme qui hante notre famille. Pour exorciser ce fantôme, j’ai suivi des chemins hasardeux. Ils m’ont entraîné jusqu’à une petite ville perdue de la province russe où je suis resté longtemps, aux aguets, à attendre qu’il arrive quelque chose. Et quelque chose est arrivé : un crime atroce. La folie et l’horreur me rattrapaient. Elles m’ont rattrapé, en même temps, dans ma vie amoureuse. J’ai écrit pour la femme que j’aimais une histoire érotique qui devait faire effraction dans le réel, et le réel a déjoué mes plans. Il nous a précipités dans un cauchemar qui ressemblait aux pires de mes livres et qui a dévasté nos vies et notre amour. C’est de cela qu’il est question ici : des scénarios que nous élaborons pour maîtriser le réel et de la façon terrible dont le réel s’y prend pour nous répondre.
Histoire de la violence
J’ai rencontré Reda un soir de Noël. Je rentrais chez moi après un repas avec des amis, vers quatre heures du matin. Il m’a abordé dans la rue et j’ai fini par lui proposer de monter dans mon studio. Ensuite, il m’a raconté l’histoire de son enfance et celle de l’arrivée en France de son père, qui avait fui l’Algérie. Nous avons passé le reste de la nuit ensemble, on discutait, on riait. Vers six heures du matin, il a sorti un revolver et il a dit qu’il allait me tuer. Il m’a insulté, étranglé, violé. Le lendemain, les démarches médicales et judiciaires ont commencé. Plus tard, je me suis confié à ma soeur. Je l’ai entendue raconter à sa manière ces événements. En revenant sur mon enfance, mais aussi sur la vie de Reda et celle de son père, en réfléchissant à l’émigration, au racisme, à la misère, au désir ou aux effets du traumatisme, je voudrais à mon tour comprendre ce qui s’est passé cette nuit-là. Et par là, esquisser une histoire de la violence.
La chambre de Goethe
Frédérique Hébrard nous conte, avec beaucoup de charme et de sensibilité, l’histoire d’une petite fille, qui devient une jeune fille tout au long des années de guerre, au gré des déplacements de ses parents qui vont de château en château afin de mettre à l’abri les trésors du Louvre. L’enfant a son monde à elle, un monde de joie. On rit alors beaucoup avec la petite Frédérique. Puis, peu à peu, bien qu’on ne lui dise rien, elle prend conscience de la force du mal qui sévit en dehors du cercle familial et qui menace de le détruire.
Si c’est un homme
Ce livre est sans conteste l’un des témoignages les plus bouleversants sur l’expérience indicible des camps d’extermination. Primo Levi y décrit la folie meurtrière du nazisme qui culmine dans la négation de l’appartenance des juifs à l’humanité. Le passage où l’auteur décrit le regard de ce dignitaire nazi qui lui parle sans le voir, comme s’il était transparent et n’existait pas en tant qu’homme, figure parmi les pages qui font le mieux comprendre que l’holocauste a d’abord été une négation de l’humain en l’autre.
D’amour et d’eau fraiche
Dès l’âge de quinze ans, Annabel, l’une des figures du Saint-Germain-des-Prés de la grande époque, la chanteuse, la romancière, la femme du peintre Bernard Buffet depuis vingt-sept ans, a bu comme on respire.
Il y a deux ans, elle a décidé de cesser de boire et a commencé ce livre. A mesure qu’elle nous décrit, avec une impitoyable lucidité, la terrible épreuve de la désintoxication, elle fouille au plus profond de ses souvenirs pour y déterrer les racines de son alcoolisme.
Un long chemin vers la liberté
Commencés en 1974 au pénitencier de Robben Island, ces souvenirs furent achevés par Nelson Mandela après sa libération, en 1990, à l’issue de vingt-sept années de détention.
Rarement une destinée individuelle se sera aussi étroitement confondue avec le combat d’un peuple et le devenir d’une nation. Né et élevé à la campagne, dans la famille royale des Thembus, Nelson Mandela gagne Johannesburg où il va ouvrir le premier cabinet d’avocats noirs et devenir un des leaders de l’ANC. Dès lors, à travers la clandestinité, la lutte armée, la prison, sa vie se confond plus que jamais avec son combat pour la liberté, lui conférant peu à peu une dimension mythique, faisant de lui l’homme clef pour sortir son pays, l’Afrique du Sud, de l’impasse où l’ont enfermé quarante ans d’apartheid.
Document majeur sur un des grands bouleversements de la fin du xxe siècle, ce livre est aussi le témoignage d’un combat exemplaire pour la dignité humaine.
