Vent mortel
A la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Japonais lancèrent deux de leurs derniers sous-marins vers la côte Ouest des États-Unis, avec à leur bord des capsules contenant un redoutable virus. leur objectif : déchaîner l’enfer. Un homme, informé de cette mission ultra-secrète, sait qu’aucun des deux sous-marins n’atteignit son but. Cependant il croit connaître l’endroit où ils reposent encore, et conçoit un plan démoniaque pour utiliser leur cargaison – un plan qui pourrait remodeler entièrement l’Amérique, et peut être le monde. Mais le clan Pitt se trouve sur son chemin. C’est la première fois que Dirk Pitt, nouveau directeur de la NUMA, fait équipe avec ses enfants, Summer, biologiste océanographe, et Dirk, architecte naval. C’est aussi la première fois qu’il affronte le diable en personne…
L’or des incas
1532 : les derniers survivants d’un peuple décimé cachent au cœur des Andes un somptueux trésor : la chaîne d’or du dernier Inca, si lourde qu’il faut deux cents hommes pour la porter. 1998 : Shannon Kelsey, intrépide et séduisante archéologue, parcourt le Pérou avec son équipe, n’hésitant pas à plonger dans les profondeurs d’un puit sacré… Mais l’or des Incas suscite d’autres convoitises, bien peu scientifiques, celle, en particulier, d’un réseau mondial de trafiquants d’œuvres d’art, décidé à tout pour atteindre ses fins. Dirk Pitt, l’homme aux yeux verts, héros de Cyclope, de Trésor et d’autres best-sellers de Clive Cussler, se trouve là au bon moment… Tout est prêt pour un fabuleux roman d’aventures.
Odyssée
Au large des Caraïbes, une étrange boue rouge s’étale au fond de l’océan, décimant la faune et la flore. Dans un laboratoire sous-marin, la fille et le fils de Dirk Pitt, Summer et Dirk Jr, étudient ce phénomène inquiétant. Au cours d’une exploration, Summer tombe sur un objet insolite : un authentique vase celte, remontant à quelque 3000 ans. En poursuivant leurs recherches dans les profondeurs marines, les deux jeunes gens découvrent ce qui semble être un palais celte. Les Celtes auraient-ils été les premiers à mettre le pied sur le Nouveau Monde ? Le clan Pitt réuni mène l’enquête…
La Horde
Au beau milieu de l’océan Indien, un navire de recherches de la Numa prélève des échantillons au soleil couchant lorsqu’un membre de l’équipage distingue une tache sombre à la surface des flots. Ce qu’il prend d’abord pour une nappe de pétrole se révèle être une horde de particules noires, qui dévorent le bateau, tuant tout le monde à bord tandis que le bâtiment s’embrase. Quelques heures plus tard, Kurt Austin et Joe Zavala sont en route pour les Maldives. Ce qu’ils vont découvrir sur la carcasse encore fumante du navire va les mener tout droit à un projet diabolique visant à contrôler le climat. Des millions de vies sont en jeu, et les premiers signes apparaissent déjà. Cette terrible machination serait-elle liée à la disparition en mer du John Bury, assailli par les Japonais en pleine Seconde Guerre mondiale ?
Pierre sacrée
Protéger l’émir du Qatar pendant le Sommet pour la Paix des pays arabes à Reykjavik : la mission s’annonce plutôt tranquille pour les agents secrets de la Corporation. Mais l’interception d’un message annonçant la découverte d’une météorite sans doute dangereuse change la donne. Cette mystérieuse pierre noire attise autant les convoitises des terroristes islamistes que celles d’un puissant industriel américain. Des États-Unis à l’Arabie Saoudite, en passant par Londres, l’Écosse, Israël et le Groenland, les hommes de la Corporation vont devoir affronter le spectre du terrorisme sous toutes ses formes, des plus terrifiantes aux plus inattendues, afin de sauver des millions de vies humaines et d’empêcher la destruction de deux villes emblématiques…
Méduse bleue
1848, dans l’océan Pacifique. L’équipage du Princess commandé par le capitaine Horatio Dobbs est atteint par une maladie après avoir fait escale à Pohnpei. Sur une île inconnue, un médecin indigène les sauve de la mort. De nos jours, dans les îles de Micronésie, un laboratoire sous-marin, financé dans le plus grand secret par le gouvernement américain, disparaît. Il effectuait des recherches sur la « méduse bleue », une espèce rare. Au même moment, au large des Bermudes, une bathysphère est attaquée et immobilisée à plus de cinq cents mètres de profondeur… Kurt Austin engage l’équipe de la Numa. Il suspecte un lien avec une puissante organisation de criminels chinois qui mène des expériences médicales et aurait découvert un nouveau virus. Kurt Austin et Joe Zavala vont devoir tenter le tout pour le tout pour sauver non seulement leur vie mais celle de millions de personnes…
Mort blanche
L’équipage d’un groupe de protection de l’environnement aux idées plutôt radicales, qui tentait de mettre fin au massacre des baleines au large des îles Féroé, a sombré corps et biens dans des circonstances mystérieuses. Appelé à la rescousse, Kurt Austin, explorateur, chef des opérations spéciales de la NUMA, est loin de se douter que cette périlleuse mission va l’entraîner dans de plus sinistres abîmes encore… Que s’est-il vraiment passé entre le groupe écologiste et les barbares tueurs de cétacés ? Y a-t-il un lien avec la gigantesque usine avoisinante, aussi impénétrable qu’une forteresse ? Et pourquoi, à peine a-t-il planté ses harpons dans cet infernal engrenage, Kurt Austin est-il victime d’une tentative d’assassinat ? Traduit de l’américain par Jean Rosenthal.
Toujours plus !
