La poursuite de l’amour
Chronique brillante, spirituelle et gaie, émouvante aussi, de l’aristocratie anglaise de l’immédiat avant-guerre. La Poursuite de l’amour forme avec l’Amour dans un climat froid un diptyque qui valut à son auteur, non seulement la faveur d’un large public, mais aussi l’admiration profonde d’un Evelyn Waugh comme d’un Henry Green. Aussi bien retrouve-t-on dans cette inoubliable saga des Hampton et des Montdore portée au petit écran avec une grande réussite, ses excentriques, ses belles, ses châteaux et ses campagnes, tout ce qui fait le charme, pas toujours discret mais éternel, de la verte Albion.
En direct du couloir de la mort
Dans les prisons américaines, plus de 3000 condamnés à mort, dont de très nombreux Afro-Américains, attendent aujourd’hui, dans des conditions souvent inhumaines, leur exécution. C’est la terrible réalité que vit depuis 1982 un de ces hommes en sursis, et qu’il raconte dans ce livre poignant, publié pour la première fois en 1995. Accusé de l’assassinat d’un policier blanc, Mumia Abu-Jamal refuse de se laisser briser : il décrit l’enfer quotidien du » couloir de la mort » et l’usage systématique des techniques d’isolement et d’humiliation, qui constituent une véritable forme de torture high tech. Parce qu’il est noir, journaliste, ancien membre du Black Panther Party et toujours militant, Mumia Abu-Jamal s’est attiré la haine de la police et de certains représentants du système politique et judiciaire américain. Tous les juristes indépendants s’accordent à reconnaître en son procès une caricature de justice. Son témoignage est un plaidoyer contre la peine de mort, la dégradation des êtres humains et la restriction de la liberté d’expression dans la plus grande démocratie occidentale.
Complicité de génocide ?
Grâce à » l’opération Turquoise « , la France est apparue comme l’un des pays ayant agi le plus efficacement contre les conséquences du génocide rwandais. Ce faisant, elle est parvenue fort opportunément à faire passer au second plan ses responsabilités dans le mécanisme monstrueux qui a conduit à ce génocide. Or – c’est ce que démontre ce petit livre explosif – , ces responsabilités sont accablantes. Grâce à » l’opération Turquoise « , la France est apparue comme l’un des pays ayant agi le plus efficacement contre les conséquences du génocide rwandais. Ce faisant, elle est parvenue fort opportunément à faire passer au second plan ses responsabilités dans le mécanisme monstrueux qui a conduit à ce génocide. Or – c’est ce que démontre ce petit livre explosif – , ces responsabilités sont accablantes. La France a financé, formé et armé ceux qui préparaient ces massacres, elle a soutenu un régime en pleine dérive de type nazi : sourdes aux avertissements, les autorités françaises se sont trouvées profondément impliquées dans l’engrenage du génocide, ne commençant à infléchir leur politique que lorsqu’il était trop tard. » Politique » est d’ailleurs un bien grand mot : l’intérêt majeur de ce livre est en effet de montrer l’incohérence de la France dans son pré-carré africain, où se chamaillent une bonne douzaine de clans et réseaux, politico-affairistes ou corporatistes. Le pouvoir exécutif apparaît dépassé par les groupes qu’il a utilisés ou laissés prospérer. Cette » politique » ressemble aujourd’hui à un canard sans tête, dont les membres incontrôlables sont capables de tous les dégâts. Ce livre voudrait contribuer à susciter un sursaut démocratique : nous devons aux victimes de ne pas enterrer les complaisances françaises au génocide rwandais aussi longtemps que l’ont été celles du régime de Vichy à la Shoah.
Condensée dans quelques impératifs tels que « plus jamais ça », des conflits virulents opposent les milieux de mémoire, déportés juifs contre déportés résistants, Juifs contre Tziganes, homosexuels contre politiques. Bien au-delà des victimes du nazisme, ces conflits entraînent une ronde infernale de soupçon et de récrimination : Arméniens, Noirs américains, Amérindiens. Au coeur de ces tensions, une revendication hautement polémique, celle de l’unicité absolue de la shoah, qui alimente depuis plus d’un quart de siècle un débat interminable, passionné et vain. C’est d’abord ce débat qu’explore l’auteur à travers les prises de position, et réflexions de personnalités aussi diverses que Simone Veil, Elie Wiesel… A lieu de s’en tenir à dénoncer les dérives du « palmarès de la souffrance » il décèle une lutte des individus et des groupes humains pour la reconnaissance, qui constitue le véritable chantier sociologique et philosophique de cet ouvrage.