Le voisin
Un mari souvent absent. Un métier qui ne l’épanouit guère. Un quotidien banal. Colombe Barou est une femme sans histoires. Comment imaginer ce qui l’attend dans le charmant appartement où elle vient d’emménager ? À l’étage supérieur, un inconnu lui a déclaré la guerre. Seule l’épaisseur d’un plancher la sépare désormais de son pire ennemi … Quel prix est-elle prête à payer pour retrouver sommeil et sérénité ? Grâce à un scénario implacable, Tatiana installe une tension psychologique extrême. En situant le danger à notre porte, elle réveille nos terreurs intimes. Rien ne se passe comme le lecteur habitué aux films d’horreur ou aux comédies romantiques pourrait s’y attendre : entre thriller domestique, conflit intime et roman initiatique, l’auteure brouille les cartes et conduit son histoire vers une issue aussi subtile qu’inattendue. Karine Papillaud, Le Point.
Le dernier rêve de Cléopâtre
Être reine à dix-huit ans, vouloir réformer son pays, se voir condamnée à l’exil par son frère, un gamin se prenant pour un roi, et mourir désespérée loin de son royaume : tel devait être le destin de Cléopâtre. Un destin qu’elle n’accepte pas. Mais comment reconquérir la « très brillante Alexandrie » dans un Orient mis à feu et à sang par la lutte acharnée que se livrent César et Pompée ? C’est alors que Cléopâtre, cette jeune femme à la culture exceptionnelle et à la beauté à couper le souffle, rencontre César, le conquérant des conquérants, le séducteur à l’intelligence et au charme irrésistibles. Uni par un amour fou, le couple le plus puissant du monde entreprend de rendre à l’Égypte sa splendeur. À l’écoute du mage Hermès, Cléopâtre la Grecque devient Cléopâtre l’Égyptienne. Un rêve insensé la guide : ressusciter l’empire des pharaons.
Encore une danse
Ils forment une bande d’amis: Clara, Joséphine, Lucille, Agnès, Philippe et Rapha. Ils ont grandi ensemble à Montrouge, banlieue parisienne. Ils ont habité le même immeuble, sont allés dans les mêmes écoles et ne se sont jamais quittés. Lorsqu’ils sont devenus adultes, leurs vies ont pris des tournants différents mais leur amitié a résisté au temps, à la réussite des uns, aux échecs des autres.
Aux sources du Nil
Au milieu du siècle dernier, le merveilleux était encore géographique. On imaginait le cœur de l’Afrique comme un royaume inaccessible, un lieu de prodiges et de légendes. Le mystère des sources du Nil enflammait les esprits. Il fallait de la déraison ou le génie de l’excentricité pour quitter Zanzibar et conduire des caravanes à la conquête du grand fleuve. Il fallait être anglais. John Speke et Richard Burton étaient de ces fous inspirés.
Rue de la soie
1947 : L’Indochine marche vers l’indépendance. Mais entre Hô Chi Minh et le gouvernement français, tout espoir n’est pas évanoui d’une négociation de paix. Telle est la mission officieuse dont est chargé François Tavernier au lendemain de son mariage avec Léa Delmas. Traquée par d’anciens nazis, celle-ci décide de le rejoindre. De multiples aventures l’attendent entre Saïgon et Hanoï, dans ce pays en proie aux convulsions politiques, et en même temps formidablement attachant par son humanité, sa douceur, la splendeur de se paysages.
Le bal
Antoinette vient d’avoir quatorze ans ; elle rêve de participer au bal qu’organisent ses parents, les Kampf, pour faire étalage de leur fortune récemment acquise. Mais sa mère, plus pressée de jouir enfin de cette opulence tant attendue que de faire entrer sa fille dans le monde, refuse de convier Antoinette au bal. La vengeance d’Antoinette, aussi terrible qu’inattendue, tombera comme un couperet, révélant le vrai visage de chacun. Roman fulgurant et initiatique sur l’enfance et ses tourments, Le Bal est l’un des premiers livres d’Irène Némirovsky, disparue prématurément en déportation, en 1942. Irène Némirovsky a obtenu le Prix Renaudot 2004 pour son œuvre posthume Suite française.
Raboliot
Voici, à l’occasion de l’entrée au Panthéon de Maurice Genevoix, Raboliot, paru aux éditions Grasset en 1925. Pierre Fouques, dit Raboliot, est un chasseur fameux dans toute la Sologne. Les habitants de la région admirent son habileté, son courage et son art dans le maniement du fusil. La chasse n’est pas la seule passion de cet homme rustique et solitaire : il braconne, partout et à n’importe quelle saison, se moquant des institutions et de leurs règles.
Alors que personne n’ose le défier, que gardes-chasse et métayers enragent de voir cet anarchiste de la nature se comporter avec une telle désinvolture, une conjuration s’organise. Le gendarme Bourrel promet de le capturer. Les autorités tendent un piège au braconnier, il y échappe grâce à son intelligence. Raboliot fuit, se cache dans les bois où il prépare sa vengeance. Bientôt, les parties de chasse nocturnes tournent à la haine, au duel à mort…
Le portrait d’un bandit magnifique. Un héros de la liberté et de la nature. Le dernier résistant d’une société prête à tout pour imposer un ordre coercitif.
La cité de la joie
Un prêtre catholique français, un jeune médecin américain, une infirmière et un tireur de pousse-pousse indien se rencontrent sous les cataractes de la mousson. Ils s’installent dans l’hallucinant décor d’un quartier de Calcutta pour soigner, aider, sauver. Condamnés à être des héros, ils vont se battre, lutter, vaincre. Au milieu des inondations, des rats, des scorpions, des eunuques, des dieux, des fêtes et des soixante-dix mille lumières du monde » qui peuplent la Cité de la joie. Leur épopée est un chant d’amour, un hymne à la vie, une leçon de tendresse et d’espérance pour tous les hommes de notre temps.
