Plus jamais seul
Premières vacances pour Mc Cash et sa fille, Alice. L’ex-flic borgne à l’humour grinçant – personnage à la fois désenchanté et désinvolte mais consciencieusement autodestructeur – en profite pour faire l’apprentissage tardif de la paternité. Malgré sa bonne volonté, force est de constater qu’il a une approche très personnelle de cette responsabilité. Pour ne rien arranger, l’ancien limier apprend le décès de son vieux pote Marco, avocat déglingué et navigateur émérite, heurté par un cargo en pleine mer. Pour Mc Cash, l’erreur de navigation est inconcevable. Mais comment concilier activités familiales et enquête à risque sur la mort brutale de son ami?
Le banal amour
Paul et Anna s’aiment, dans la chasteté, luttant contre le désir, dans la proximité, unis comme frère et sœur, et dans l’éloignement, l’exaltation de l’attente, dans le mariage, ennemis ou amants. Ils s’aiment si fort, jusqu’à la mort, si fort qu’ilspeuvent croire qu’ils sont nés l’un près de l’autre. C’est un amour si simple, quotidien, si rare. C’est l’amour de chacun, le banal amour – c’est un amour exceptionnel.
Le siècle des nuages
« Ils descendaient depuis l’azur, laissant vers le bas grossir la forme de leur fuselage, traçant doucement leur trait au travers des nuages. Le vrombissement des quatre moteurs, juchés sur le sommet des ailes, enflait, vibrant dans le vide, résonnant jusqu’à terre. Leur ventre touchait enfin la surface de l’eau, projetant à droite et à gauche un panache puissant qui retombait en écume, bousculant tout avec des remous épais qui dérangeaient les barques amarrées et remontaient haut sur le bord des berges.
C’était l’été sans doute. Les vacances étaient déjà commencées. Il avait couché son vélo dans l’herbe toute brûlée par la chaleur du soleil. Peut-être attendait-il allongé sur le sol ou bien se tenait-il assis sur un ponton, les jambes se balançant au-dessus du courant très lent. À perte de vue, le grand ciel bleu du beau temps recouvrait le monde. Il regardait descendre vers lui le signe en forme de croix de la carlingue et des ailes. Lorsque l’avion heurtait l’eau, le choc le ralentissait net. Forant dans le fleuve une tranchée immatérielle, il creusait son sillage entre les rives, rebondissant formidablement d’avant en arrière, basculant sur l’un et puis l’autre de ses flancs, oscillant sur ses deux flotteurs jusqu’à ce qu’il s’arrête enfin : rond avec son ventre vaste comme celui d’une baleine, inexplicable parmi les péniches et les navires de plaisance, immobile comme un paquebot étrange mouillant au beau milieu des terres. »
Partage de midi
Partage de midi est un drame en trois actes de Paul Claudel, écrit pour trois puis quatre personnages en 1905, créé dans une version modifiée le 16 décembre 1948 au théâtre Marigny par la compagnie Renaud-Barrault sous la direction de Simone Volterra. Claudel en modifiera la fin en 1949.
Le drame est selon Claudel l’« histoire un peu arrangée de l’aventure amoureuse » qu’il a vécue de 1900 à 1905 avec Rosalie Vetch. L’auteur saisit l’occasion de récrire une des parties les plus intenses de sa vie1. Dans cette pièce parmi les plus célèbres de Claudel, un homme aime une femme improbable alors que celle-ci imagine quitter son mari pour un autre homme. Tous deux ont connu un échec et se rendent en Chine en espérant prendre un nouveau départ. L’ensemble de la pièce forge un tableau emblématique où la religion articule les personnages dans une quête d’absolu.
Ecrire pour quelqu’un
L’inexprimable bonheur de l’enfance, celle-ci sublimée peut-être, avec l’immense bonté qu’eurent mes parents pour moi, c’est ce bonheur trop lourd à surmonter dans le souvenir laissé qui, par les trouées du temps pour peu que je m’y plonge, me sert de patrie. L’apaisement des sanglots rend l’ancienne douceur. Elle allège le sentiment d’exil éprouvé, comme en pension autrefois, quoique d’un poids beaucoup moins grave, et par intermittence. Elle renaît pour quelques instants, cette douceur dont on sanglote, épanchant son baume sur une journée entière avant de s’évanouir avec le sommeil. C’est un fantôme qui revient, mais un fantôme bienveillant, sans linceul, tout sourire. Néanmoins, le sommeil ouvre des brèches. Dans En marge des nuits, J.-B. Pontalis, chez qui perçait une inquiétude aiguë à l’égard de l’éphémère, note que « le rêve est mémoire, résurrection, par bribes, du passé il nie l’effacement, l’irréversibilité du temps, conjure l’oubli des morts ». Les sanglots sont comme les rêves, une permanence de la mémoire, conjurant l’oubli des morts. On apprend cela quand on grandit.» Jean-Michel Delacomptée.
