Jean-Marc Soyez
Quand les Anglais vendangeaient l’Aquitaine
Deux mois après avoir été répudiée par Louis VII, Aliénor d’Aquitaine épouse Henri II Plantagenêt. L’année suivante, celui-ci devient roi d’Angleterre : l’Aquitaine est dans la corbeille du sacre. Donnée aux Anglais par une femme, la plus grande et la plus riche des provinces rentrera dans le royaume de France grâce à une autre femme:Jeanne d’Arc. trois siècles plus tard. Entre-temps, deux guerres de cent ans coupées de pause. Du Guesclin, Talbot, le Prince Noir, Cuning qui fonda Pau, Stain, Dunois, La Hire, et tous les forts en lame de l’époque se battent pour l’Aquitaine. Convoitée par tous, l’Aquitaine connaît alors un essor économique sans précédent. L’Angleterre est pour elle un formidable marché:laine, fer, viande, pastel de Toulouse, blé mais surtout vin (à Son apogée, le trafic est très supérieur à celui d’aujourd’hui). Ainsi, et pour longtemps, le bourgeois est anglophile et le noble vassal. La présence des vainqueurs de Crécy ou d’Azincourt est plus difficile à supporter pour le petit peuple qui parfois se révolte. Le sentiment national finira par s’imposer. Mobilisant au mois d’octobre contre le roi de France, le Prince Noir se voit répondre que s’il veut des soldats, il lui faut faire la guerre hors temps des vendanges, et nul ne se présentera sous sa bannière. En 1453, les soldats français rentreront dans Bordeaux, acclamés par le peuple et honnis par les commerçants qui perdent le fabuleux marché anglais.