La perle de l’empereur
Certains des joyaux de la couronne de France sont auréolés de légendes bien ténébreuses…
C’est le cas de cette énorme perle sertie de diamants appelée la » Régente « . Depuis que Napoléon Ier l’offrit à sa seconde épouse Marie-Louise, le beau bijou n’a cessé de faire couler le sang, de causer damnations et malheurs à ses propriétaires. Lorsque, un soir de 1920, une mystérieuse tzigane confie la perle au prince Morosini, un célèbre antiquaire de Venise, la vie du gentilhomme bascule dans le crime et le déshonneur.
Pourtant, loin de prendre la fuite, le prince mène l’enquête, sa fascination pour la » Régente » grandissant un peu plus chaque jour et amenant son cortège de sombres figures : comtesses déchues, maharadjahs sanguinaires et surtout ce » Napoléon VI » qui signe d’une énigmatique carte de visite tous les désordres occasionnés par le bijou maudit… Une nouvelle aventure du prince antiquaire vénitien Aldo Morosini, héros de la série Le boiteux de Varsovie et des Emeraudes du prophète.
Les portes de Gubbio
Dans une ville d’Europe centrale soumise à l’oppression quotidienne d’un régime autoritaire, des mouvements sociaux se préparent que l’on tente d’étouffer. Ville imaginaire ? En tout cas, la liberté y -est assez menacée pour qu’un homme juge nécessaire de confier à un étranger retournant chez lui des papiers précieux. Au total, cinq cahiers couvrant la période d’octobre 1966 à juin 1967 : le journal de S., musicien, neuf mois où, doutant de ses dons, S. s’est accordé un répit en s’attachant à écrire une biographie d’Egon Kaerner, compositeur mort trente ans plus tôt, que ses positions individualistes avaient fait écarter de toute charge officielle et que les autorités redécouvrent à leur manière maintenant que son œuvre connaît un succès international. Le destin de Kaerner préfigure-t-il celui de S. s’il suit la même voie? Ne peut-on être que pharisien ou coupable ? La question court à travers les pages où S. a consigné ses actes, ses réflexions, ses angoisses devant les choix à faire concernant sa vocation, sa carrière, sa raison même -d’être.
Ceux qui croisent sa route, Anne et Paul, Mme B., le vieux ,serviteur de Kaerner, bien d’autres encore, sont source d’images et d’exemples, surtout le vieil archéologue qui tranche à sa manière dans ses incertitudes en offrant la vision d’un devenir différent – si bien que passé, présent et futur se fondent en une construction romanesque d’une étonnante richesse.
Inconnu à cette adresse
Une longue et solide complicité unit Max et Martin, deux associés marchands d’art. en 1932, Martin retourne vivre en Allemagne, tandis que Max, juif américain, demeure en Californie. Je crois que Hitler est bon pour le pays, mais je n’en suis pas sûr, lui confie bientôt Martin. Un sombre pressentiment envahit Max à mesure que son compagnon espace leur correspondance. L’Histoire aura-t-elle raison de leur amitié ?
Les années de cendres
Après de nombreuses années passées à l’étranger, Michel Valat achète sur adjudication une école désaffectée dans les Cévennes. Celle dont sa Mémé lui avait parlé, quand il était enfant, celle qui avait été la dernière affectation de sa mère, avant qu’elle ne décède en le mettant au monde. Aujourd’hui, dans le village déserté, il ne reste que le vieux Marius Roche à avoir connu l’institutrice. Véritable mémoire du pays, il accompagnera les premiers pas de Michel et il le guidera vers cette mère inconnue. Mais une découverte fortuite dans l’école la lui fera rencontrer plus intimement que le meilleur témoignage. De cette longue quête du passé et des origines émergera lentement, parfois au prix de surprises douloureuses, une figure aimante, lumineuse, celle de l’absente de toujours, réincarnée dans le coeur de son fils.
Les autres
Caractère : n. m. Manière habituelle de réagir, propre à chaque personne. Et juste en dessous : Personnes susceptibles s’abstenir. Voilà ce qui était écrit en gros sur le couvercle. Ce jeu a reçu une récompense au Festival international des nouveaux jeux de société. Je ne m’arrête pas à ce détail positif, j’imagine le chambardement qu’il peut susciter dans notre groupe. Un jeu de miroir tient nos relations dans le monde des ombres et des reflets. Personnages et Caractères propose d’éclairer cet imbroglio. Mais justement, faut-il faire la lumière ? Je suis de l’avis de Fleur : c’est prendre des risques. Théo lit la règle du jeu avec un sérieux d’enfant. On dirait que lire à voix haute le protège de comprendre ce qu’il annonce. Et Niels s’amuse, se frotte les mains, il assistera en direct à une expérience psychologique. C’est bien digne de lui d’avoir offert ce cadeau.
Les années d’illusion
S’il obtient ce poste de secrétaire de mairie que sa mère ambitionne pour lui, Duncan Stirling sait qu’il restera à jamais enterré à Levenford alors qu’il rêve d’être médecin. Le poste lui échappe, car sa rude fierté écossaise l’empêche de courber l’échine devant le Conseil municipal, et sa mère le chasse, mais il est libre enfin d’aller tenter sa chance à St Andrews pour une bourse d’étude et, en chemin, au village de Linton, il se lie avec le docteur Murdoch et sa fille Jeanne dont l’amitié lui sera précieuse. Il faut cinq ans pour conquérir le titre de médecin. Cinq ans de luttes et de pauvreté qui déboucheront sur quel avenir puisqu’il a un bras atrophié par la poliomyélite ? Son camarade d’enfance et rival Overton le lui rappelle sans ménagement. Cet- obstacle-là n’existe bientôt plus. La chirurgienne célèbre Anna Geisler l’opère, le guérit, le prend comme assistant. La voie est tracée vers la revanche que Duncan compte depuis toujours prendre sur Overton, sur l’existence même, une voie austère jalonnée de hautes responsabilités et d’honneurs. Mais est-ce un but qui en vaut vraiment la peine ? Toutes ces années de travail acharné n’ont-elles pas été des années d’illusion ? Un jour, la question se pose et Duncan devra trouver la réponse.