Au nom de l’égalité, les 54 millions de Français se proclament tous défavorisés et réclament plus d’argent mais aussi plus de droits, d’avantages, de loisirs et de garanties. « Toujours plus ! » Au terme d’une enquête sans précédent, François de Closets dresse le nouveau palmarès des inégalités révélant les Français qui jouissent des plus hauts revenus, mais également ceux qui bénéficient de la sécurité de l’emploi, des rentes de situation, des privilèges fiscaux, des positions de monopole, du travail agréable, du temps libre, des protections renforcées, des promotions assurées, des avantages en nature, des statuts confortables et des primes généreuses. Ainsi est mise en évidence l’existence d’une France à l’abri de la crise, une véritable « privilégiature » qui englobe tout à la fois riches héritiers, opulents notaires, gros céréaliers et, plus modestes, les salariés des banques, d’E.D.F. ou des grandes entreprises. A l’opposé de ces puissantes corporations se trouve la France faible et inorganisée, celle des petits patrons, des ouvriers, des travailleurs précaires ou sans emplois. Ahurissant contraste ! Un siècle de progrès social sépare le personnel douillettement installé dans les caisses d’épargne ou au {Journal officiel} et les travailleurs misérables du nettoyage ou de l’habillement. Preuves à l’appui, chiffres en main, c’est la coupure en deux de notre société qui est ici dénoncée. Au-delà du simple constat, Toujours plus ! pose les nouvelles règles du jeu entre les Français, celles qu’aucun gouvernement n’a encore eu le courage d’énoncer. En conclusion l’auteur propose une « société à la carte » qui, rejetant les guerres de religion, permettrait à chacun de choisir son destin.
Plus tard tu comprendras
» Plus tard, tu comprendras » me disait ma mère. Je m’étais toujours demandé ce qu’il y avait à comprendre. Je croyais, orgueilleux, avoir déjà tout compris. Il me restait pourtant l’essentiel : tenter de répondre à la question » Qui est cette femme qui m’a aimé et que j’aime et qui m’a donné la vie ? « . Vivante, c’était ma mère. La source et la clé de ma vie. Morte, c’est une femme qui a vécu, avant moi, une autre vie. Une Parisienne, juive, pharmacienne née de parents russes et qui a traversé douloureusement la guerre. Une jeune fille amoureuse, une femme blessée, une mère. Et bien d’autres personnages dont j’ai découvert, ces derniers mois, les multiples facettes.
Thérèse desqueyroux
Pour éviter le scandale et protéger les intérêts de leur fille, Bernard Desqueyroux, que sa femme Thérèse a tenté d’empoisonner, dépose de telle sorte qu’elle bénéficie d’un non-lieu. Enfermée dans la chambre, Thérèse tombe dans une prostration si complète que son mari, effrayé, ne sait plus quelle décision prendre. Doit-il lui rendre sa liberté ? Dans ce livre envoûtant, François Mauriac a réussi un portrait de criminelle fascinant.
Le roman des jardin
Dans ce récit, Alexandre raconte donc, avec une drôlerie de chaque page, qu’il a voulu être « normal », pour échapper à sa tribu de fous. Il y avait là son père, bien sûr, dit « Le Zubial, » qui déposait des chèques en blanc signés dans des cabines téléphoniques. Son grand-père, « le Nain jaune », qui finançait la droite et la gauche, après avoir été un dignitaire de Vichy; sa grand-mère, dite « l’Arquebuse, » maîtresse officielle de Paul Morand et amoureuse impénitente. Il y avait sa propre mère dont les amours diverses inspirèrent à Claude Sautet (dont elle eut un fils) l’inoubliable César et Rosalie; il y avait surtout « Zouzou, » la gouvernante, celle qui sert de fil conducteur à cette épopée d’une grande famille plutôt bizarre et qui coucha avec plusieurs générations de Jardin – qu’on appelle aussi les « doubles rates » tant ils courent frénétiquement après le bonheur
L’islam contre l’islam
Rien ne serait plus périlleux, aujourd’hui, que de décrypter les tumultes qu secouent le monde arabe par le prisme de l’opposition entre démocratie et dictature. Ce sont là des catégories qui, sans être dépourvues de pertinence, ne rendent pas compte d’une réalité fondamentale : l’antagonisme immémorial des sunnites et des chiites. C’est pourquoi, dans cet ouvrage, Antoine Sfeir a choisi de remonter aux sources historiques et théologiques de cette guerre de «l’islam contre l’islam», afin d’en mieux saisir les implications géopolitiques. De l’Iran à l’Egypte, du Qatar à la Syrie, du Maghreb à «l’Orient compliqué» ? et, surtout, du prophète Mahomet aux luttes de succession ouvertes par sa mort ?, il brosse une freque magistrale du monde arabe tel qu’il est, de ses «printemps» à ses éventuels automnes. Une exploration minutieuse et pédagogique qui, en brassant un immense passé, éclaire singulièrement notre présent.
Là-haut
Qui est Henri Lanvern ? Peut-être faudrait-il dire : qui était Lanvern… Car depuis ce soir de juin 78, où, lors du tournage d’un film qu’il devait signer, le cinéaste a annoncé à son équipe qu’il partait le lendemain vers le Laos chercher un ami de longue date, ancien d’Indochine comme lui, nul ne l’a revu, n’a recueilli le moindre écho de sa vie. Au devant de qui, au juste, se portait Lanvern ? De son frère d’armes Cao Ba Ky. Mais dans quelles circonstances, quelles conditions – et pourquoi ce silence? S’agirait il d’un meurtre longuement prémédité ou d’un kidnapping des nouveaux maîtres du Vietnam ?. Ou encore – à l’inverse – d’une fuite? Autant de questions qui jalonnent une recherche singulièrement chargée d’ombres et de brumes. Mais c’est une femme qui mène l’enquête et ce que femme veut… L’un après l’autre, le producteur, le colonel du S.D.E.G.E., le monteur, le prêtre breton qui a connu et` confessé Lanvern enfant finiront par livrer leur part de vérité de cette histoire dont la clé fondamentale, bien avant la découverte finale, pourrait avoir pour définition cette observation simple et superbe : « Un seul type bien, vraiment bien, et ça change tout. – Un seul! Une histoire haletante parfois énigmatique, parfois bouleversante, et constamment prenante par le poids de vérité humaine qu’elle impose dans le parcours de ce labyrinthe.