Révolutions
Itinéraire d’un garçon pris dans les affres de l’histoire… Tel est l’objet de cet époustouflant roman de Le Clézio, Révolutions, qui n’est pas sans laisser penser aux œuvres de John Dos Passos. Ici, les aventures d’un jeune homme sont celles de Jean Marro, de nationalité britannique mais français, né à Ipoh en Malaisie, ayant fait ses premiers pas sur l’île Maurice, et grandissant dans une petite ville de la Côte d’Azur, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Son enfance et son adolescence, illuminées par les récits chaleureux et nostalgiques de sa tante, tout imprégnés d’ambiances mauriciennes, s’accompagnent des soubresauts politiques traversant le monde, des souvenirs de la Grande Guerre de 14, aux guerres d’Indochine puis d’Algérie. Un temps de décolonisation, d’indépendances ici et là, de révolutions. Un temps qui se double d’un autre (raconté sous la forme d’un journal intime), celui de ces premiers émigrants, partis de Bretagne en 1792, enrôlé dans l’armée révolutionnaire avant de s’installer sur les rives de l’île de France, devenue plus tard l’île Maurice. De ces Bretons au bout du monde à Jean Marro, il pourrait n’y avoir qu’un fil tendu. Affaire de filiation, de quête des origines aussi. Entre descendance et génération se correspondent destins, noms et lieux, de bonds en rebonds, d’échos en ricochets. Voilà tout le récit polyphonique, de héros de fiction, de personnages, de souvenirs, d’anecdotes, entrelardé d’airs de Luis Mariano, cependant que sur les écrans défilent Clark Gable et James Dean, les films de Fellini et d’Antonioni… Dans Le Rêve mexicain ou la pensée interrompue, Le Clézio avait déjà introduit des portraits dans une histoire de civilisation.
A défaut de génie
J’ai essayé d’avoir pour moi, à défaut d’admiration, une tolérance bougonne », déclare François Nourissier. On ne saurait être plus proche et plus intransigeant avec soi-même. La sentence peut paraître exagérée de la part de cet homme de lettres qui a obtenu ce que l’on peut espérer de mieux dans ce milieu : la gloire et la reconnaissance. Écrivain à succès depuis plus de trente ans, critique avisé, membre de l’Académie, à soixante ans passés, Nourissier n’aurait plus rien à attendre du monde des lettres. Il a déjà tout eu. C’est un des rares enfants chéris du milieu. Et pourtant, il n’a jamais autant écrit. Il bouillonne d’insatisfaction. Loin de la retranscription chronologique, de l’approche systémique ou du règlement de compte aigri. À défaut de génie est un modèle d’autobiographie en liberté. Comme pour Montaigne, l’exercice autobiographique n’a de sens pour Nourissier que si l’on devient soi-même « la matière de son livre. Il y parvient. –Denis Gombert
L’imparfait du présent
Le livre est un journal, organisé par date. L’auteur passe d’un sujet à l’autre sans raccord, ni transition. Les textes sont brefs et très lisibles et ne requièrent pas de formation philosophique particulière.
Les thèmes abordés sont ceux que l’on connaît de ses sujets de préoccupation récents : l’éducation, l’école, la dénonciation du jeunisme des circulaires administratives et ministérielles : Israël et les implantations, le sionisme et les questions relatives à la judéité. S’y trouvent également de nombreuses réactions à l’écho de ses articles ou ses réactions face à la violence de l’histoire contemporaine.
