La putain de la République
« Il était question, à l’automne 1997, de faire tomber « la putain de la République ». Puisque c’est au tribunal des médias qu’a été clouée au pilori la caricature d’une femme dans laquelle je ne me reconnais pas, c’est au tribunal de l’opinion que je m’adresse pour la première fois avec mes propres mots. » Ainsi débute le livre de Christine Deviers-Joncour. Loin des révélations d’un livre à scandale, il s’agit avant tout d’un livre de femme. L’auteur y raconte l’ascension d’une fille du Périgord, sa trajectoire unique dans les coulisses du pouvoir, de la politique et de la haute finance, son arrestation en novembre 1997, son incarcération pendant cinq mois, son désespoir. Comment une jeune fille d’origine modeste devient-elle un personnage d’influence ? Une histoire de femme dans un monde d’hommes : ses deux maris ; Alfred Sirven, son mentor, homme de l’ombre aujourd’hui en fuite ; Roland Dumas… Elle décrit le rôle qu’elle jouait auprès d’eux ou pour leur compte.
L’Affaire Dumas
C’est une affaire d’état. Elle met en cause l’un des plus hauts personnages de la République, qui est aussi le dernier héritier du mitterrandisme : Roland Dumas. Avocat fortuné et politicien d’expérience, homme brillant et familier des pénombres du pouvoir, le président du Conseil constitutionnel a été mis en examen le 29 avril 1998 pour « complicité et recel d’abus de biens sociaux ». Pourquoi ? Parce qu’une femme a soustrait, entre 1989 et 1993, plus de soixante millions de francs à une entreprise publique, Elf Aquitaine, sans autre titre que sa fort proche relation avec un ministre des Affaires étrangères nommé… Roland Dumas. Des frégates de guerre, un luxueux hôtel particulier, une tapisserie des Flandres datant du XVIIe siècle, des archives cachées, un magot disséminé dans plusieurs banques suisses, des « intermédiaires » aux fonctions troubles, des liasses de billets à l’origine énigmatique : tels sont les ingrédients de ce récit – qui est aussi celui de la descente aux Enfers, au soir de sa vie, d’un homme protéiforme, pris au piège de ses passions par trop multiples et contradictoires.