Avant le Big Bang
Que se passait-il » avant le Big Bang » ? Et à quoi ressemblaient l’espace et le temps avant que tout ne commence ? Depuis le début du XXe, siècle les théoriciens de Planck à Einstein ou Hawking n’en finissent pas d’affiner ces questions, et leurs éventuelles réponses. C’est ce grand roman de l’origine absolue qu’Igor et Grichka Bogdanov ont entrepris d’explorer à leur tour, dans ce livre savant et sereinement pédagogique. Pour la première fois, ils esquissent même, à partir des découvertes les plus récentes, et en se fondant sur une recherche originale, plusieurs hypothèses promises à un grand retentissement : l’univers d’avant le Big Bang était-il – déjà ? un réseau complexe d’informations ? Et n’y aurait-il pas, à l’origine de cet univers, un » code cosmologique » comme il existe, pour le vivant, un code génétique ?
L’âme est un vaste pays
Tout écrivain qui tient un journal avec l’intention de le publier un jour peut souscrire à cette profession de foi : Je jette ces pages à la face des gens timides, secrets, respectables et je leur dis : tenez, c’est moi – et je vous défie d’en faire autant, je vous défie de braquer le projecteur de la connaissance de soi-même sur les coins les plus secrets de votre vie et d’inviter alors quiconque à y jeter les yeux. » Sans pudeur, sans pitié et sans complaisance Roland Jaccard relève le défi du journal intime, pages livrées sans retouche dans leur crudité et leur brutalité. Les dragues et les angoisses dessinent le portrait d’un séducteur désabusé, léger jusqu’au désespoir, d’un esthète cynique promenant son ennui de dîners en cinémas, mais surtout d’un homme qui contemple avec lucidité le spectacle de son époque. »
Le Dernier Mort de Mitterrand
Le 7 avril 1994, François de Grossouvre se suicide dans son bureau, au cœur du Palais de l’Élysée, à deux pas de François Mitterrand dont il a été l’un des plus fidèles compagnons de route. Grossouvre, aristocrate maurrassien engagé dans la Résistance, industriel entretenant des réseaux en Afrique, ancien membre des services spéciaux, n’était plus le séducteur élégant, le financier des campagnes électorales, mais un homme amer, un ami déçu. Pourquoi ce ministre de la vie privée de François Mitterrand, parrain de Mazarine, a-t-il décidé d’en finir ? Pourquoi voulait-il dénoncer à la presse et à la justice les dérives d’une mitterrandie crépusculaire ? Le Dernier Mort de Mitterrrand est une réflexion sur le pouvoir, c’est aussi le roman d’une amitié amoureuse, au-delà des intrigues courtisanes.
L’enfant léopard
16 octobre 1793. Dans sa cellule de la Conciergerie, Marie-Antoinette se prépare à mourir. Au-dehors, un ultime complot s’est formé. Il ne reste que douze heures pour sauver la reine. Pendant ce temps, dans ce Paris tumultueux de la Révolution, on traque un mystérieux enfant léopard. Certains pour le protéger. D’autres pour le tuer. Mais qui est cet enfant léopard si convoité ? Est-il vrai qu’il est le fils caché d’une grande dame du royaume, voire de la reine elle-même ? Difficile à croire. Et pourtant… C’est à une folle cavalcade romanesque derrière ce mystère que nous invite Daniel Picouly. Les intrigues s’entremêlent, les péripéties se bousculent comme chez Alexandre Dumas. Les deux inspecteurs noirs qui recherchent l’enfant, dans un étrange Harlem derrière le Luxembourg, sont tout droit sortis de l’univers de Chester Himes. L’occasion de se souvenir que Dumas lui-même était métis. Ce roman joyeux, aussi fantaisiste qu’érudit, et qui trace un émouvant portrait de Marie-Antoinette, mère assassinée, étrangère devenue bouc émissaire, a valu à son auteur le prix Renaudot 1999.
Hard
En 1994, une jeune fille de dix-huit ans, née dans une cité des environs de Paris, répond à une annonce de casting. Elle arrive vierge sur son premier tournage de film pornographique. Elle restera quatre ans la prisonnière volontaire de l’enfer du X. Raffaëla Anderson ne nie pas le plaisir qu’elle a parfois pu prendre. Elle témoigne ici de l’envers du décor. En caméra subjective, elle montre ce qu’elle voit : acrobaties sexuelles, certes, mais abattage du travail à la chaîne jusque dans les heures supplémentaires de la nuit. Argent facile, certes, mais peur omniprésente du sida et de l’esclavagisme sexuel. Cinéma sous les spots, certes, mais d’un genre où le corps est méprisé, nié, écartelé. Tout accepter ? C’est fini. Raffaëla Anderson brise ici la loi du silence. Il n’y a aucune complaisance dans son récit. Juste le ton et l’énergie d’un forçat du plaisir, libre enfin.
Mes conversations avec les tueurs
« Cela fait trente ans que j’interroge les serial killers. J’ai rencontré plus de soixante-dix de ces tueurs et tueuses multirécidivistes aux quatre coins de la planète. J’ai accumulé des ouvrages de criminologie, journaux de faits divers, archives de police, photos et vidéos de scènes de crimes, confessions, dessins et écrits. Dans mes livres, j’ai toujours présenté les serial killers de manière distanciée, sans porter le moindre jugement ni faire part de mon ressenti. Dans Mes conversations avec les tueurs, je désire vous faire partager l’envers du décor. Vous montrer l’épreuve physique de ces rencontres, les moments d’angoisse qui précèdent les entretiens, la peur, parfois. Vingt ans plus tard, mon corps se souvient encore de la terreur qui s’est emparée de moi lors de ma rencontre avec Gerard Schaefer, un ex-policier accusé du meurtre de 34 femmes en Floride. Dès l’instant où je me suis trouvé face à lui, j’ai eu le sentiment d’être confronté au Mal absolu. Je suis préparé, mentalement, à rencontrer ces « personnages » plus ou moins hors du commun. Mais à mon retour à Paris, je me demande parfois si ces voyages ont eu lieu. Oui, ils sont bien réels. Et incroyables. »
Ce grand cadavre à la renverse
Pour Bernard-Henri Lévy, comment ne pas s’attrister de l’état de crise, voire de décomposition, du progressisme contemporain ? Comment ne pas se souvenir du mot terrible de Sartre qui, dans la préface à Aden Arabie de Paul Nizan, définissait déjà la gauche de son époque comme « un grand cadavre à la renverse où les vers se sont mis » ? Et comment ne pas s’inquiéter, enfin, de ce que les héritiers du dreyfusisme et des combats antifascistes ont fait de leurs valeurs et du souffle qui inspira leurs aînés ?