La petite chartreuse
Sous une pluie froide de novembre, la camionnette du libraire Étienne Vollard heurte de plein fouet une petite fille en anorak rouge qui, affolée, courait droit devant elle après avoir vainement attendu sa mère, jeune femme fuyante et transparente. Désormais, cet homme va devoir vivre avec les conséquences de l’accident. Affublé d’une paternité d’emprunt, Vollard, jusque-là introverti et solitaire, commence à réciter à l’enfant plongée dans le coma des textes littéraires contenus dans sa mémoire fabuleuse. Lorsque l’enfant s’éveille, elle a perdu l’usage de la parole. Alors, fuyant ses insomnies et ses angoisses anciennes, le libraire emmène Éva marcher dans les paysages de la Grande Chartreuse, lieu sauvage et splendide où vivent des moines qui ont fait vœu de silence. Un gros homme, encombré de lui-même, une mère bien trop jeune, et une fillette précocement fracassée par la vie forment un étrange trio : le triangle des solitudes. Le narrateur de cette histoire, témoin de l’enfance et de la jeunesse de Vollard, exprime sa fascination pour ce libraire inoubliable. Mais ce roman-conte est aussi un hymne inoubliable à la littérature, une méditation sur le fragile pouvoir des livres.
A ce soir
Au moment de prendre le bain, j’ai enlevé ma montre, une montre offerte par l’homme que j’aime et où l’artiste a inscrit sur le cadran, en demi-cercle, À ce soir. J’ai constaté que le cadran était totalement embué. On dit que la peur crée des sécrétions toxiques. À ce soir était comme effacé. La date, elle, était bien visible. Treize juillet. Dix-sept ans après la mort de Rémi. Le texte qui suit s’est imposé à moi juste après. Il a surgi de la nuit.
Armance
Je vous parlerai comme à moi-même, dit Octave avec impétuosité. Il y a des moments où je suis beaucoup plus heureux, car enfin j’ai la certitude que rien au monde ne pourra me séparer de vous ; mais, ajouta-t-il. et il tomba dans un de ces moments de silence sombre qui faisaient le désespoir d’Armance. Mais quoi, cher ami ? Lui dit-elle, dites-moi tout; ce mais affreux va me rendre cent fois malheureuse que tout ce que vous pourriez ajouter. Eh bien! Dit Octave… vous saurez tout. Ai-je besoin de vous jurer que je vous aime uniquement au monde, comme jamais je n’ai aimé, comme jamais je n’aimerai ? Mais j’ai un secret affreux que jamais je n’ai confié à personne, ce secret va vous expliquer mes fatales bizarreries. Stendhal entreprit la rédaction d’Armance, son premier roman, en 1826, à la suite d’une déception amoureuse. Ses héros, Octave et Armance, sont deux êtres d’exception qui se méprennent l’un sur l’autre mais parviennent, en passant par toutes les phases de la « cristallisation » stendhalienne, à l’apogée du véritable amour. A la parution, Armance eut si peu de succès que Stendhal songea à se tuer. A présent, les critiques voient dans ce roman les signes d’un génie naissant.
L’argent
Quelle nuit cette nuit – En quelle terre élue – Arbre bruissant de vols notre sceptre – Lune auréolée de vent notre couronne – Exil d’une seule nuit – Notre plus long règne. Elle me fit passer un papier sous la table. Je descendis aux toilettes, je lus. C’était écrit au crayon à paupières, sur un demi Kleenex. Cinq cents francs, et je viens vous retrouver. Si OK, sortez vite. Je remontai, mis mon écharpe, saluai l’assistance et sortis. Minuit. On était en novembre. Il faisait un froid vif, agréable. Cinq minutes. La jeune fille sortit à son tour. Elle me vit et se dirigea vers moi. Elle était grande, étroite d’épaules, mais robuste. Sous son bras gauche replié, elle tenait une pochette de vernis noir. Elle venait d’un grand pas souple, balançant l’autre bras, sans se hâter. Cinq cents francs, pensai-je, le prix d’un plein d’essence, on peut acheter cette chose vivante pour cinq cents francs.
Babylone
Tout le monde riait. Les Manoscrivi riaient. C’est l’image d’eux qui est restée. Jean-Lino, en chemise parme, avec ses nouvelles lunettes jaunes semi-rondes, debout derrière le canapé, empourpré par le champagne ou par l’excitation d’être en société, toutes dents exposées. Lydie, assise en dessous, jupe déployée de part et d’autre, visage penché vers la gauche et riant aux éclats. Riant sans doute du dernier rire de sa vie.