Le siècle des nuages
« Ils descendaient depuis l’azur, laissant vers le bas grossir la forme de leur fuselage, traçant doucement leur trait au travers des nuages. Le vrombissement des quatre moteurs, juchés sur le sommet des ailes, enflait, vibrant dans le vide, résonnant jusqu’à terre. Leur ventre touchait enfin la surface de l’eau, projetant à droite et à gauche un panache puissant qui retombait en écume, bousculant tout avec des remous épais qui dérangeaient les barques amarrées et remontaient haut sur le bord des berges.
C’était l’été sans doute. Les vacances étaient déjà commencées. Il avait couché son vélo dans l’herbe toute brûlée par la chaleur du soleil. Peut-être attendait-il allongé sur le sol ou bien se tenait-il assis sur un ponton, les jambes se balançant au-dessus du courant très lent. À perte de vue, le grand ciel bleu du beau temps recouvrait le monde. Il regardait descendre vers lui le signe en forme de croix de la carlingue et des ailes. Lorsque l’avion heurtait l’eau, le choc le ralentissait net. Forant dans le fleuve une tranchée immatérielle, il creusait son sillage entre les rives, rebondissant formidablement d’avant en arrière, basculant sur l’un et puis l’autre de ses flancs, oscillant sur ses deux flotteurs jusqu’à ce qu’il s’arrête enfin : rond avec son ventre vaste comme celui d’une baleine, inexplicable parmi les péniches et les navires de plaisance, immobile comme un paquebot étrange mouillant au beau milieu des terres. »
Si c’est un homme
Ce livre est sans conteste l’un des témoignages les plus bouleversants sur l’expérience indicible des camps d’extermination. Primo Levi y décrit la folie meurtrière du nazisme qui culmine dans la négation de l’appartenance des juifs à l’humanité. Le passage où l’auteur décrit le regard de ce dignitaire nazi qui lui parle sans le voir, comme s’il était transparent et n’existait pas en tant qu’homme, figure parmi les pages qui font le mieux comprendre que l’holocauste a d’abord été une négation de l’humain en l’autre.
Si rien ne prédisposait l’ingénieur chimiste qu’était Primo Levi à écrire, son témoignage est pourtant devenu un livre qu’il importe à chaque membre de l’espèce humaine d’avoir lu pour que la nuit et le brouillard de l’oubli ne recouvrent pas à tout jamais le souvenir de l’innommable, pour que jamais plus la question de savoir “si c’est un homme” ne se pose.
De ce devoir de mémoire, l’auteur s’est acquitté avant de mettre fin à ses jours, tant il semble difficile de vivre hanté par les fantômes de ces corps martyrisés et de ces voix étouffées.
” Ma toute petite fille, je sais que tu es morte, et pourtant ce n’est pas la première fois que je t’écris… “Ce samedi 16 février 1980, Simenon, qui survit douloureusement à la mort de sa fille, qui n’écrit plus depuis près de dix ans commence une ultime expérience d’écriture. Lui qui avait fait métier de la passion de comprendre, de son infinie curiosité, de la sympathie universelle qui l’amenait d’instinct à se placer au coeur des déchirements et des désastres individuels, décide une dernière fois de raconter, de se raconter pour tenter d’atteindre l’inaccessible vérité. Un monument.
Petits arrangements avec nos cœurs
À vingt-cinq ans, devenue écrivain, Camille décide de retrouver son premier amour, dont elle a fait l’un des personnages de ses romans. D’abord méfiant, celui qui est désormais le plus jeune manager de la cinquième banque de Wall Street finit par succomber. Amoureux fous, Camille et Stanislas s’installent à Londres, au cœur de la City, fréquentent les endroits branchés, dépensent sans compter… puis s’ennuient. Comme un dernier sursaut, ils entreprennent une traversée des États-Unis. Six mille kilomètres de culpabilité, de mensonges, d’alcool et de vanités. Chaque étape du voyage les éloigne davantage ; plus ils approchent du but, plus ils se perdent. Et pourtant, ils se sont tant aimés.
Si on me touche, je n’existe plus
Je tombai derechef amoureuse de la vie. J’aimais le ciel. J’aimais les fenêtres et leurs vitres dans lesquelles je pouvais me dire bonjour ! Je me tirais les cheveux et, miracle, je ressentais quelque chose. Je me mordillais les bras et goûtais le sel de ma peau. C’était moi. On la croit folle, retardée, méchante mais Donna Williams n’est rien de tout cela.
Visage volé, avoir 20 ans à Kaboul
Le 27 septembre 1996, jour de l’entrée des taliban dans Kaboul, Latifa avait seize ans et des rêves plein la tête. Elle avait hâte de grandir pour devenir journaliste. Malgré la guerre qui sévissait en Afghanistan depuis dix-sept années, elle était plutôt insouciante et heureuse de vivre.