Trente ans après ses débuts, Bernard-Henri Lévy retrouve ici l’esprit de ses premiers livres. Et, pour qualifier la nouvelle pathologie qui menace, il propose une hypothèse provocante et féconde : la gauche n’a triomphé de sa première tentation totalitaire (le communisme) que pour verser dans une autre dont les sources sont à l’autre bord de l’échiquier politique (c’est-à-dire, bien souvent, à l’extrême droite) – elle n’est sortie de la « barbarie à visage humain » que pour retomber dans l' »idéologie française ».
Au rendez-vous de cette « critique de la nouvelle raison progressiste », Alain Badiou et Carl Schmitt ; une question de Michel Foucault ; l’Universel selon saint Paul ou selon Levinas ; une conversation avec Sarkozy ; le cas Royal ; les sophismes de Noam Chomsky ou de Régis Debray ; le spectre de Pierre Bourdieu ; le vrai visage de Tariq Ramadan ; la mémoire de Benny Lévy ; l’ombre d’un père magnifique ; un début d’autobiographie intellectuelle tissé, fil à fil, avec des fragments de biographie générationnelle.
Et, à l’arrivée, deux injonctions dont il faut tout faire pour qu’elles ne soient plus contradictoires : il est moins que jamais question de quitter « la vieille maison » squattée par de mauvais fantômes – mais elle est, hélas, à reconstruire de fond en comble.
L’ami
Louis Nucera laisse ici aller sa mémoire pour arracher des images d’un homme qui fut son ami et qui, par ce livre, plus que jamais est son ami. Il n’y a pas là d’invention, d’imagination. On attend de l’auteur de l’Obstiné et du Greffier quelque chose de rare, de violent : le go-t amer, mêlé de la vie des êtres.Frank, le disparu, est tantôt au centre du récit, tantôt derrière, tantôt, enfin, à l’extrémité d’un moment. Il est présent sans être vu de façon traditionnelle, car il est à peine décrit. Et ce qui compte en vérité, c’est l’indicible qui fait un être, ce n’est pas sa défroque.Un homme est mort, un écrivain se souvient. Mais l’écrivain ne pare pas le disparu pour on ne sait quelle éternité. Il l’évoque avec colère, avec rage, avec humour aussi et avec cette tendresse qui n’appartient qu’aux amitiés d’hommes.Tout Nucera est là, implacable, avec ce qui pourrait nier l’autre, qui seul compte ici. Et tout ce que Frank et Nucera ont aimé et haï ensemble est évoqué. Chaleur, sourde violence – et cette mer de regrets, ces cris vers le noir, cette montée contre l’absurde mort. Mais aussi un rire fraternel qui la combat. La façon dont nous parlons de la mort des autres nous juge aussi s-rement que notre façon d’affronter notre propre mort.Nucera a écrit l’Obstiné et le Greffier d’après vivre, sans imaginer, inventer, arranger. Il rencontre ici un des plus grands sujets qui s’imposent un jour ou l’autre à tout écrivain digne de ce nom. Il l’aborde à sa manière, qui n’est pas d’essayer d’apprivoiser la mort. Il cherche simplement, avec une patience tendue, à rendre inoubliable une présence, le son d’une voix, des souvenirs mêlés de jeunesse et de soleil – Nice est là, en arrière-plan, comme elle était présente dans l’Obstiné – et ces secrets enfin qui sont entre deux hommes, intransmissibles.Le tombeau de Frank n’est plus seulement dans le coeur de Louis Nucera. Si les hommes ne sont pas très forts contre le monde et s’ils ne durent guère, il leur arrive de rencontrer un ami. Et leur vie alors n’est pas seulement une vie anonyme mais cette pierre dure, cet être secret : un livre.Gilbert Sigaux.
Le Diable au corps
Le premier roman d’un écrivain mort à vingt ans et l’un des plus beaux rôles de Gérard Philipe. En 1918, un lycéen, François (prénom uniquement usité dans le film), s’éprend d’une jeune femme, Marthe, dont le fiancé, Jacques, est au front. L’amour fou, absolu, malgré tout et contre tous, voisins ricaneurs ou parents désemparés. Mais aussi, très vite, l’anxiété, la cruauté inconsciente, l’impossibilité pour un enfant de vivre une aventure d’homme. La guerre finit et ses « quatre ans de grandes vacances », Marthe meurt en mettant au monde l’enfant qu’elle a eu de François et qui sera la « seule de raison de vivre » de Jacques. » En voyant ce veuf si digne, je compris que l’ordre, à la longue, se met de lui-même autour des choses. Ne venais-je pas d’apprendre que Marthe était morte en m’appelant, et que mon fils aurait une existence raisonnable? »
L’euphorie perpétuelle
Un nouveau stupéfiant collectif envahit les sociétés occidentales : le culte du bonheur. Soyez heureux ! Terrible commandement auquel il est d’autant plus difficile de se soustraire qu’il prétend faire notre bien. Comment savoir si l’on est heureux ? Et que répondre à ceux qui avouent piteusement : je n’y arrive pas ? Faut-il les renvoyer à ces thérapies du bien-être, tels le bouddhisme, le consumérisme et autres techniques de la félicité ? Qu’en est-il de notre rapport à la douleur dans un monde où le sexe et la santé sont devenus nos despotes ? J’appelle devoir de bonheur cette idéologie qui pousse à tout évaluer sous l’angle du plaisir et du désagrément, cette assignation à l’euphorie qui rejette dans l’opprobre ou le malaise ceux qui n’y souscrivent pas. Perversion de la plus belle idée qui soit : la possibilité accordée à chacun de maîtriser son destin et d’améliorer son existence. C’est alors le malheur et la souffrance qui sont mis hors la loi, au risque, à force d’être passés sous silence, de resurgir où on ne les attendait pas. Notre époque raconte une étrange fable : celle d’une société vouée à l’hédonisme, à laquelle tout devient irritation et supplice. Comment la croyance subversive des Lumières, qui offrent aux hommes ce droit au bonheur jusqu’alors réservé au paradis des chrétiens, a-t-elle pu se transformer en dogme ? Telle est l’aventure que nous retraçons ici.