Chagrin d’école
Donc, j’étais un mauvais élève. Chaque soir de mon enfance, je rentrais à la maison poursuivi par l’école. Mes carnets disaient la réprobation de mes maîtres. Quand je n’étais pas le dernier de ma classe, c’est que j’en étais l’avant-dernier. (Champagne !) Fermé à l’arithmétique d’abord, aux mathématiques ensuite, profondément dysorthographique, rétif à la mémorisation des dates et à la localisation des lieux géographiques, inapte à l’apprentissage des langues étrangères, réputé paresseux (leçons non apprises, travail non fait), je rapportais à la maison des résultats pitoyables que ne rachetaient ni la musique, ni le sport, ni d’ailleurs aucune activité parascolaire. » Dans la lignée de Comme un roman, Chagrin d’école est donc un livre qui concerne l’école. Non pas l’école qui change dans la société qui change, mais, au cœur de cet incessant bouleversement, sur ce qui ne change pas, justement, sur une permanence dont je n’entends jamais parler : la douleur partagée du cancre, des parents et des professeurs, l’interaction de ces chagrins d’école. Daniel Pennac entremêle ainsi souvenirs autobiographiques et réflexions sur la pédagogie et les dysfonctionnements de l’institution scolaire, sur la douleur d’être cancre et la soif d’apprendre, sur le sentiment d’exclusion et l’amour de l’enseignement. Entre humour et tendresse, analyse critique et formules allant droit au but, il offre ici une brillante et savoureuse leçon d’intelligence. Ce Chagrin d’école s’impose déjà comme un livre indispensable.
A la découverte de la France souterraine
La France secrète et mystérieuse – A la découverte de la France souterraine Un aperçu des souterrains naturels et artificiels en France. Texte de Patrick Saletta.
La cantatrice chauve
Tout le monde la connaît. Peu peuvent l’expliquer. C’est ce que fait à merveille Emmanuel Jacquart, éditeur du Théâtre de Ionesco dans la Bibliothèque de la Pléiade. Il commence par retracer l’historique, la genèse de la pièce, à partir de L’anglais sans peine de la méthode Assimil. Les répliques se sont naturellement assemblées, et l’ensemble a produit ce que l’auteur appelle une anti-pièce une vraie parodie de pièce, sans ambition idéologique particulière. Dans cet illustre chef-d’oeuvre, l’esprit de dérision prend le contre-pied de la tradition. Une série de sketches désopilants jusqu’au dénouement tonitruant et digne des surréalistes, telle est la pièce dont nous étudions les secrets en la replaçant dans la tradition de l’antitradition, de la modernité en évolution. C’est désormais, dans un format élégant et maniable, la version de référence de La Cantatrice chauve.
Les égarements du cœur et de l’esprit
Entre Marivaux et Laclos, le code et la pratique de l’amour au XVIIIe siècle et bien au-delà. Comme l’écrit Étiemble, «sans étiqueter « pré-freudien » notre Crébillon fils, on peut constater que la peur du jeune Meilcour devant la jeune et belle Hortense, le mouvement qui le porte, non sans peurs et sans reproches, vers une amie de sa mère et du même âge qu’elle, la faiblesse qui le livrera plus tard à la Senanges, une pute, initiatrice au cœur vide, tout cela compose assez fidèlement le tableau de l’adolescent privé trop jeune de père et qui n’a pas réglé ses comptes avec son œdipe».
Le roi du monde
Qui est le Roi du monde ? Avec sa verve coutumière, René Guénon, grand occultiste, nous fait découvrir des trésors d’ésotérisme en s’intéressant à la Grèce, Rome, la Bible, l’Islam ou encore Jésus. Il démontre qu’il existe sur Terre des lieux de pouvoirs, des lieux occultes qui sont des images d’un centre du monde ‘ à la fois géographique et spirituel ‘ dans lequel opère un être mystérieux dont la nature est connue depuis la nuit des temps.