A partir de cette date, les écoles ont été fermées et, comme toutes les femmes, Latifa a été humiliée, insultée, obligée de vivre en recluse et de porter le tchadri. Enfermée par un pouvoir monstrueux, elle a vu son existence confisquée. Latifa a fui son pays incognito avec une partie de sa famille.
Ce livre est le récit de sa vie sous les talibans, de ses espoirs brisés mais aussi de son combat pour que les femmes afghanes retrouvent leur liberté et leur dignité.
Camille, mon envolée
Dans les semaines qui ont suivi la mort de sa fille Camille, 16 ans, emportée une veille de Noël après quatre jours d’une fièvre sidérante, Sophie Daull a commencé à écrire.
Écrire pour ne pas oublier Camille, son regard “franc, droit, lumineux”, les moments de complicité, les engueulades, les fous rires; l’après, le vide, l’organisation des adieux, les ados qu’il faut consoler, les autres dont les gestes apaisent… Écrire pour rester debout, pour vivre quelques heures chaque jour en compagnie de l’enfant disparue, pour endiguer le raz de marée des pensées menaçantes.
Loin d’être l’épanchement d’une mère endeuillée ou un mausolée – puisque l’humour n’y perd pas ses droits –, ce texte est le roman d’une résistance à l’insupportable, où l’agencement des mots tient lieu de programme de survie: “la fabrication d’un belvédère d’où Camille et moi pouvons encore, radieuses, contempler le monde”.
“Dans les jours d’après, nous distribuerons tes soixante-dix-sept peluches, une par une ou deux par deux, à des fossés dans les campagnes, à des clairières, à des rochers. C’est joli, ces ours, ces lapins, ces petits chats abandonnés sur les tapis de mousse, prenant la pluie sous les marguerites.”
C’était ainsi
A l’âge de six ans, le jeune Lobsang, fils de seigneur et de dame Rampa, entendait son avenir de la bouche d’un très célèbre astrologue du Tibet. ” L’existence la plus dure que j’ai eu à prédire “, déclarait le vieil homme. Et à disait vrai… Lobsang Rampa raconte ici son apprentissage des arts et des secrets initiatiques des lamas tibétains, puis ses études de médecine en Chine.
La Massaï blanche
Ce livre exceptionnel pourrait passer pour un récit à la Karen Blixen. Pourtant c’est l’histoire vraie d’une jeune Suissesse de 27 ans, tombée amoureuse du guerrier massaï Lketinga pendant des vacances au Kenya, et qui abandonne l’Europe pour vivre en Afrique avec lui.
Corinne Hofmann raconte avec un luxe de détails ses quatre années d’épouse blanche au sein de sa tribu massaï : le partage de la petite hutte de paille et de boue séchée avec sa belle-mère, la séparation des hommes et des femmes pour les repas, les sacrifices d’animaux, les coutumes du mariage et les rapports sexuels, la naissance de sa fille en pleine brousse, les maladies successives qu’elles affrontent, la sécheresse, les disettes, les bêtes sauvages, et la lutte, jour après jour, pour la survie.
Cette épopée au quotidien montre deux êtres, deux cultures aux antipodes, luttant ensemble pour se comprendre, transcendés par l’amour.
Cette femme courageuse décrit son bonheur quand elle retrouve Lketinga après une longue recherche dans son village natal et quand elle l’épouse. Mais elle ne cache pas non plus sa solitude, ses angoisses, la jalousie de son mari qui va faire voler en éclats un amour hors du commun.
Corinne Hofmann est rentrée en Suisse avec sa petite fille, après ses quatre ans passés au Kenya. Divorcée de son guerrier massaï, elle continue à soutenir la famille de celui-ci.
La Massaï blanche a battu tous les records de vente en Allemagne, où elle figure depuis plus d’un an sur la liste des best-sellers.
«J’ai suivi obstinément le grand amour de ma vie, et j’ai vécu le ciel et l’enfer. Ce fut mon plus grand combat de survie. Une aventure ininterrompue, qui m’a menée au bout de mes limites corporelles et psychiques. Un combat que ma fille Napirai et moi avons finalement gagné» (Corinne Hofmann).
Autrement dit
Au-delà d’un immense succès de librairie, les Mots pour le dire valut à Marie Cardinal un courrier considérable, des débats, des rencontres, bref, ce que l’écrivain trouve rarement : le contact de son public.C’est de cet échange qu’est née l’idée de donner aux Mots pour le dire un prolongement qui réponde à l’attente de ses lecteurs. Annie Leclerc a accepté d’aider Marie Cardinal dans cette entreprise en lui posant les questions qui allaient la lancer dans l’écriture de ce livre.