Le pays du lieutenant Schreiber
Je n’aurais jamais imaginé un destin aussi ouvert sur le sens de la vie. Une existence où se sont incarnés le courage et l’instinct de la mort, l’intense volupté d’être et la douleur, la révolte et le détachement. J’ai découvert un homme qui avait vécu à l’encontre de la haine, aimé au milieu de la pire sauvagerie des guerres, un soldat qui avait su pardonner mais n’avait rien oublié. Son combat rendait leur vraie densité aux mots qu’on n’osait plus prononcer : héroïsme, sacrifice, honneur, patrie… J’ai appris aussi à quel point, dans le monde d’aujourd’hui, cette voix française pouvait être censurée, étouffée. Ce livre n’a d’autre but que d’aider la parole du lieutenant Schreiber à vaincre l’oubli.
La machine infernale
La Machine infernale (1934) est adaptation, très libre, de l’histoire d’Oedipe qui, selon l’oracle de Delphes, devait tuer son père et épouser sa mère. Cocteau fait subir à la tragédie de Sophocle un traitement tout à fait personnel à base de surréalisme, d’ironie et d’anachronismes volontaires. Il marie la poésie à ce drame austère de la fatalité et rénove, de manière éclatante, un mythe, avec tous les dons du virtuose.
L’impétueux
Le 6 mai 2007, Nicolas Sarkozy est élu à la présidence de la République française. Pourtant, il parlera de ce jour comme du « plus triste de sa vie ». Ce n’est pas le poids des responsabilités à venir qui assaille et inquiète le nouveau Président, mais le désastre de sa vie privée. Partant de cette douleur originelle, Catherine Nay recompose toute l’histoire du quinquennat sarkozyste : de ses audaces à ses échecs, du bling-bling à la crise financière, de l’homme-orchestre des sommets européens au chef de guerre. Anecdotes, coulisses, secrets d’État alternent ici avec l’analyse – parfois empathique, parfois sévère – de ce que furent les grandes ambitions d’un règne perturbé par le désordre du monde.
La fin du hasard
« Dieu ne joue pas aux dés !» Ce 29 octobre 1927, sous les boiseries de l’hôtel Métropole à Bruxelles, la fameuse formule est lancée. Celui qui a osé défier les plus grands savants du monde réunis en congrès ce jour là n’est autre qu’Albert Einstein, le père de la théorie de la relativité. Pour lui, la nature n’obéit pas au hasard. Face à lui, un autre savant, Niels Bohr, le fondateur de la physique de l’infiniment petit, est convaincu du contraire. Et il lui répond sans ménagement : « Cessez de dire à Dieu ce qu’il doit faire ! » A ses yeux, l’insaisissable comportement des particules élémentaires se perd dans le flou du hasard. Où en est-on aujourd’hui ? Plus que jamais, le débat fait rage. Pour les uns, l’implacable principe d’incertitude découvert par le jeune Heisenberg à l’âge de 26 ans n’a pas été pris en défaut. Et jamais il ne le sera. A partir de là, la matière – et tout ce qui existe – est la proie du hasard aveugle. Pour les autres au contraire, la réalité repose sur des lois dont l’origine reste énigmatique. Les derniers progrès de la science ne montrent-ils pas que le feu du Big Bang ne s’est pas déclenché par hasard ? Finalement, qui croire ? Pour la première fois, on est peut-être en mesure de trancher. Les gigantesques expériences effectuées sur terre – au CERN (avec le L.H.C.) – et dans l’espace (avec le satellite Planck) nous donnent des débuts de réponse.
Boy
Lorsque, à la suite d’un accident, Gilles perd la mémoire, il lui faut tout réapprendre, redécouvrir sa vie. Sa femme Lisa lui raconte leur intimité, son charme fou, leur complicité. Mais chacun doute peu à peu de l’autre et le marivaudage prend peu à peu l’allure d’un affrontement sans merci. « Voilà la vie conjugale, une association de tueurs qui s’en prennent aux autres avant de s’en prendre à eux, un long chemin vers la mort qui laisse des cadavres sur la route. Lorsque vous voyez une femme et un homme devant le maire, demandez-vous lequel des deux sera l’assassin. »
Les Jeudis de Charles et de Lula
Charles et Lula furent amants, autrefois, et ils ne le sont plus… Une complicité profonde, tenace, miraculeuse, les lie toujours l’un à l’autre ; comme s’ils n’avaient pas encore échangé tous les mots, tous les sentiments, toutes les idées qui tissent leur longue intimité… Ce vieux couple, cet ancien couple, décide donc, à l’initiative de Lula au début, de se retrouver de temps à autre, juste pour parler. Pour se dire tout ce qui, entre eux, n’a pas encore été dit… Ils se rencontrent alors, en général le jeudi. De quoi parlent-ils ? Des hommes, des femmes, de l’amour, de l’histoire, de la vérité, du mensonge. Le passé, leur passé, fait parfois retour dans leur conversation. Avec son lot de malentendus et d’espérances. Que sont-ils devenus ? Est-ce que le crépuscule de leur vie aura tenu les promesses de l’aube ?
Contes de la folie ordinaire
C’est le moment de s’embarquer dans le bateau ivre de Bukowski, l’écrivain poète, né Allemand, citoyen américain par adoption des rues et des bars, témoin des clameurs urbaines. Virons donc du côté d’une folie ordinaire, celle qui sommeille en chaque individu, celle qui vous prend aux tripes un beau matin et fait du corps une marionnette dont on tire les fils, celle qui s’immisce, reptilienne et ne se tait qu’à la mort. Bukowski délivre aux lecteurs qui veulent bien le suivre dans sa démarche, les contes quelques peu exubérants de cette lente conquête de la déchéance. D’abord abrupte, trash, la folie se coule peu à peu dans la vie et se fait plus mature. Elle gagne en âge et arrondit les angles, estompe sa vulgarité, s’intériorise, pour finir par adopter le corps physique qu’elle habite. Sexe, alcool, et courses de chevaux sont son lot quotidien: Bukowski parle de Bukowski ; ou plutôt de son double, son extension littéraire au prénom poussif : Hank. Le barfly jubile de son petit tour d’auto-parodie. Il en rajoute avec quelques portraits taillés serrés: des ouvriers alcooliques, des jeunes auteurs déjà accomplis dont l’œuvre le révulse et qui lui renvoient l’image insupportable de son parcours d’écrivain à succès. Car Bukoswki vomit à la face de ses contemporains. Il vomit aussi ses pages, et vous somme de prendre son parti ou de le fustiger. Certes, l’auteur ne laisse pas indifférent, à la première lecture assurément à la seconde, on se surprend à trouver les limites de ce trash qui apparaît finalement presque désuet.