Les bienheureux de la désolation
Une éruption volcanique projette une petite communauté insulaire, sans transition, du Moyen Age en plein XXe siècle, de la vie la plus rude aux facilités de la société de consommation. Ces hommes et ces femmes regardent le progrès et ce qui en résulte avec les yeux d’habitants d’une autre planète. Deux ans… Et ils n’ont de cesse de retrouver leur île désolée. Ce n’est pas une fiction sociologique mais une histoire vraie qui, en 1963, a passionné les sociologues. N’annonçait-elle pas 1968 ? Cependant – et ce n’est pas le moins étonnant – les îliens, plus heureux que nos contestataires, ont su quand même se moderniser… sans se laisser « récupérer » !
Un héros de passage
A neuf ans, petit paysan auvergnat né de père inconnu, enivré par les images de l’épopée napoléonienne, Alexandre s’est juré de conquérir la gloire. Avant amassé un petit pécule dans les manufactures de la région, le voilà qui débarque dans le Paris de Louis-Philippe. Vii, audacieux, séduisant, il réussira à se faufiler dans le milieu du journalisme, sur lequel règne Emile de Girardin, le magnat de la presse populaire à grand tirage. Il côtoiera les célébrités, Hugo, Liszt, Grutier, Nerval, séduira les femmes les plus ci’ vue du Paris mondain ou demi-mondain. Avec la révolution de 1848, la carrière politique s’ouvrira à son ambition. C’est pourtant un destin fracassé, une histoire d’illusions tragiquement perdues, que nous content ces pages enfiévrées, romantiques, bruissantes de bals, de duels, d’intrigues, d’émeutes. Des pages où le journaliste-vedette, auteur des Enfants de l’aube et de lettres à l’absente, semble nous parler à mi-voix de ses propres blessures.
La chambre des dames
Jamais le Moyen Age n’avait encore inspiré un tel roman, chronique chaude et familière d’une famille vivant au XIIIème siècle, dans le royaume de Saint Louis. Ce roman n’est pas un roman historique au sens habituel du terme. C’est un roman dans l’histoire. Jeanne Bourin y conte l’existence quotidienne des Brunel, orfèvres à Paris, surtout celle des femmes et, tout particulièrement, de deux d’entre elles : Mathilde, la mère, trente-quatre ans, et Florie, sa fille, quinze ans, qui se marie. Tout semble tranquille, assuré. Rien ne l’est car une folle passion et des événements dramatiques vont ravager la vie des Brunel. Si l’intrigue est imaginaire, le cadre historique, lui, ne l’est pas. Une documentation rigoureuse donne au moindre détail une authenticité que Régine Pernoud, éminente médiéviste, s’est plus à confirmer dans sa préface : les Brunel vivent sous nos yeux comme on vivait en XIIIème siècle rayonnant où l’on mêlait gaillardement vie charnelle et vie spirituelle, quête du corps et quête de l’âme, sans déchirement. A travers La Chambre des dames, tout un temps ressuscite dans sa verdeur, son naturel et son originalité. Nous épousons sa mentalité, tout à la fois voisine et différente de celle d’aujourd’hui. Mathilde, Florie, chaque personnage nous devient familier, nous les aimons comme s’ils étaient des nôtres. C’est ainsi que bien des idées reçues se voient battues en brèche. Grand Prix Littéraire des Lectrices de ELLE 1979.
Mémoires d’un bébé public
Trente ans après avoir écrit une introduction à ces mémoires où Philip O’Connor évoque son enfance, son adolescence et sa jeunesse, je constate aujourd’hui avec stupéfaction que j’ai oublié de signaler qu’il s’agit d’un chef-d’oeuvre de comique chaplinesque.
Retour à Uzès
Il y a cinq ans que Manuel Guérin-Marquez est en Amérique du Sud. II est fiancé à Soledad Alcarez, fille du directeur de la société qui l’emploie. Son avenir s’annonce donc sous des couleurs roses et dorées. Qu’est-ce qui le pousse soudain à fuir, à retourner sans plus attendre vers ce coin de France près d’Uzès où il est né, où vivent sa mère et sa soeur ? Une douleur qui l’a poigne au cours d’une réception chez les Alcarez, des insomnies, des nausées, une sensation ; de fièvre, voilà l’origine de sa décision telle qu’elle surgit au premier abord des souvenirs qu’il note dans son « cahier il rentre se terrer au gîte comme un animal blasé. Mais n’est-ce pas prendre l’effet pour la cause ? Au fur et à mesure qu’il analyse les raisons de . son départ, la nature de son angoisse se dégage peu à peu. C’est une lettre de sa soeur Isabelle à Soledad qui aide à élucider définitivement, la vérité sur ce Retour à Uzès retour au pays de son enfance, monde merveilleux et pur d’où Manuel n’aurait jamais voulu être chassé vers l’âpre et boueuse contrée où se battent pour survivre les adultes privés d’innocence et de foi.
Le visiteur solitaire
Dans un village des hauts plateaux de la Margeride, pays de solitude et de pauvreté, que hante encore le souvenir de la Bête, un fonctionnaire du ministère de l’Agriculture, Faustin Juan, est dépêché pour tenter de comprendre les réticences du pays au progrès et au remembrement. Dans ce monde isolé, vivant encore à l’ère du char à bœufs et de la polyculture de subsistance, il découvre un village pétri de terreurs, de jalousies et de ragots, aux habitants secrets et méfiants. Atmosphère tempérée par la beauté des paysages, l’amitié amoureuse de Reine qui tient le café-épicerie, et la complicité de Jean, le braconnier, mais aussi le désir trouble que suscitent Violette et Monique, deux jeunes écolières plus averties qu’il n’y paraît. Tous les ingrédients sont là pour qu’éclate le drame. Un roman qui traduit l’âpreté d’une terre aux hivers extrêmes, et la vie quotidienne d’un monde dont la noirceur est loin d’égaler celle du narrateur remarquablement dépeint par André Gardies qui signe là son quatrième roman.