Cet été-là
Marie Cardinal se défend d’écrire des livres autobiographiques. Le clé sur la porte, Les mots pour le dire, Une vie pour deux, sont en effet des romans. Seul Cet été-là est un livre entièrement autobiographique. Mais que s’est-il passé cet été-là ? Marie Cardinal découvrait le cinéma, de l’intérieur, en tournant deux grands films: Deux ou trois choses que je sais d’elle, de Godard et Mouchette, de Bresson.
Quinze rounds
J’ai passé ma vie sur la route. Tout seul. Avec la blonde. Avec mes fils, avec la musique, avec mes filles. Des milliers et des milliers de kilomètres. Coureur de savanes, enjambeur d’océans. T’as trop couru, t’as le souffle court. Les hanches, ça va toujours. Même si elles servent plus à grand-chose, elles ont le tempo pour écrire. Voilà ce que je ramène. Quinze rounds. Celui qui clôt. Qui ferme le rideau.
Merci pour ce moment
Un jour, un amour violent a incendié ma vie. Il avait quatre enfants. J'en avais trois. Nous avons décidé de vivre ensemble. Mais la politique est une passion dévorante. Parti de très loin, François Hollande a été élu président de la République. J'ai été aspirée dans son sillage. Le pouvoir est une épreuve pour celui qui l'exerce, mais aussi pour les siens. À l’Élysée, je me sentais souvent illégitime. La petite fille de la ZUP en première dame: il y avait quelque chose qui clochait. J'ai appris l'infidélité du Président par la presse, comme chacun. Les photos ont fait le tour du monde alors que j'étais à l'hôpital, sous tranquillisants. Et l'homme que j'aimais a rompu avec moi par un communiqué de dix-huit mots qu'il a dicté lui-même à l'AFP, comme s'il traitait une affaire d’État. Tout ce que j'écris dans ce livre est vrai. Journaliste, je me sentais : parfois à l’Elysée comme en reportage. Et j'ai trop souffert du mensonge pour en commettre à mon tour.
Les confessions (Livres VII à XII)
“A partir du septième livre, les intentions que Rousseau prête à ses “contemporains” changent radicalement de nature ; tandis qui au début il se sentait requis de parler, il a désormais l’impression que ses adversaires emploient tous les moyens imaginables pour l’empêcher d’écrire et d’être entendu. Ce ne sera donc plus pour satisfaire les exigences du lecteur, mais pour défier l’hostilité universelle, que Rousseau persévérera dans son intention de tout dire : “Les planchers sous lesquels je suis ont des yeux, les murs qui m’entourent ont des oreilles, environné d’espions et de surveillants malveillants et vigilants, inquiet et distrait, je jette à la hâte sur le papier quelques mots interrompus qu’à peine j’ai le temps de relire, encore moins de corriger”… ” Jean Starobinski.
Chevalier de l’ordre du mérite
Dès que je passe la porte de notre appartement, je me transforme. Sans plus aucune coquetterie, je retire mes escarpins, je jette mes vêtements dans la panière à linge sale.
Je m’attache les cheveux sur le sommet du crâne, remonte mes manches, et c’est parti pour le rodéo de l’ordre et de la propreté. Une chorégraphie d’un genre peu sexy, à laquelle je ne renonce que tombante de sommeil. Pauvre Adrien : il vit avec une mégère. L’image n’est pas folichonne.
C’est au bureau qu’ils vivent avec moi. Bien habillée, maquillée, coiffée. Pourquoi je me transforme? Pourquoi je n’arrive pas à suivre le mode de vie d’Adrien ?Pourquoi ça ne tourne pas plus… plus… plus carré ?
Sylvie Testud est comédienne. En 2001, elle a obtenu le César du meilleur espoir féminin pour Les Blessures assassines, et, en 2004, le César de la meilleure actrice pour Stupeur et tremblements. Son dernier roman, Gamines, est paru chez Fayard en 2006.