Et pourtant, cette thématique poursuit sa route, se charge d’une iconographie nouvelle, s’enrichit, s’épanouit, se modèle à l’image du monde moderne. Le trash est clean… il suffit de regarder du côté de la bande d’Irvine Welsh. Changement d’époque, mais même folie. Bukowski a fait des petits! Guillaume Folliero
Trop bien élevé
Ce que je voudrais ici, c’est décrire les premières années d’un enfant trop éduqué, et, à travers lui, si je le puis, les sentiments, les mentalités, les rites qui dominaient encore une part de la bourgeoisie quand vint la guerre de 1939. Je voudrais tâcher de retrouver ceux que j’ai connus, aimés, et chez eux, toute la peine qu’ils se donnaient pour fabriquer des enfants très solitaires et parfaitement bien élevés. Excusez-moi, oui, excusez-moi si je suis là, car je vous gêne. Si vous m’avez bousculé, c’est que je n’aurais pas dû me trouver sur votre chemin. Si vous êtes de mauvaise humeur, je dois y être pour quelque chose. Comment vivre, marcher, respirer sans déranger? Frapper avant d’entrer, s’effacer dans les portes, sourire, toujours sourire. Il ne suffira pas d’une vie entière pour se faire pardonner d’exister.
L’île sous la mer
1770, Saint-Domingue. Zarité Sedella, dite Tété, a neuf ans lorsqu’elle est vendue comme esclave à Toulouse Valmorain, jeune français tout juste débarqué pour prendre la succession de son père, propriétaire terrien mort de syphilis. Zarité va découvrir la plantation, avec ses champs de canne à sucre et les esclaves courbés sous le soleil de plomb, la violence des maîtres, le refuge du vaudou. Et le désir de liberté. Car entre soldats, courtisanes mulâtres, pirates et maîtres blancs, souffle le vent de la révolte. Lorsque Valmorain, réchappé de l’insurrection grâce au courage et à la détermination de son esclave, parvient à embarquer pour La Nouvelle-Orléans, Tété doit le suivre. Mais la lutte pour la dignité et l’émancipation ne peut être arrêtée… Aventure, exotisme, magie, L’île sous la mer est un magnifique portrait de femme, une histoire d’amour et fresque historique, qui entraîne le lecteur de Saint-Domingue à la Louisiane, des plantations de canne à sucre aux maisons de jeux de la Nouvelle-Orléans, des demeures de maîtres aux bordels de mulâtresses. Une magnifique ode à la liberté, un hommage à la première révolution des esclaves de l’histoire.
Antipathies
Antipathies est un livre d’humeur de Gérard Miller, un ouvrage de parti-pris, vif et polémique, sur les sujets qui l’agacent, l’inquiètent, voire l’indignent. Constatant qu’il existe dans la société française un vaste ensemble d’opinions marécageuses, de mensonges, d’approximations, de niaiseries et de méchancetés, l’auteur s’amuse à démonter quelques unes de ces idées reçues qui ne consacrent souvent qu’un seul dieu, le bon sens, et qu’encouragent comme de bien entendu les pouvoirs en place. Dans une succession de petits chapitres enlevés, Antipathies met en scène avec humour les exaspérations, les allergies et autres répulsions d’un psychanalyste que sa propre cure a apaisé, mais pas assagi, et qui continue d’être agité par les deux sentiments qui, depuis l’enfance, ne l’ont pas quitté : l’indignation et la colère. Gérard Miller envoie ses flèches sur pas moins de 123 cibles, parmi lesquelles : Eric Zemmour, la Française des jeux, Charles de Gaulle, les hommes au volant, les perroquets de Le Pen, le culte de l’évaluation, les discours anti-Roms, le crédit, Jean-Jacques Bourdin, la pérennité des proverbes, le réalisme patronal, Brice Hortefeux, les tatouages, le grand public, le travail le dimanche, les ennemis de la psychanalyse, Frédéric Taddéi, la médecine américaine, Valeurs actuelles ou Laurent Gerra. Antipathies est suivi de L’homme qui excita l’antipathie de Freud, un récit étonnant de la haine tenace que le fondateur de la psychanalyse vouait au président américain Wilson, à qui il consacra le moins connu et donc le moins lu de ses livres, Portrait psychologique d’un président. Comme quoi il n’y a aucune raison d’imaginer que les psychanalystes, pour exercer leur métier, doivent être des poissons froids, cachant leurs opinions et dissimulant leurs aversions !
La vallée des roses
La Vallée des roses est l’histoire d’une ambition folle qui réussira, d’une ascension qui n’avait pas une chance sur un million de se réaliser, celle d’une fleur, d’une beauté à la grâce incarnée : une jeune fille qui a nom Yi. Yi, qui caresse un rêve inouï : devenir la femme de l’Empereur régnant et, en le subjuguant, régner sur la Chine aux 500 millions de sujets. On voudrait tout citer, tout raconter. D’abord Hieng-Fong, le Soleil Impérial, le souverain auquel Yi rêve de s’unir, « … dégénéré, ivrogne et débauché, une raclure, un être sans foi ni loi… » On voudrait dire aussi la Cité Violette de Pékin, que gardent des régiments de castrats… Et encore le Concours du Concubinat où gardée par le Grand Eunuque et le Grand Surveillant, la Mère du Ciel (mère de l’Empereur), choisira parmi cent filles dénichées d’un bout à l’autre de la Chine, les trente qui seront les concubines de son fils, formeront le Harem Impérial et tenteront de séduire l’implacable pédéraste… Comment passer sous silence la scène où Yi séduit Héros Coupé, l’Eunuque Grand Surveillant. On aimerait raconter encore Yi Concubine Impériale, son ascension jour après jour. Comment devenue Impératrice Tseu-hi, Souveraine Absolue, elle empoisonne l’Empereur, cependant que les Barbares, c’est-à-dire les Blancs (Français et Anglais), sont aux portes de Pékin, au terme d’une marche qui fournit les pages d’horreur les plus hallucinées, les plus chargées de mort et de sang que l’on ait jamais écrites. Ce roman de moeurs est un fantastique roman d’aventures qui à chaque page confronte le lecteur à la réalité la moins vraisemblable et, génie de l’auteur, à la gorge, gonfle et magnifie le style de Bodard – qui n’était jamais allé aussi loin dans la description comme fascinée, et toujours méticuleuse, de l’horreur ou de l’insolite.