Une femme exemplaire
Description bouleversée par le suicide de son amant, rongée par la culpabilité et blessée par une campagne de presse la mettant directement en cause, Maria Regnier plaque tout: New York, sa brillante carrière dans les relations publiques, et retourne à Paris, sa ville natale. elle ne supporte plus l’image de femme fatale qui lui colle à la peau, aspire à une vie tranquille, respectable comme celle de Béatrice, son amie d’enfance, qu’elle retrouve un jour par hasard, lors de ses déambulations dans la capitale. Mariée et mère de deux enfants, Béatrice rayonne d’un bonheur simple qui fascine Maria au point que, sans trop savoir pourquoi, elle commence à surveiller son amie, allant même jusqu’à prendre un appartement en face du sien… Mais la frontière entre le bien et le mal est beaucoup plus floue qu’il n’y parait, comme ne tarde pas à le découvrir Maria, engagée par un séduisant avocat pour mener des recherches sur les femmes criminelles. Et sous ses yeux, l’image exemplaire de Béatrice se brouille de troublants secrets… Deux femmes au destin inextricablement lié, lancées dans une quête d’identité qui les entraine sur les chemins mouvants du désir et de la morale, de la culpabilité et de l’espoir. À travers ce roman brillant, audacieux, construit comme un suspence, Lisa Appignanesi n’explore rien moins que la complexité des relations entre les hommes et les femmes.
Le bobard d’or
Président fondateur de l’Association de soutien à la création musicale (ASCM) de 2005 à 2010, M. Mraïhi a présenté plusieurs programmes radiophoniques et dirigé le Festival de musique spirituelle, le Festival de chant à cappella, et le Festival de musique instrumentale. Mraïhi a également présidé le jury du Festival de musique tunisienne en 2007, et est membre du conseil de l’Amara à Beyrouth.
Une trahison amoureuse
Durant l’été 1925, un homme et une femme se rencontrent devant une vitrine de la rue de la Paix. Elle s’appelle Madeleine, elle est chanteuse lyrique. Il est capitaine dans l’aviation, il s’appelle Numa. Entre la jeune femme ambitieuse et le bel officier aux mille conquêtes, c’est aussitôt l’amour fou, absolu, dévorant. Mais le refus de Numa, après trois années de bonheur, de lui donner un enfant va briser l’harmonie. Une infidélité passagère de Madeleine, déçue, précipite son amant dans les affres de la jalousie, puis du désespoir. Il survivra : on peut, hélas, aimer plusieurs fois. L’écrivain romantique d’Un héros de passage,de L’homme déchiré d’Elle n’était pas d’ici, conte avec une grande sensibilité et une finesse dignes de Fitzgerald cette histoire d’une obsession qui détruit un amour né pour être éternel.
Révolutions
Itinéraire d’un garçon pris dans les affres de l’histoire… Tel est l’objet de cet époustouflant roman de Le Clézio, Révolutions, qui n’est pas sans laisser penser aux œuvres de John Dos Passos. Ici, les aventures d’un jeune homme sont celles de Jean Marro, de nationalité britannique mais français, né à Ipoh en Malaisie, ayant fait ses premiers pas sur l’île Maurice, et grandissant dans une petite ville de la Côte d’Azur, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Son enfance et son adolescence, illuminées par les récits chaleureux et nostalgiques de sa tante, tout imprégnés d’ambiances mauriciennes, s’accompagnent des soubresauts politiques traversant le monde, des souvenirs de la Grande Guerre de 14, aux guerres d’Indochine puis d’Algérie. Un temps de décolonisation, d’indépendances ici et là, de révolutions. Un temps qui se double d’un autre (raconté sous la forme d’un journal intime), celui de ces premiers émigrants, partis de Bretagne en 1792, enrôlé dans l’armée révolutionnaire avant de s’installer sur les rives de l’île de France, devenue plus tard l’île Maurice. De ces Bretons au bout du monde à Jean Marro, il pourrait n’y avoir qu’un fil tendu. Affaire de filiation, de quête des origines aussi. Entre descendance et génération se correspondent destins, noms et lieux, de bonds en rebonds, d’échos en ricochets. Voilà tout le récit polyphonique, de héros de fiction, de personnages, de souvenirs, d’anecdotes, entrelardé d’airs de Luis Mariano, cependant que sur les écrans défilent Clark Gable et James Dean, les films de Fellini et d’Antonioni… Dans Le Rêve mexicain ou la pensée interrompue, Le Clézio avait déjà introduit des portraits dans une histoire de civilisation.
D’après une histoire vraie
Ce livre est le récit de ma rencontre avec L. L. est le cauchemar de tout écrivain. Ou plutôt le genre de personne qu’un écrivain ne devrait jamais croiser. Dans ce roman aux allures de thriller psychologique, Delphine de Vigan s’aventure en équilibriste sur la ligne de crête qui sépare le réel de la fiction. Ce livre est aussi une plongée au cœur d’une époque fascinée par le Vrai.
La petite chartreuse
Sous une pluie froide de novembre, la camionnette du libraire Étienne Vollard heurte de plein fouet une petite fille en anorak rouge qui, affolée, courait droit devant elle après avoir vainement attendu sa mère, jeune femme fuyante et transparente. Désormais, cet homme va devoir vivre avec les conséquences de l’accident. Affublé d’une paternité d’emprunt, Vollard, jusque-là introverti et solitaire, commence à réciter à l’enfant plongée dans le coma des textes littéraires contenus dans sa mémoire fabuleuse. Lorsque l’enfant s’éveille, elle a perdu l’usage de la parole. Alors, fuyant ses insomnies et ses angoisses anciennes, le libraire emmène Éva marcher dans les paysages de la Grande Chartreuse, lieu sauvage et splendide où vivent des moines qui ont fait vœu de silence. Un gros homme, encombré de lui-même, une mère bien trop jeune, et une fillette précocement fracassée par la vie forment un étrange trio : le triangle des solitudes. Le narrateur de cette histoire, témoin de l’enfance et de la jeunesse de Vollard, exprime sa fascination pour ce libraire inoubliable. Mais ce roman-conte est aussi un hymne inoubliable à la littérature, une méditation sur le fragile pouvoir des livres.