J’ai vingt ans et je couche dehors
Vingt ans. D’aucuns vous diront que c’est le plus bel âge de la vie. Celui où tout vous sourit. Le temps des amours et des fous rires. Le temps de l’insouciance et des espérances. Pas pour tous ! Enfant ballottée au gré des crises parentales, Lydia n’a pas choisi. Depuis toujours elle subit. Violence, solitude, abandon… De l’amour elle ne connaît que le nom, de la chaleur elle ne sait que la brûlure. De la ville, elle a appris les bouches de métro, la rue et ses souillures… Avoir vingt ans aujourd’hui et dormir dehors ! Comment ? Pourquoi ? Après un combat titanesque contre les rigueurs institutionnelles, le silence et l’indifférence, Lydia nous livre sa quête désespérée pour sortir de la rue. Jungle sordide où chaque jour meurent les plus falbles… Là… En bas… A côté de chez nous…
Un léopard sur le garrot
Médecin des hôpitaux, pionnier de l’humanitaire “sans frontières” , écrivain, prix Goncourt 2001, diplomate (ambassadeur de France au Sénégal il y a quelques années), Jean-Christophe Rufin mène sa vie au grand galop. Selon une image tirée d’un poème de Senghor. il semble aller comme un cheval qu’un léopard aurait saisi au garrot. Pourtant, sous l’apparente diversité de cette existence, on distingue une unité profonde, née de la fidélité à une seule passion : la médecine, vécue comme un engagement total dans une discipline moins scientifique qu’humaniste. Voyage dans une vie, ce récit, en tirant sur ce fil qu’est la médecine, fait défiler sous nos yeux trente ans de notre histoire. d’un point à l’autre de la planète. De nouveau, l’auteur de Rouge Brésil et de L’Abyssin offre au lecteur une belle aventure. Mais, cette fois-ci, c’est la sienne.
A défaut de génie
665 pages – “J’ai essayé d’avoir pour moi, à défaut d’admiration, une tolérance bougonne”, déclare François Nourissier. On ne saurait être plus proche et plus intransigeant avec soi-même. La sentence peut paraître exagérée de la part de cet homme de lettres qui a obtenu ce que l’on peut espérer de mieux dans ce milieu : la gloire et la reconnaissance. Écrivain à succès depuis plus de trente ans, critique avisé, membre de l’Académie, à soixante ans passés, Nourissier n’aurait plus rien à attendre du monde des lettres. Il a déjà tout eu. C’est un des rares enfants chéris du milieu. Et pourtant, il n’a jamais autant écrit. Il bouillonne d’insatisfaction. Loin de la retranscription chronologique, de l’approche systémique ou du règlement de compte aigri. À défaut de génie est un modèle d’autobiographie en liberté. Comme pour Montaigne, l’exercice autobiographique n’a de sens pour Nourissier que si l’on devient soi-même “la matière de son livre”. Il y parvient.
Des bleus à l’âme
Sébastien et Éléonore, frère et soeur, complices inséparables, la quarantaine proche, se retrouvent à Paris. Également beaux et blonds, comme il se doit, les voici nonchalamment installés dans un meublé de hasard, parfaitement désargentés et parfaitement disponibles. Presque aussitôt, se pressent autour d’eux Nora, une Américaine aussi riche que mûre, Bruno, jeune premier du cinéma français, Robert, un célèbre imprésario… Françoise Sagan nous offre ici ses sentiments, elle nous parle de sa vie et se met en scène comme rarement. Elle utilise le “je” pour justifier ses choix et lui redonne, dans une pirouette finale, son statut romanesque. Une très grande oeuvre.
Deux récits de guerre
Chef de batterie durant le dernier conflit mondial, le Prix Nobel de littérature narre deux épisodes guerriers auxquels il participa, l'un en Prusse orientale, l'autre en Russie centrale, et qui sont pour lui l'occasion d'exalter le pur patriotisme des officiers de terrain, la bravoure des soldats russes, mais aussi de stigmatiser la veulerie du personnel politique, l'ignorance des états-majors et la détresse des populations civiles. Des pages d'anthologie dignes des grandes scènes d'Août 14.
Danny Fisher
New York 1932. Pour Danny Fisher, un gamin juif de Brooklyn, le monde s’écroule en cette année de crise. Son père est ruiné. La maison ou ils furent longtemps heureux est vendue. Et dans un quartier sordide de l’East Side, Danny, brusquement, découvre la misère, la faim, la pègre, la violence, le racisme. Il apprend à se battre, à rendre les coups. Mais il ne supporte pas de voir souffrir les siens, d’assister à leur déchéance. Pour gagner quelques dollars, il abandonne ses études, devient boxeur, il accepte de participer à un match truqué, de se lier à des truands.
