Un fleuve de ténèbres
Il existe de plus agréables façons de débuter dans la police que celle subie par le jeune Billy Styles, en cette année 1921. C’est peut-être le plus bel été depuis la guerre, mais ce qu’il découvre à Melling Lodge, une jolie demeure aristocratique perdue dans la campagne du Surrey, dépasse de loin les banales considérations météorologiques : le colonel Fletcher, sa femme Lucy et deux employés ont été proprement massacrés… Arrivé en renfort, l’inspecteur John Madden de Scotland Yard se détache assez vite de la théorie officielle du cambriolage ayant mal tourné. Il découvre que les meurtres, en particulier ceux des femmes, semblent répondre à un rituel précis, planifié et exécuté de manière horriblement méthodique. Pour lui, cette horreur ne peut donc qu’être l’œuvre d’un maniaque, un tueur en série qui pourrait bien récidiver. Mais le seul témoin du quadruple meurtre est une petite fille en état de choc… L’inspecteur de Scotland Yard aura alors bien besoin des conseils éclairés du premier « profiler » de l’histoire des crimes de papier, un disciple de Freud, pour tenter de résoudre l’incroyable énigme.
Hollywood
Poursuivant la série de ses romans historiques à grand succès, Gore Vidal aborde maintenant l’entrée de l’Amérique dans l’ère des changements rapides qui marquent les années vingt. Hollywood commence en 1916, à la veille de l’entrée des Etats-Unis dans la Grande Guerre. Le roman raconte l’histoire de la belle et ambitieuse Caroline Sanford, propriétaire et rédactrice en chef du Washington Tribune, qui se rend sur la côte Ouest pour soutenir l’effort de guerre du gouvernement en réalisant des films de propagande en faveur des Alliés. Peu après son arrivée, non seulement le succès couronne son activité de productrice, mais elle devient elle-même une star. Tandis qu’elle côtoie les divinités du cinéma comme Douglas Fairbanks, Mary Pickford, Cecil B. De Mille, Charlie Chaplin, tout en conservant des relations personnelles avec les piliers de la politique comme Woodrow Wilson, Franklin et Eleanor Roosevelt, elle se trouve engagée dans les luttes d’influence qui opposent désormais les deux capitales américaines, la capitale administrative, Washington, et la capitale mondiale du charme, Hollywood. La nouvelle industrie qui vient de naître en Californie a créé un nouveau langage, idéal pour toucher, séduire, émouvoir des millions de femmes et d’hommes. En découvrant l’immense pouvoir du cinéma, Caroline a deviné qu’il serait désormais, avec la presse et la politique, un des trois axes du pouvoir, la moderne lampe d’Aladin, l’instrument magique avec lequel on peut manipuler les esprits, créer les sensations, imposer les modes, pour le meilleur et pour le pire.
Le don du roi
Dans la période de grandiose euphorie et d’aimable débauche qui suit la restauration du roi Charles II, après le coup d’éteignoir donné sur l’Angleterre par Oliver Cromwell, un jeune étudiant en médecine rondelet et paillard, Robert Merivel, tombe entièrement sous le charme du nouveau souverain, dont il devient le bouffon et l’un des favoris. Il est ainsi amené à devenir le « mari postiche » de la plus jeune des maîtresses du roi, Celia Clemence, en échange d’un titre de noblesse et d’une superbe propriété dans le Norfolk. Mais le pauvre Merivel se laisse aller un beau jour à violer l’une des règles impératives de ce confortable marché. Il tombe amoureux de Celia, et la faveur royale lui est brutalement retirée. Chassé de son manoir et rejeté de tous, il rejoint l’un de ses camarades d’études, un Quaker de l’espèce la plus rigide, dans un asile de fous perdu dans la campagne. Il en devient l’un des médecins, vivant ainsi les expériences les plus hallucinantes.
La premiére épouse
C’est moins le récit d’une séparation que celui d’un deuil car être quittée par son mari qu’elle connaît depuis trente ans est pour la narratrice pire qu’un simple divorce. Elle se sent véritablement en deuil d’un vivant sans avoir droit aux consolations d’usage mais elle perd aussi du même coup une famille, des amis et, dans une certaine mesure, ses propres enfants. Bien sûr, elle savait son mari volage mais se croyait inattaquable dans son rôle de première épouse. Ce qu’elle découvre au-delà de l’effondrement dans la douleur c’est l’étendue et l’ancienneté d’une trahison. C’est aussi que même dans la grande bourgeoisie on n’évite pas forcément la violence (elle se retrouvera à l’hôpital) ni le grotesque d’un vaudeville procédurier. L’auteur de L’Allée du roi, ces mémoires imaginaires de Madame de Maintenon, donne ici un livre bouleversant de sincérité et d’autant plus touchant qu’au-delà de la nécessité du deuil, au-delà même de la vengeance contre le mari infidèle, c’est aussi le récit d’un nouvel apprentissage de la vie. –Gérard Meudal