Par amour
« Tout comme mes grands-parents, ma mère parlait peu de la guerre. Ou bien seulement avec d’autres Havrais. Je devinais pourtant qu’ils avaient vécu l’enfer. Un jour, j’ai saisi les raisons de ce silence. La ville n’avait pas seulement été occupée par les Allemands. Nos propres alliés, les Anglais, l’avaient bombardée sans relâche, puis détruite, assassinant nombre de ses habitants. Ce n’était pas une chose à dire.
Alors, j’ai voulu comprendre. Il a fallu retrouver des témoins du drame. Exhumer des archives. Ce que j’ai découvert m’a éclairée sur ce qu’est le courage, l’abnégation, et sur l’amour, qui était demeuré leur seul carburant. »
Voici donc l’histoire de deux familles havraises emportées dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale. D’un côté, Joffre et Emélie, concierges d’école durs au mal, patriotes, et leurs enfants ; de l’autre, le clan de Muguette, dont l’insouciance sera ternie par la misère et la maladie.
Du Havre à l’Algérie où certains enfants seront évacués, des chemins de l’exode au sanatorium d’Oissel, ce roman choral met en scène des personnages dont les vies secrètes s’entremêlent à la grande Histoire, et nous rappelle qu’on ne sait jamais quelles forces guident les hommes dans l’adversité.
A ce soir
Au moment de prendre le bain, j’ai enlevé ma montre, une montre offerte par l’homme que j’aime et où l’artiste a inscrit sur le cadran, en demi-cercle, À ce soir. J’ai constaté que le cadran était totalement embué. On dit que la peur crée des sécrétions toxiques. À ce soir était comme effacé. La date, elle, était bien visible. Treize juillet. Dix-sept ans après la mort de Rémi. Le texte qui suit s’est imposé à moi juste après. Il a surgi de la nuit.
Comme un phare dans la tourmente
Au soir de sa vie, Martial, paysan bourru, se remémore le parcours jalonné d’embuches de ses quinze dernières années. Notre vie d’adulte se façonne dans les premières années de notre enfance. Lorsque l’on évoque notre passé, il nous revient le souvenir d’un parent, d’une mamie, que l’on porte dans son cœur, et qui nous a soutenu dans cette étape délicate. Voici l’histoire de Martial et celle de son petit-fils Antoine, qui, au travers des tourments d’une famille qui se consume et se déchire, vont apprendre à se connaître, et à s’aimer. Un récit intime, peuplé d’émotions, de joies et de chagrins, de peurs et d’amours qui parsèment nos mémoires d’enfants.
L’amour ne meurt jamais
Depuis la disparition accidentelle de son mari, Jennifer, journaliste au Chicago Tribune, noie son chagrin dans le travail et se refuse à toute nouvelle implication sentimentale. Quand elle apprend que Samantha – sa grand-mère et confidente de toujours – est tombée dans le coma, Jennifer se précipite à son chevet. Dans la maison de son enfance, la jeune femme découvre les lettres que Samantha lui a écrites pour lui dévoiler le secret qu’elle garde depuis si longtemps. En filigrane, Jennifer devine le message destiné à lui redonner espoir : l’amour ne meurt jamais, il est possible de connaître plusieurs passions au cours d’une même vie. Jennifer saura-t-elle reconnaître et accepter l’amour quand il se présentera à elle, avant qu’il ne soit trop tard ? Avec L’amour ne meurt jamais, James Patterson livre un roman qui mêle secrets, passions et suspense. Une histoire tendre et poignante qui fait tour à tour sourire et pleurer, mais surtout croire en l’amour. Célébré pour ses thrillers – dont Lune de miel, publié aux éditions de l’Archipel-, James Patterson est également l’auteur d’un roman d’amour, Pour toi, Nicolas (Archipoche, 2006), vendu à 3 millions d’exemplaires dans le monde. James Patterson vit entre New York et la Floride, avec sa seconde épouse et leur fils.
La bicyclette bleue
Août touchait à sa fin. Léa, la deuxième fille de Pierre Delmas, qui venait d’avoir dix-sept ans, les yeux mi-clos, assise sur la pierre encore chaude du petit mur de la terrasse de Montillac, tournée vers la plaine d’où montait certains jours l’odeur marine des pins, balançait ses jambes nues et bronzées, aux pieds chaussés de bazardaises rayées. Le bonheur de Léa semble aussi certain que l’est sa beauté. Emmitouflée dans la chaleur de cet été finissant, dans l’amour des siens et les révérences de ses prétendants, jouissant sans retenue de cette campagne bordelaise et du domaine de Montillac dont son père est le propriétaire, elle mène une vie radieuse qui s’annonce pleine de promesses. Habillée en robe légère, oisive, elle s’enivre de cette nature odorante avec cette langueur que confère l’insouciance, prête à succomber aux jeux de l’amour. Et rien ne semble exister sur cette terre qui puisse faire vaciller cet équilibre parfait. Rien si ce n’est que nous sommes en août 1939, que la France bascule dans le second conflit mondial et que l’harmonie cède bientôt la place au chaos. C’est alors, pour Léa, un plongeon dans une réalité qui va la pousser à choisir : se battre ou mourir. Avec La Bicyclette bleue, mêlant savamment la petite et la grande histoire, Régine Deforges signe le premier volume des aventures de Léa Delmas, une héroïne aussi belle que rebelle se débattant dans les remous de l’histoire. Érotisme et suspens ponctuent ce récit d’une éducation sentimentale en temps de guerre dont le succès n’a jamais été démenti.