Féroces
Les Goolrick étaient des princes. Et tout le monde voulait leur ressembler. C’étaient les années 50, les femmes se faisaient des coiffures sophistiquées, elles portaient des robes de taffetas ou de soie, des gants et des chapeaux, et elles avaient de l’esprit. Les hommes préparaient des cocktails, des Gimlet, des Manhattan, des Gibson, des Singapore Sling, c’était la seule chose qu’ils prenaient au sérieux. Dans cette petite ville de Virginie, on avait vraiment de la classe, d’ailleurs on trouvait son style en lisant le New Yorker. Chez les Goolrick, il y avait trois enfants, tous brillants. Et une seule loi : on ne parle jamais à l’extérieur de ce qui se passe à la maison. A la maison, il y avait des secrets. Les Goolrick étaient féroces. Comparé à William Styron et Flannery O’Connor, Robert Goolrick a créé avec son premier roman, Féroces, un de profundis sudiste, dans lequel un fils ne survit pas tout à fait aux crimes du père, même quand il piétine sa tombe avec des chaussures anglaises.
Cet ouvrage nous relate de comment un fils d’immigré italien est devenu un héros de légende. Il gravit tous les échelons de la Ford Motor Company. Il invente la Mustang et en vend 420 000 en un an .
Au plaisir des autres
Un livre d’atmosphère, écrit par un jeune octogénaire à la culture impressionnante. Un texte plein de fantaisie, d’insolence et de causticité, mais sans méchanceté gratuite : le véritable humour. Au fil des pages, les souvenirs affluent, retraçant le climat des interviews au bar huppé du Fouquet’s, « transformé par les facéties de José Artur en temple de l’intelligence » (Le Monde). Avec les anecdotes « off record », les réflexions de l’auteur, les thèmes d’actualité où voisinent le théâtre, l’opéra, le cinéma, les variétés, la peinture ou la politique, sur quatre décennies.
Une autobiographie
Héritière de l’une des familles les plus puissantes du pays, Benazir Bhutto a grandi auprès de son père, Zulfiqar Ali Bhutto, devenu héros du peuple, démocratiquement élu au suffrage universel, premier chef du gouvernement issu d’un parti progressiste à avoir tenu tête aux militaires. Elle a repris, après l’exécution de celui-ci, le flambeau a la tête du parti du peuple pakistanais qu’elle portera au pouvoir à deux reprises, devenant ainsi la première femme Premier ministre dans un pays musulman. Ayant dû quitter le Pakistan en 1999 pour échapper une nouvelle fois à la prison, Benazir y rentre en 2007 pour conduire la bataille électorale de l’opposition démocratique. Elle est assassinée le 27 décembre 2007. En dépit de sa fin tragique, ses mémoires nous transportent, tant son incroyable destin dépasse la fiction.
La dernière leçon
“Quelques jours à peine avant que tu nous quittes, nous avons été toutes deux prises d’un fou rire à propos d’un détail tellement prosaïque concernant ta mort. /…/ Ce jour-là, donc, comme chaque fois que nous avons ri ensemble de quelque chose qui aurait dû nous faire pleurer, je t’ai dit, redevenant sérieuse : C’est inouï ce qui est en train de se passer, maman. Incroyable ce que tu me fais faire. Le chemin… Le chemin que tu me fais parcourir… Oui, c’est vrai, as-tu répondu, toute pensive. Il faut… Il faudrait le raconter ! Que d’autres que moi… je crois que… je voudrais l’écrire…” Noëlle Châtelet aborde ici le douloureux sujet de la fin de vie : la mort volontaire de sa propre mère qui lui inspire ce récit initiatique d’une beauté puissante et lumineuse. Prix Renaudot des Lycéens, 2004.
Trente mille jours
Dans ce dernier livre écrit quelques mois avant sa mort, Maurice Genevoix raconte les Trente mille jours qui firent une vie d’homme à cheval sur deux siècles et une carrière de grand écrivain. Ces pages providentielles nous sont, d’une certaine manière, personnellement adressées. Ces mémoires rêveuses sont un peu — et toutes générations confondues — les nôtres.
Dans la lumière de Heifetz
Né à Paris en 1949, Pierre Amoyal a le violon dans le sang. Un sang où coule un peu de Russie et un peu d’Afrique du Nord séfarade, et surtout beaucoup de passion. Faire de la musique constitue dès son plus jeune âge une idée fixe. Pendant que ses camarades jouent dehors, lui fait ses gammes, ses études, brûle les étapes : Premier prix du Conservatoire de Paris à… 12 ans ! Il aurait pu étudier avec David Oïstrakh : il a choisi Jascha Heifetz et la côte ouest des Etats-Unis. Un géant pour un autre. Cinq années d’immersion, dont il vibre encore et vibrera sans doute jusqu’à son dernier souffle. Révélation, discipline, idéal. Rencontré en février 2014 dans son pied-à-terre de Lausanne, ville de coeur et d’adoption, Pierre Amoyal aurait pu se contenter de filer les grands noms et les salles prestigieuses qui ont jalonné sa carrière depuis ces années décisives, citer Karajan, Solti, Boulez, Ozawa : il préfère nous parler de ses derniers coups de foudre comme professeur, du présent. Après vingt années au Conservatoire de Lausanne, il vit depuis peu une nouvelle aventure pédagogique au Mozarteum de Salzbourg, sur les traces d’un autre grand violoniste : Sándor Végh. Transmettre : une évidence pour lui. On suit avec bonheur les concerts de la Camerata de Lausanne qu’il a fondée en 2000, où il joue comme il enseigne : debout, en cercle, primus inter pares. Il y a bien sûr le “Kochanski”, sublime Stradivarius de 1717 sur lequel joue Amoyal.
