Mémoires
Disons tout de suite que la lecture est une redoutable épreuve, et pas seulement à cause des quelque neuf cents pages que comptent ces Mémoires d’Andrei Gromyko (1). Celui qui pouvait contribuer plus que personne à l’histoire diplomatique des cinquante dernières années s’y révèle un piètre historien et un propagandiste pesant. Non pas que M. Gromyko, aujourd’hui chef de l’Etat après avoir été ministre des affaires étrangères pendant vingt-huit ans et en poste à Washington dès 1939, minimise son expérience unique. Il énumère non sans fierté les neuf présidents américains (de Roosevelt à Reagan) et les quatorze secrétaires d’Etat qu’il a fréquentés, donne son avis sur des centaines de personnes de tous pays. Mais il n’a pas grand-chose de nouveau à nous dire : ni sur de Gaulle, par exemple, ni sur son vieux complice Henry Kissinger, jugé » très capable » mais enclin à s’intéresser » à la tactique au détriment de la stratégie « .