J’ai toujours cette musique dans la tête
Yanis et Véra ont la petite quarantaine et tout pour être heureux. Ils s’aiment comme au premier jour et sont les parents de trois magnifiques enfants. Seulement voilà, Yanis, talentueux autodidacte dans le bâtiment, vit de plus en plus mal sa collaboration avec Luc, le frère architecte de Véra, qui est aussi pragmatique et prudent que lui est créatif et entreprenant. La rupture est consommée lorsque Luc refuse LE chantier que Yanis attendait. Poussé par sa femme et financé par Tristan, un client providentiel qui ne jure que par lui, Yanis se lance à son compte, enfin. Mais la vie qui semblait devenir un rêve éveillé va soudain prendre une tournure plus sombre. Yanis saura-t-il échapper à une spirale infernale sans emporter Véra ? Son couple résistera-t-il aux ambitions de leur entourage ?
Armance
Je vous parlerai comme à moi-même, dit Octave avec impétuosité. Il y a des moments où je suis beaucoup plus heureux, car enfin j’ai la certitude que rien au monde ne pourra me séparer de vous ; mais, ajouta-t-il. et il tomba dans un de ces moments de silence sombre qui faisaient le désespoir d’Armance. Mais quoi, cher ami ? Lui dit-elle, dites-moi tout; ce mais affreux va me rendre cent fois malheureuse que tout ce que vous pourriez ajouter. Eh bien! Dit Octave… vous saurez tout. Ai-je besoin de vous jurer que je vous aime uniquement au monde, comme jamais je n’ai aimé, comme jamais je n’aimerai ? Mais j’ai un secret affreux que jamais je n’ai confié à personne, ce secret va vous expliquer mes fatales bizarreries. Stendhal entreprit la rédaction d’Armance, son premier roman, en 1826, à la suite d’une déception amoureuse. Ses héros, Octave et Armance, sont deux êtres d’exception qui se méprennent l’un sur l’autre mais parviennent, en passant par toutes les phases de la « cristallisation » stendhalienne, à l’apogée du véritable amour. A la parution, Armance eut si peu de succès que Stendhal songea à se tuer. A présent, les critiques voient dans ce roman les signes d’un génie naissant.
La pie saoule
L’auteur de La Billebaude fait revivre l’aventure passionnée d’un des premiers cheminots. Le forgeron bourguignon Lazare Denizot, envoûté par les locomotives, abandonne amours, pays, amis pour participer à la construction du chemin de fer Paris – Dijon – Lyon – Marseille. Une véritable épopée.
Un seul amour
En 1899 à Fortune’s Rocks, une station balnéaire huppée de la Nouvelle-Angleterre. Fille unique d’un couple de la bonne société de Boston, Olympia est un esprit vif et curieux, tôt initiée aux idées progressistes par son père. L’été de ses seize ans, sa rencontre avec le Dr John Haskell va modifier pour toujours le cours de son existence. Essayiste de talent, médecin des pauvres, c’est un homme marié, père de quatre enfants et de vingt-six ans son aîné. Entre eux la passion est immédiate, absolue, à l’image du scandale qui les éclabousse quand leur liaison est découverte. Déshonorée, dépossédée de l’enfant qu’elle a porté, et bannie loin de celui qu’elle aime, Olympia va devoir aussi affronter le plus terrible des choix.
La rose des vents
En cette année 1936, La rose des vents est undes hôtels les plus en vue de la côte méditerranéenne. Solange Pasquier, la propriétaire des lieux, n’en est pas peu fière. Quand, à la mort prématurée de son mari, elle s’était retrouvée presque ruinée, elle avait décidé, avec l’aide de Mireille la fidèle gouvernante, de transformer la propriété en hôtel. Le charme de la Provence, la vue sur la mer et la cuisine de Mireille avaient permis ce miracle. Un nouvel été s’annonce avec l’arrivée de Marianne, la filleule de Solange, et des vacanciers. Mais les bruits de bottes commencent à résonner dans toute l’Europe et de nouveauxvenus s’installent dans la région. Ces exilés,intellectuels ou artistes, vont goûter un momentaux délices du lieu. Même si la guerre risque àtout moment de les rattraper.
Les loups et la bergerie
Entre le 24 et le 31 décembre 1994, un mystérieux enlèvement et une vague d’attentats menacent le gouvernement. Dans huit jours, Balladur comme Chirac, Rocard comme Delors, Giscard comme Pasqua, Léotard comme Lang devront abattre leurs cartes et dire s’ils sont ou non candidats à l’élection présidentielle. Terrible semaine en vérité que raconte Patrick Poivre d’Arvor en nous promenant des coursives des ministères aux coulisses des chaînes de télévision. Le journaliste le plus regardé de France brosse un portrait ironique et tendre du monde politico-médiatique et découvre, dans un jeu de miroirs, les arrière-pensées des uns, les ambitions des autres, les petites manies et les étranges rapports qui unissent et opposent ces princes aspirant à devenir roi. Un roman de politique-fiction inattendu, qui révèle un Patrick Poivre d’Arvor spectateur attentif et perspicace, mais amusé et distant, du ballet qu’il montre chaque soir à des millions de téléspectateurs.
L’amour pur
Il vit une femme agenouillée près de sa porte qui s’était endormie. La coiffe noire était tombée sur le sole. Il se pencha et il reconnut Rina. Il en fut exaspéré. Il venait de la voir dans les rêveries qui précédaient le sommeil et c’était ce corps qui dormait qui l’empêchait de dormir. Il hésita à la toucher du doigt pour l’éveiller mais il contourna la forme obscure. Au débouché du couloir, il emprunta la galerie qui surplombait la cour intérieur et qui conduisait au corps principal de l’hôtel.Toutefois il revint en hâte sur ses pas dans la crainte soudaine qu’un autre que lui ne la surprît agenouillée devant la porte de sa chambre. Il la prit aux épaules. Rina releva subitement la tête avec un petit cri. Il lui chuchota qu’il était le Père Guimera. Il lui ordonna de regagner sa chambre.