Pedigree
Le 13 février 1903 naît à Liège Roger Mamelin, fils de Désiré, employé d’assurances, et d’Elise Peeters, sans profession. Autour de l’enfant, des oncles et des tantes, des cousins, puis plus tard les pensionnaires auxquels sa mère loue des chambres : tout un monde de personnages avec ses bonheurs et ses malheurs, ses petitesses, ses folies, comme celle de l’oncle Léopold, protecteur de l’anarchiste Marette, coupable d’un attentat… Puis viennent la guerre, les premiers émois sexuels, la révolte aussi, lorsque le jeune garçon prend conscience de sa pauvreté, en même temps que de la médiocrité du monde qui l’environne. Il s’arrêtera in extremis sur le chemin de la délinquance et du vice, résolu à se construire, ailleurs, une autre existence. Roman autobiographique, inoubliable tableau d’un Liège de brouillard et de neige, Pedigree est assurément une des œuvres les plus fortes de Georges Simenon, où l’écrivain a livré, à travers un inventaire sans concession de son enfance, les clefs essentielles de son univers romanesque.
La femme qui ose
Après une scolarité primaire et secondaire, puis des études supérieures en Belgique, elle rentre au Gabon et est recrutée à la Com de la succursale gabonaise d’une grande entreprise française. Poste qu’elle occupe pendant une quinzaine d’années et dans lequel sa créativité fait merveille.
Elle est ensuite affectée au siège de l’entreprise à paris comme responsable Com d’un important projet technique. A peine arrivée, elle est victime de la part de l’entreprise et de ses supplétifs français, suisses et gabonais d’une incroyable campagne de harcèlement et de dénigrement visant à l’anéantir, elle et ses enfants, esprit, corps et biens. Elle résiste vaillamment. Et déjoue tous les stratagèmes emblématiques à ses yeux d’un impitoyable système d’assujettissement ; d’asservissement, de dénégation et de prédation de la France sur ses anciennes colonies d’Afrique Noire.
Toutefois cette époque douloureuse s’avère être la condition paradoxale d’avènement d’une période radieuse : celle, rêvée depuis l’enfance d’entrer en écriture. C’est en toute liberté et en totale vérité que l’ouvrage de Nkos décrit les transformations radicales, personnelles et systémiques auxquelles conduit inéluctablement l’épreuve initiatique qu’elle a vécue au plus profond d’elle-même.
Lecteurs, lisez-là, écoutes-la !
Mon chemin
Quand j’ai commencé ce livre, j’avais quinze ans. Lorsque je l’ai terminé, j’en avais seize. Mais entre-temps, il m’est arrivé plein de choses. J’ai des tonnes de trucs à dire, des idées et des opinions à revendre… Et j’ai envie de les partager avec vous ! Je crois que vous ne regretterez pas le voyage… Alors je vous invite à vous détendre et j’espère que vous passerez un bon moment en ma compagnie.
Tout s’est bien passé
“Papa m’a demandé de l’aider à en finir.” Je me répète cette phrase, elle sonne bizarrement. Qu’est-ce qui ne colle pas ? “Papa” et “en finir” ? Fin 2008, à l’âge de 88 ans, le père d’Emmanuèle Bernheim est hospitalisé après un accident vasculaire cérébral. Quand il se réveille, diminué et dépendant, cet homme curieux de tout, aimant passionnément la vie, demande à sa fille de l’aider à mourir.
Comment accepter ? Et puis, ” aider à mourir “, qu’est-ce que ça veut dire ? Avec Tout s’est bien passé, Emmanuèle Bernheim livre le récit haletant et bouleversant de cette impensable aventure, de cette course d’obstacles dramatique et parfois cocasse. Dix ans après son dernier roman, Emmanuèle Bernheim revient avec ce récit écrit pour la première fois à la première personne du singulier.