Adieu, mon unique
Le philosophe et théologien Abélard est déjà célèbre lorsqu’il rencontre Héloïse, jeune fille singulièrement intelligente et cultivée. Ses propos audacieux, libres de tout dogmatisme, attirent de toutes parts une foule de clercs, et cristallisent les passions et les haines. Le prestige de cet homme adulé et craint incite le chanoine Fulbert à le choisir comme professeur particulier de sa nièce Héloïse ; mais il est alors loin de se douter que l’échange de savoirs va être réciproque. Ensemble, le professeur et l’élève découvrent l’amour, un amour irrépressible et insatiable, dont la fulgurance est brisée nette par la vengeance cruelle d’un Fulbert humilié, qui décide d’ordonner la castration d’Abélard. De ce terrible supplice naît une dissonance entre les amants : tandis que lui fait acte de repentance et se tourne vers la religion, elle, au contraire, demeure fidèle à son coeur, y compris lorsqu’elle est nommée abbesse au Paraclet. Antoine Audouard choisit de faire raconter ces amours devenus légendaires par Guillaume d’Oxford, disciple loyal d’Abélard et amoureux silencieux d’Héloïse. À travers son regard, nous nous trouvons plongés dans l’ambiance de cette France du XIIe siècle, loin des clichés sur l’obscurantisme du Moyen Âge. Le silence des retraites alterne avec les rumeurs d’un Paris en constante évolution. Un cri pourtant domine : celui d’Héloïse, amoureuse moderne qui assume son désir jusqu’au bout.
Endgame l’appel
ENDGAME EST UNE REALITE. ENDGAME A COMMENCE. Douze jeunes élus, issus de peuples anciens. L’humanité toute entière descend de leurs lignées, choisies il y a des milliers d’années. Ils sont héritiers de la Terre. Pour la sauver, ils doivent se battre et résoudre la Grande Enigme. Si aucun n’y parvient, nous sommes tous perdus. Ils ne possèdent pas de pouvoirs magiques, ils ne sont pas immortels, mais ils sont entraînés !
Traîtrise, courage, amitié, chacun suivra son chemin, selon sa personnalité, ses intuitions et ses traditions. Cependant, il n’y aura qu’un seul vainqueur. Ce qui sera, sera.
Au plaisir de Dieu
En hommage à la mémoire de son grand-père, symbole de la tradition, contraint de s’éloigner à jamais de la terre de ses ancêtres, le cadet d’une vieille famille française enfermée dans l’image du passé raconte ce qui a été et qui achève de s’effondrer. Le berceau de la tribu, le château de Plessis-lez-Vaudreuil, est au centre de cette longue chronique qui embrasse, depuis les croisades jusqu’à nos jours, l’histoire du monde, du pays, du clan de tout ce que la lignée a incarné et en quoi elle a cru, et qui s’est peu à peu effrité. Un mariage d’amour et d’argent, les idées contemporaines et subversives, les livres, les mœurs nouvelles ouvrent successivement des brèches dans la forteresse de la tradition. L’histoire du XXe siècle, avec ses situations paradoxales, précipite la mutation et la décadence d’une famille qui avait su, à travers tous les cataclysmes, maintenir ses privilèges et conserver son charme.
La fée carabine
Si les vieilles dames se mettent à buter les jeunots, si les doyens du troisième âge se shootent comme des collégiens, si les commissaires divisionnaires enseignent le vol à la tire à leurs petits-enfants, et si on prétend que tout ça c’est ma faute, moi, je pose la question : où va-t-on ?’ Ainsi s’interroge Benjamin Malaussène, bouc émissaire professionnel, payé pour endosser nos erreurs à tous, frère de famille élevant les innombrables enfants de sa mère, cœur extensible abritant chez lui les vieillards les plus drogués de la capitale, amant fidèle, ami infaillible, maître affectueux d’un chien épileptique, Benjamin Malaussène, l’innocence même (‘l’innocence m’aime’) et pourtant… pourtant, le coupable idéal pour tous les flics de la capitale.
A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie
Dans ce premier tome d’une trilogie autobiographique consacrée au sida, Hervé Guibert raconte son existence depuis qu’il a été contaminé par le virus, les progrès insidieux de la maladie, le cruel espoir et la déception causés par les promesses d’un ami, Bill, de lui sauver la vie. Paradoxalement, le vrai ami, dans ce récit, n’est pas Bill (celui auquel le titre fait référence) mais Muzil, un philosophe réputé et plus âgé, également homosexuel, qui meurt du sida, préfigurant la mort à venir du narrateur. Bill promet à Guibert qu’il va lui permettre de bénéficier d’un miraculeux traitement venu des États-Unis. De même que je n’avais avoué à personne, sauf aux amis qui se comptent sur les doigts d’une main, que j’étais condamné, je n’avouai à personne, sauf à ces quelques amis, que j’allais m’en tirer, que je serais, par ce hasard extraordinaire, un des premiers survivants au monde de cette maladie inexorable Le remède miracle n’existe pas et Guibert est abandonné par Bill. Au-delà d’un témoignage poignant et dramatique sur le sida, l’amitié et la mort, ce roman frappe par la force et la beauté de son écriture, dans une évidente violence contenue.