La grève
Tout débute par une grève de journaliers agricoles dans la région de Jerez à l’époque des vendanges. La garde civile incarcère et torture « pour l’exemple » quelques grévistes. L’un d’entre eux, le jeune Antonio, meurt de ses blessures. Don Alberto se chargera de maquiller en mort naturelle le meurtre d’Antonio. Notaires absents, médecins complices, témoins aveugles, magistrats sourds …Nul n’a rien vu…. Gouverneur opportuniste, maire corrompu, bureaucrates des syndicats phalangistes, médecins marrons, Gitanes graciles, boutiquiers et pêcheurs, journaliers et gardes civils. Toute une société espagnole d’aujourd’hui défile dans une suite d’instantanés pris sur le vif. « La Grève ». Témoignage d’une combattante de la justice!
Juliette au pays des hommes
Ses balances immergées dans le ruisseau, Gérard s’est allongé sur l’herbe en attendant que les écrevisses viennent se prendre au piège – heure exquise de rêverie qu’il passe à recenser les éléments de son bonheur. A sa fiancée Juliette, qui le rejoint, il paraît soudain l’être le plus prosaïque, le plus provincial qui soit. Trop terre à terre, en vérité. Avant de l’épouser, elle veut revoir ces autres ‘hommes dont elle a noté le nom (parfois tout ce qu’elle sait d’eux) et nourri les songes de son adolescence. De Rodrigue qui lui a fait aimer les bêtes sauvages à l’archéologue Daudinat et au Slave Boris, qu’espère-t-elle de cette quête de l’inconnu, du merveilleux dont ils sont les représentants. Les jeunes filles de Giraudoux aiment la fantaisie mais aussi le réel, les nuages et la terre ferme. Juliette ira retrouver l’humain très humain qui lui est destiné, Gérard le paisible, le provincial, le meilleur.
Comme si de rien n’était
Marie Cardinal impose ici un procédé littéraire qui épouse – et traduit – avec brio l’ère du zapping. Sans rien perdre de son acuité visuelle ni de son extrême sensibilité, ce roman mêle, en finesse, petites vies et grands destins, recettes de cuisinese et confidences, parlotes et discours, au rythime endiablé d’un vidéo-clip. De courtes scènes en instantanés, c’est toute une époque qui défile : celle de Mimi et Solnge, mais aussi celle des Ceaucescu. Les amours meurent, un mur tombe ; l’automne vient, un cimetière est profané. Année 90 : des histoires dans l’Histoire. Toutes passionnantes.
Les grands désordres
Pourquoi Elsa Labbé a-t-elle, soudain, choisi de raconter sa vie à un inconnu ? Que s’est-il donc passé dans son existence quotidienne, dans sa mémoire, pour qu’elle éprouve ainsi le besoin d’en bouleverser l’équilibre? Tout semblait pourtant en paix, dans le destin de cette femme de quarante-huit ans: son métier de psychologue la passionne; elle adore sa fille; elle ne doute pas, de surcroît, que le savoir puisse résoudre la plupart des désarrois qui risquent, à l’occasion, de tourmenter l’ordre d’une vie. Elsa va découvrir; à la fin d’un été, que sa fille se drogue, qu’elle est presque perdue – mais est-ce la véritable raison de son trouble? On pourrait aussi penser que cette femme, solidement installée dans ses certitudes, n’est pas de celles qui s’effondrent par hasard – mais c’est cela qui va, d’un seul coup, la surprendre. Bientôt, Elsa sera précipitée contre elle-même, contre un passé négligé et qui, sans prévenir, se venge. Dépression ? Mélancolie ? Dans ces cas-là, il vaut mieux regarder l’illusion en face, se battre contre soi, en pleine nuit. Dans cette aventure, Elsa rencontrera des complices et des fantômes. Elle apprendra que la passion et l’émotion ne se laissent jamais soumettre. Elle apprendra, surtout, qu’il faut parfois consentir à leurs débordements, à leurs grands désordres, afin de s’accepter, dans la douleur des renaissances, telle qu’on est.
La porte au fond
De médecine contre mon père, il n’y avait qu’une. Le moyen était mon seul problème. Une piqûre avec de l’air dans la seringue – mais je ne sais pas faire des piqûres. La sarbacane avec fléchettes au curare – où est le curare ? La mort-aux-rats – c’est long, et ils se font tous prendre. Etouffage sous oreiller – pas encore assez de muscles. Le chandelier de bronze – faudrait que je monte sur une chaise et ça gâterait l’effet de surprise. Brûler des cierges ? – Dieu (le Père !) ne va pas m’exaucer. Action kamikaze ? Il avait un revolver, caché. Il le produisait dans les scènes de ménage, pour menacer de « se supprimer », citation. Tandis que derrière la porte je priais ardemment : « Fais-le ! oh, fais-le ! » Mais non. Jamais. Ouais. Le kamikaze c’est le seul truc vraiment sûr. Suffisait de mettre la main sur le revolver, après je ne le louperais pas. Je profiterais qu’il est tout près. Mais, il y a un os : on veut vivre, nom de Dieu ! et libre ! c’est même toute la question. Bien plus j’estimais que, dans la circonstance, c’était un devoir. La survie passe avant les sentiments. « On verra l’enfant rêveuse prise dans les noeuds multiples des pouvoirs paternels ordinaires. Se battant avec les armes de ceux qui n’en ont pas. Racontant, au passé présent futur, l’histoire de ses défaites (« Le combat a duré sept années. J’en ai perdu chaque bataille. Mais pas la guerre »). Et parvenant, au terme d’un itinéraire quelque peu délinquant, à la conclusion illuminante : « Le malheur, ce n’est pas le sexe. Le malheur c’est le Patron. »
Nouilles froides à Pyongyang
Nul n’entre ni ne sort de Corée du Nord, le pays le plus secret de la planète. Et pourtant, flanqué de son ami Clorinde, qui affectionne davantage Valéry Larbaud que les voyages modernes, et déguisé en vrai-faux représentant d’une agence de tourisme, notre écrivain nous emmène cette fois sur un ton décalé au pays des Kim. Au programme : défilés et cérémonies, propagande tous azimuts, bains de boue et fermes modèles, mais aussi errances campagnardes et crises de mélancolie sur les fleuves et sur les lacs, bref l’endroit autant que l’envers de ce pays clos mais fissuré. Un journal de voyage, attentif mais distant, amusé parfois, jamais dupe, dans ce royaume énigmatique dont un diplomate américain affirmait récemment que l’on en savait moins sur lui que sur… nos galaxies lointaines.