Un monde englouti
Dans les premières années du XXe siècle, une famille bourgeoise habite dans une maison de campagne aux environs de Paris. Les mœurs, les coutumes, les façons de vivre diffèrent si complètement d’avec celles d’aujourd’hui, que la peinture de cette société semble évoquer une civilisation disparue. Pourtant, elle fut celle où grandit l’auteur qui pourrait dire, comme un de ses personnages : Le monde où je vis n’est pas celui où je suis né.
L’irrésolu
Nous sommes en 1884, il n’est pas de bon ton de proclamer dans un estaminet que « Quand on a lu L’Assommoir, on a envie de foutre des bombes partout ». Sur cette simple déclaration, Victor va devoir purger une peine de prison. Un an ferme. L’occasion justement de lire de près Zola et Balzac, que Victor a enfin l’autorisation de se procurer après quatre mois de bonne conduite. En sortant de la prison Saint-Paul à Lyon, Victor a compris quelque chose. On ne doit jamais se résoudre à accepter le sort et la fatalité. D’ailleurs, il n’y a pas de sort, il y a des hommes qui partent à la conquête de leur liberté et qui transforment le monde. Lui qui était indolent, rêveur et docile, devient un frondeur et un homme d’action politique. On accepte de l’embaucher de nouveau à l’usine. Soit, il y retournera. Mais, cette fois-ci, c’est pour se mettre du côté des travailleurs et faire respecter leurs droits. Et si le syndicalisme ne suffit pas pour dire la vérité de la misère sociale, Victor prendra la plume et deviendra journaliste. Patrick Poivre-d’Arvor livre avec L’Irrésolu, prix Interallié 2000, une fiction historique à mi-chemin entre le roman feuilleton et le roman social. À l’encontre des modes plébiscitant le roman du Moi, L’Irrésolu s’affirme comme un roman du retour à l’éveil de la conscience historique et politique. Il est étonnant et plaisant de trouver à travers Poivre-d’Arvor les traces d’Eugène Sue et d’Émile Zola.
Le Fils
Le onzième jour après ma mort, Papa est allé porter ma couette à la teinturerie. Monter la rue du Couédic, les bras chargés de ma literie, le nez dedans. Il se dit qu’il renifle mon odeur. En fait, ça pue, je ne les avais jamais fait laver ces draps ni cette couette. Ça ne le choque plus. Au contraire : subsiste encore quelque chose de moi dans les replis blancs qu’il porte à la teinturerie comme on porterait le saint sacrement. Papa pleure le nez dans le coton. Il profite. Il sniffe encore un coup la couette, et il pousse enfin la porte du magasin. Papa ne peut plus traîner. Condoléances, etc. Le teinturier – recondoléances, etc. – débarrasse papa de la couette. Papa aurait voulu que ça dure, une file d’attente, une livraison, une tempête, juste que ça dure le temps de respirer encore un peu plus des bribes de mon odeur. Papa se dépouille, il perd, il perd. Michel Rostain nous happe dans le récit d’un deuil impensable. Avec une infinie pudeur et une grande finesse, il nous entraîne dans les méandres d’un amour absolu, celui d’un père pour son fils.
Dans un mois dans un an
Les Maligrasse, éditeurs parisiens, reçoivent beaucoup à Saint-Germain-des-Prés. Alain, le maître de maison, aime en secret une comédienne en quête de gloire. Bernard, romancier velléitaire, tente en vain de séduire une fille insaisissable. Le jeune Édouard, conquérant provincial et désarmé, perd son amour aussitôt qu’entrevu. Et tous, dans l’ivresse des plaisirs mondains, de poursuivre des rêves illusoires tout en faisant le malheur de leurs proches. L’oeuvre de Françoise Sagan est légère, nonchalante, cruelle. On joue, on ment, on s’ennuie, on souffre. Un jour, dans un mois ou dans un an, ses personnages auront cessé d’aimer. Et ils seront à nouveau seuls. Oubliées l’amertume et la tristesse, ils repartiront à la chasse au bonheur.
J’ai renoncé à vous séduire
Après Du bon usage de la lenteur, Pierre Sansot propose ici un » bon usage de la séduction « . Suite de courtes fictions, qui sont autant de variations sur le thème du renoncement au monde, ce livre renoue avec le ton des moralistes français. Tour à tour drôle, provocant, sarcastique, violent ou tendre, il témoigne d’abord d’un grand amour des femmes et de la vie. Et si l’auteur – qu’on reconnaîtra sous bien des masques – renonce à la séduction, que la haine, l’égoïsme ou la volonté de dominer défigurent, c’est au profit d’une écoute plus attentive des êtres et des choses. Le monde alors ne disparaît pas tout à fait : il » existe avec moins d’arrogance « , et permet à l’auteur d’aborder aux rivages, peu décrits ou parcourus, de la tendresse. » J’ai mis un terme aux jeux souvent insignifiants, parfois cruels de la séduction. J’ai pris le risque d’aimer et de m’exposer. Je me dis que je suis en mesure de souffrir si les circonstances l’exigent et qu’à me réserver, comme je le faisais autrefois, je passais à côté de la vie. Quoi qu’il arrive, ma joie à exister aura été sans commune mesure avec mon ancienne façon élégante, distraite de briller, de conquérir.