La traversée
La maladie qui m’a conduit à la réanimation m’a amené plus loin que la réa, bien au-delà du cap Horn, dans ce qu’il convient d’appeler une expérience de mort approchée.Au cours de cette traversée, j’ai vu et entendu toutes sortes de choses. Des monstres, des anges, des paysages et des visages, du vide et du trop-plein, de la compassion, de l’horreur et de l’amour. Aux prises avec un bouleversement constant du temps et de la durée ; quand les jours et les nuits n’avaient plus aucun sens, aucune construction ; lorsque je perdais tout repère ; lorsque je revoyais des moments de ma vie ancienne et de ma vie à venir. Lorsque deux Moi-même s’affrontaient en un dialogue permanent, quand l’un de ces deux Moi disait :. – Tu vas mourir, laisse aller, c’est foutu, tandis que l’autre Moi répliquait :. – Non, bats-toi, il faut vivre.
Servitude et Grandeur militaires
Servitude et grandeur militaires est à la fois un roman et une réflexion autobiographique sur le métier militaire, que Vigny a exercé jusqu'à trente ans. La fiction s'incarne dans trois nouvelles, où les aventures, la tension, le pathétique mènent à la philosophie : « Une fable qu'il faut inventer assez passionnée, assez émouvante pour servir de démonstration à l'idée », écrit Vigny, qui apparaît, dans ces trois histoires de passion et d'émotion, tour à tour comme un aristocrate, un soldat, un poète, un styliste, un penseur.
Pastorale américaine
La vie de Seymour Levov ressemble à un cliché noir et blanc des années cinquante, un portrait de famille figé dans le bonheur. Petit-fils d’immigré juif parfaitement assimilé à l’American Way of Life, une réussite sociale exemplaire, une épouse ex-Miss New Jersey composent le tableau idyllique d’une histoire lacérée au couteau. À jamais chassé du paradis terrestre par un cancer qui le ronge : la dérive violente et jusqu’au-boutiste de sa fille Merry devenue terroriste par anticonformisme.
Texaco
Il y a chez Chamoiseau un don formidable pour les portraits voluptueux, une verve inépuisable pour décrire les charpentiers ou les journaleux, les affranchis ou les servantes. Tous les déshérités ont trouvé là leur Hugo, leur conteur, leur mage. Chamoiseau, burlesque dans son ton et par nature, se veut l’intransigeant d’un peuple opprimé. Texaco est un grand livre. Jacques-Pierre Annette.
Le hussard sur le toit
Le hussard sur le toit : avec son allure de comptine, ce titre intrigue. Pourquoi sur le toit ? Qu’a-t-il fallu pour l’amener là ? Rien moins qu’une épidémie de choléra, qui ravage la Provence vers 1830, et les menées révolutionnaires des carbonari piémontais. Le Hussard est d’abord un roman d’aventures ; Angelo Pardi, jeune colonel de hussards exilé en France, est chargé d’une mission mystérieuse.
Contes de la Bécasse
Des récits pour les soirées de chasse, après les longues marches, l’attente et la fatigue du jour.Histoires de la campagne, cette Normandie natale que l’auteur évoque avec une tendresse narquoise et la hantise du plaisir vif. Paysans rusés, fermiers misérables, chasseurs bons vivants, à travers cette galerie de personnages solidement campés, ces contes du terroir normand disent un réel saisissant d’humanité, en mêlant tous les registres, du comique au burlesque en passant par le drame et la tragédie.
Paycheck
Ingénieur de réputation mondiale, Michael Jennings travaille sur des projets top-secrets commandités par des sociétés de haute technologie. A l’issue de chaque mission, sa mémoire à court terme est effacée pour l’empêcher de divulguer la moindre information confidentielle. Puis un chèque substantiel lui est remis. Mais cette fois, l’enveloppe ne contient pas d’argent, juste quelques objets hétéroclites et sans valeur; et à en croire Rethrick, son dernier employeur, Jennings aurait lui-même renoncé par avance à ses honoraires habituels.
