Le voyage à Paimpol
Comble de culot : l’auteur n’est pas la fille d’un conseiller d’État ni la nièce d’un producteur de télé qui se serait infiltrée chez les prolos, après, Sciences-Po, le temps de ramener un livre déchirant sur ces pauvres gens qui – en – bavent – croyez – moi. C’est une O.S. en personne qui prend la plume comme une grande et ne laisse pas à d’autres le soin de parler d’elle. Bertrand Poirot-Delpech, Le Monde
La reine des abeilles
J’ai des bleus partout, c’est le chagrin qui me bat et je me laisse faire. Dernières marques d’un homme, de son absence. Je supporte les coups, je tiendrai le coup. Je vivrai avec. Il m’a quittée, je ne le quitterai pas. Nous nous étions rencontrés pour des raisons professionnelles. Nous nous étions reconnus, tendres, voluptueux, complices et clandestins. Jamais je n’avais autant désiré un homme, tout d’un homme. Nous étions inséparables, quelques instants. Ses silences, ses dérobades polies, ses fuites, ses mensonges soi-disant pour ménager chacune, sa femme, comme moi, je n’y ai jamais cru. Assassin. Inconscient. Grand nigaud. Mon pauvre amour… Dans les bavardages, dans les magazines, dans les livres, chez les médecins, les remèdes contre la tentation de souffrir ne manquent pas. Sylvain, le mien, le vrai mérite mieux. Tant pis si je n’ai que le pire de l’amour. Je ne trahirai pas. Je resterai là, dans mon alvéole.