L’indésirable
Si les hommes parviennent à transformer le monde, qu’est-ce que l’action d’un homme d’action peut transformer de lui-même ? Il ne suffit pas de faire le tour de la terre pour accomplir sa propre révolution : Frank, parti pour épouser l’Histoire en Amérique, découvre au fil des combats la pesanteur de l’âme européenne. Trop lucide pour croire en l’efficacité de sa « force d’appoint, mais trop actif pour se repaître de ses doutes, il choisira de disparaître pour n’avoir pas à choisir entre le jour et la nuit. Il a pourtant cru les confondre et les saisir ensemble en la personne de Célia. Mais Célia, c’est l’étrangère, l’insaisissable. Cette grande sueur impossible qui atteste que tous les hommes ne sont pas frères mais resteront marqués différemment par le bleu singulier de leur ciel d’enfance. Du moins Frank a-t-il rencontré, dans cette histoire qui n’¢tait pas la sienne, des camarades qui n’en attendaient rien mais qui savaient répondre devant elle de leur parole donnée. En apparence solitaire, son sacrifice n’a d’autre sens que celui de maintenir intacte cette sorte de fidélité. La simple existence et la lutte de ces militants font de ce procès-verbal d’un suicide tout le contraire d’un hymne au désespoir.
Bijoux de famille
Depuis le temps des crinolines jusqu’à celui des combats de rue, voilà l’histoire de quelques grandes familles roumaines et plus particulièrement de la dynastie des Coziano. Le premier tome conduit le récit jusqu’à l’avant-veille de la grande guerre: la révolte des paysans, en 1907, annonce l’effondrement imminent de ce monde ancien qui nous est montré. Mais le roman commence un soir de 1862 et nul, parmi les invités des Coziano, ne peut prévoir, évidemment, que la jeune fille de la maison fera mourir un ministre, que la position des astres, certain 19 juillet, favorisera des amours coupables mais sera fatale à l’ordre public, que de fabuleux bijoux de famille changeront de mains en de singulières circonstances – ni que tout cela, du reste, n’aura bientôt plus aucune importance.
Chemin de la Lanterne
Le Chemin de ,là Lanterne, c’est celui que reprennent côte à côte Louis Nucera et le vieil oncle qu’il est venu retrouver à Nice, ville natale qui ne cesse d’être la matrice d’éternels retours. Voici donne fleuve du souvenir remonté à deux, avec ses échanges de regards aux effets de miroirs qui se renvoient la balle à l’infini, et ses silences imprévus où la mémoire de l’aïeul, sollicitée sans répit, reprend souffle et poursuit son voyage à contre courant. A quatre-tvingt-huit ans, l’oncle-Antoine reste l’homme d’un seul amour pour la fiancée du temps vert, fauchée en pleine éclosion comme le sont les fleurs dont elle porte le nom : Rose. Amour partagé et fervent, mais resté inaccompli, alors même qu’Antoine, jeune survivant du carnage de la Grande Guerre, allait prendre la main de Rose pour toujours. Plus de soixante printemps vécus sans elle mais dédiés au printemps de son visage, saison unique, ont gardé au vieux solitaire une fraîcheur surprenante et donnent à ses confidences une force émotionnelle vite contagieuse. C’est cet alliage qui, le livre refermé, rend la célébration de cet amour inoubliable.
Oublier Palerme
Babs – diminutif de Barbara est de ces blondes, tout occupées d’efficacité, comme on en rencontre par centaines à New York dans le monde de la presse féminine. Elle a l’air saine et bien lavée elle est rédactrice à Fair, un magazine réputé. Sa carrière comme un galop forcené, sa réussite professionnelle, on dirait qu’elle n’a que cela en tête. Mais est-ce là sa vraie nature? N’est-elle pas plutôt prise au piège de son entourage, un petit monde où l’arrivisme est l’unique loi ? Si, comme l’écrit Céline, « on n’échappe pas au commerce américain », Babs alors est une prisonnière. Société féroce. Du moins aux yeux de Gianna Meri, l’amie de Babs, une jeune Palermitaine rescapée des bombardements de 1944 qui ont laissé la Sicile meurtrie.
Comme beaucoup de ses compatriotes de l’après-guerre, Gianna est venue à New York refaire sa vie. Elle aussi est rédactrice à Fair. Mais, quoiqu’elle fasse, elle demeure étrangère et comme suspecte. New York n’apprécie guère les gens qui vivent dans le souvenir du passé. Et cela agace profondément ce goût qu’elle a, Gianna, de regarder sans cesse en arrière et de revivre en rêve un amour perdu, l’amour d’Antonio.
Et voilà Gianna devant une Amérique qui l’épouvante. La beauté de New York, la rigueur géométrique des buildings, le luxe, les innombrables facilités dont dispose ce monde de nantis parmi lesquels elle évolue désormais, ne parviennent pas à lui faire oublier Palerme, ses ruelles tortueuses et le climat de son île natale baignée de tendresse pour tout ce qui est « humain ».
Sa rencontre avec Carmine Bonnavia ne l’apaisera que brièvement. Comme Babs, ce fils d’émigré sicilien se consacre à sa carrière avec un bol acharnement, Ce qu’il veut ? Conquérir la première place en devenant le leader de son parti politique. Est-ce pour mieux se pousser qu’il épouse Babs ? Est-ce pour mieux réussit qu’il se dit et se croit Américain dans l’âme ? Aussi, en dépit de ses origines, se soucie-t-il fort peu de sa lointaine patrie.
Un souvenir indécent
Quand la domestique se fut retirée, nous tirâmes près du feu les chaises à bras dans lesquelles nous étions assis. Elena portait un corsage boutonné jusqu’au col avec des boutons de nacre sculptée. Ses doigts très courts, très mobiles, sans bagues, n’était une vieille chevalière à sceau, venaient jouer soudain avec les boutons. Elle me dévisagea longuement en silence. Les mèches noires tombaient tour à tour du haut de sa tête tandis que, les bras en l’air, elle ôtait le peigne et réaménageait ses cheveux en chignon. Elle avait un grand visage brun, long, d’un éclat magnifique. Soudain, plantant brusquement dans ses cheveux le peigne d’écaille qui était censé les retenir, elle déclara : Nous ne nous sommes jamais aimés.