Le danger arctique
Sur une île désolée du Grand Nord canadien, un bombardier se fracasse contre un glacier d’altitude. Certes, cet avion n’est qu’une relique de la guerre froide, mais la menace qu’il représente pour le monde n’en est pas moins réelle deux tonnes d’anthrax militarisé se trouvent à bord de l’appareil… Le lieutenant-colonel Jon Smith, bras armé du président des Etats-Unis, est chargé, avec son équipe, de prendre le contrôle de l’île, de sécuriser le site et d’éviter une troisième guerre mondiale. Privés de toute forme d’assistance dans cet environnement hostile, ses hommes et lui doivent composer avec un officier de liaison russe mandaté par son gouvernement. Smith commence à comprendre que ce vieux bombardier renferme un secret bien plus redoutable que les armes qu’il transporte, un secret que les Russes veulent protéger à tout prix…
Les Paroissiens de Palente
On n’a jamais fait cela. Ce n’est pas un jugement de valeur, c’est un fait. C’est aussi le cri des premiers lecteurs de cet ouvrage. Clavel était allé plusieurs fois aux usines Lip de Palente dans l’intention de ramener, au bout de quelques semaines, une plaquette documentaire sur ce conflit, le plus grave et le plus chargé d’espérance que la France ait connu depuis longtemps. Six mois après, il nous donne une symphonie avec chœurs et orgues, romanesque, mais peut-être plus vraie que la vérité. Ou encore une sorte de cathédrale. Que les définitions approximatives de cette œuvre s’empruntent à l’architecture ou à la musique, c’est signe qu’elle n’a guère de précédent en littérature. On pourrait même penser à un film soviétique de haute époque, si la plupart des animateurs de la lutte et des principaux personnages de l’ouvrage n’étaient des militants chrétiens – auprès de qui l’auteur semble s’être enrichi. Et le peuple est là, lui aussi, non dans son anonymat, mais dans son âme commune et ses personnalités particulières, que la lutte révèle et qui en retour la nourrissent. C’est ce peuple qui donne souvent à ce livre sa dimension de poème épique.
Socialisme et christianisme
Socialisme et christianisme retrace une partie de la pensée de Tolstoï au travers de sa correspondance avec Birioukof.
La Fête au Togo et autres histoires
Deux hommes jouent au jacquet dans une grande salle fraîche, quelque part en Amérique du Sud. Et soudain une rumeur monte de la rue. Est-ce le vent, la mer ou la révolution ? Presque en même temps, au sud de l’Afrique, une énorme rotative se révolte contre ses constructeurs. Pourquoi ? Et pourquoi une nuit de Noël, dans un petit village d’Espagne, un octogénaire invente-t-il l’amour ? Sept nouvelles, sept contes que Georges Suffert est sans doute allé pêcher dans les corridors de la planète. Un univers étrange apparaît au fil des pages ; à première vue, il ressemble au nôtre. Mais pour ceux qui regardent un peu plus attentivement, le décor tombe en morceaux et, à travers les vides, surgissent les morceaux d’un autre monde : énigmatique, tendre, peut-être en passe de se réconcilier avec lui-même. Georges Suffert, journaliste depuis un quart de siècle, franchit pour la première fois avec {la Fête au Togo et autres histoires}, la frêle barrière qui sépare le journaliste du conteur. A moins qu’il ne sache plus distinguer le réel de l’imaginaire.
99 francs
Octave est le maître du monde. Octave exerce en effet la profession lucrative de rédacteur publicitaire : il décide aujourd’hui ce que vous allez vouloir demain. Octave est un mort-vivant, couvert d’argent, de filles et de cocaïne. Un jour, il se rebelle. Le doué Octave déjante. La cliente idéale ? « Une mongolienne de moins de cinquante ans. » Les nababs de la publicité ? « Ils mènent la troisième guerre mondiale. » De l’île de la Jatte où négocient les patrons d’agence à Miami où l’on tourne un spot sous amphétamines, d’un séminaire en Afrique à Saint-Germain-des-Prés, de l’enfer du sexe à la pureté perdue, Frédéric Beigbeder, entre fiction et pamphlet, écrit la confession d’un enfant du millénaire. En riant, il dénonce le mercantilisme universel. En quelque sorte, un livre moral. Pour 99 francs, seulement.
Un garçon convenable – Partie 1
« Tu épouseras un garçon que j’aurai choisi. »
Ainsi parle à sa fille Lata une digne veuve éprise de respectabilité, Mrs Mehra. Un propos qui n’a rien d’inhabituel dans cette Inde provinciale des années cinquante, indépendante de fraîche date. Mais tout bouge dans cet immense pays. Les moeurs, les idées, les convictions religieuses ou politiques, tout est prétexte à affrontements et à débats. Courtisée par un jeune industriel, par un étudiant musulman et par un poète, Lata mettra deux ans à imposer sa liberté. Autour d’elle se déploie une fresque grandiose, prodigieusement vivante, où rajahs et intouchables, artisans et intellectuels, révolutionnaires et fanatiques, femmes libres et femmes soumises nous donnent le prisme complet d’une société placée entre ses traditions millénaires et son entrée dans le XXe siècle…
On a pu évoquer le souffle de Dickens et de Tolstoï à propos de ce roman-fleuve, à la fois saga familiale et fresque historique, accueilli par un succès triomphal.