Le voile
Anny Duperey a huit ans lorsque ses parents disparaissent dans un tragique accident domestique. Des années durant, elle tire “un voile noir” sur son passé et abandonne dans un coin sombre, sans même les regarder, les photos laissées par son père, le photographe Lucien Legras. Ce n’est que trente-cinq ans plus tard qu’elle les exhume enfin de leur “tiroir-sarcophage”, et pose sur ce drame intime des mots d’une justesse bouleversante.
Tout m’est bonheur
Isabelle, comtesse de Paris, serait la reine de France si la monarchie était rétablie. Rien de plus simple, pourtant, rien de plus familier, que le récit de cette vie quotidienne, de châteaux en palais, de France en Bohême, du Brésil au Maroc, et en Espagne. Vie jalonnée de voyages et de fêtes, de soucis et de drames aussi. Vie de femme, vie de mère : onze enfants, trente-six petits enfants. L’émotion, la drôlerie, la tendresse et une étonnante fraîcheur font de ces souvenirs sans apprêt un récit qui va droit au cœur. Et quand parle la petite fille de Saint Louis et de Henri IV, c’est un chapitre de l’Histoire de France qui s’écrit devant nous.
“Quand je revois mon enfance, le seul fait d’avoir survécu m’étonne. Ce fut, bien sûr, une enfance misérable: l’enfance heureuse vaut rarement qu’on s’y arrête. Pire que l’enfance misérable ordinaire est l’enfance misérable en Irlande. Et pire encore est l’enfance misérable en Irlande catholique.” C’est ce que décrit Frank McCourt dans ce récit autobiographique. Le père, Malachy, est un charmeur irresponsable. Quand, par chance, il trouve du travail, il va boire son salaire dans les pubs et rentre la nuit en braillant des chants patriotiques. Angela, la mère, ravale sa fierté pour mendier. Frankie, l’aîné de la fratrie, surveille les petits, fait les quatre cents coups avec ses copains. Et, surtout, observe le monde des adultes. La magie de Frank McCourt est d’avoir retrouvé son regard d’enfant, pour faire revivre le plus misérable des passés sans aucune amertume.
La rage au cœur
Ce qui caractérise le plus Ingrid Betancourt ? Son amour pour la Colombie et sa haine pour tous ceux qui la détruisent. La Rage au cœur se lirait presque comme un roman. Et pour cause : tous les ingrédients sont réunis. Jeune femme de bonne famille, avec des parents engagés dans la politique – son père était ministre de l'Éducation dans les années soixante-dix et sa mère a été élue député libéral dans les années quatre-vingt –, elle suit leur chemin en abandonnant un premier mari pour se donner entièrement à son pays. Son cheval de bataille : la corruption, dans un pays où les narcotrafiquants sont rois et où les politiciens sont pour la plupart achetés. Pleine d'idéaux qui confinent parfois à la naïveté, elle raconte ici toutes ces années de lutte. De ses premiers succès électoraux où elle avait pris pour emblème le préservatif “avec Ingrid, vous êtes bien protégés” aux années noires où elle dut se séparer des ses enfants, cédant à des menaces de mort.
Depuis toujours, Élise Boghossian sait qu’elle va consacrer sa vie aux autres. Formée en neurosciences, elle étudie l’acupuncture et le traitement de la douleur en Chine et au Vietnam. De retour à Paris, elle monte son cabinet d’acupuncture, mais toujours avec l’envie de donner un sens plus profond à sa vie. En 2002, elle crée une association de médecine chinoise : un tournant décisif qui l’amènera à s’investir sur le terrain de la souffrance. Cette mère de trois enfants, armée d’une détermination sans faille et de ses aiguilles, décide de se rendre auprès des victimes de guerres civiles et des réfugiés. D’abord en Arménie, sur la terre meurtrie de ses grands-parents, persécutés et réfugiés presque cent ans plus tôt, puis en Jordanie et en Irak. Malgré les premières réticences, elle réussit très vite à convaincre soignants et blessés des bienfaits de son savoir car les résultats sont là : l’acupuncture apaise les douleurs post opératoires, celles des amputés, des grands brûlés et, surtout, celles des enfants. Élise transforme alors son combat solitaire en une mission humanitaire pérenne. Elle forme des équipes sur place et lève des fonds en France pour créer des dispensaires mobiles. Elle constate que la grande majorité des victimes de guerre réfugiées en Irak vivent hors des camps et n’ont pas accès aux soins. Des milliers de familles sont réduites à l’état de mendicité, les femmes et les filles sont vendues comme esclaves sexuelles, les enfants ont vécu dans la terreur de l’enlèvement. Grâce à des médecins, infirmiers, pharmaciens, chauffeurs qu’elle recrute parmi les réfugiés, son camion-dispensaire et son « bus des femmes » partent à la rencontre de ces populations en souffrance.