Les contes du chat perché
Comme le loup protestait de ses bonnes intentions, elle lui jeta par le nez : Et l’agneau, alors ? Oui, l’agneau que vous avez mangé ? Le loup n’en fut pas démonté. L’agneau que j’ai mangé, dit-il. Lequel ? Comment ? vous en avez donc mangé plusieurs ! s’écria Delphine. Eh bien ! C’est du joli ! – Mais naturellement que j’en ai mangé plusieurs. Je ne vois pas où est le mal. Vous en mangez bien, vous !
Le parfum d’Adam
Pologne, printemps 2005. Juliette est une jeune militante écologiste, fragile et idéaliste. Elle participe à une opération commando pour libérer des animaux de laboratoire. Cette action apparemment innocente va l’entraîner au coeur d’un complot sans précédent qui, au nom de la planète, prend ni plus ni moins pour cible l’espèce humaine.
Les falsificateurs
C’est l’histoire d’une organisation secrète internationale, le CFR (Consortium de Falsification du Réel), qui falsifie la réalité mais dont personne ne connaît les motivations. C’est l’histoire de quelques-unes des plus grandes supercheries de notre époque : de Laïka, la première chienne dans l’espace, qui n’a jamais existé ; de Christophe Colomb qui n’a pas découvert l’Amérique ; des fausses archives de la Stasi. C’est l’histoire d’un jeune homme, embauché par le CFR, qui veut comprendre pourquoi et pour qui il travaille. C’est l’histoire d’une bande d’amis qui veulent réussir leur vie, sans trop savoir ce que cela veut dire. C’est, d’une certaine façon, l’histoire de notre siècle.
Voyage en Espagne
Il y a quelques semaines (avril 1840), j’avais laissé tomber négligemment cette phrase : J’irais volontiers en Espagne! Au bout de cinq ou six jours, mes amis avaient ôté le prudent conditionnel dont j’avais mitigé mon désir et répétaient à qui voulait l’entendre que j’allais faire un voyage en Espagne. À cette formule positive succéda l’interrogation Quand partez-vous?
La foire aux vanités
Il s’agit de l’un des plus grands classiques du roman anglais. Le XIXe siècle britannique est divisé entre Dickens et Thackeray comme le nôtre entre Balzac et Stendhal. Thackeray (1811-1863) est l’égal de Stendhal et La Foire aux Vanités (1848), son chef-d’œuvre. Il y utilise un style humoristique ou ironiquement épique pour donner l’un des plus grands romans de satire sociale en langue anglaise. La thèse fondamentale du livre est que, dans la société occidentale, le seul moyen d’arriver, si l’on est sans naissance ni fortune, est de violer tous les principes moraux que la société fait semblant de respecter.
C’était bien
On éprouve un sentiment curieux, presque un étonnement, une stupéfaction, à débuter la lecture du dernier livre de Jean d’Ormesson en se demandant comment diable il fait pour parler de lui à l’imparfait, temps du passé qui a duré et qui est définitivement révolu. Comment parvient-il à conserver cette distance souveraine face à la mort et au passé? Rien qui pèse ou qui pose dans ce nouvel opus: le testament de Jean d’Ormesson tient en 250 pages, les chapitres sont nombreux, courts et enlevés.
Hasard
Les deux courts romans (ou longues nouvelles) qu’on va lire, Hasard et Angoli Mala, sont séparés par quinze années. Il m’a semblé qu’ils parlaient du même apprentissage, de l’amour de la nature, du mal aussi. Mais au moment de les réunir, je ne sais plus très bien lequel est le miroir de l’autre. J.M.G.
Fanfan
Alexandre Crusoé et Fanfan ont vingt ans lorsqu’ils se rencontrent pour la première fois. Il comprend très vite que cette fille imprévisible est la femme de sa vie et qu’elle l’aime ; mais il n’a pas le courage de tromper ou de quitter Laure avec qui il coule des jours paisibles. L’idée de marcher sur les traces de ses parents inconstants le panique. Il rêve de stabilité et redoute l’énergumène passionné qui sommeille en lui.
Couleur du temps
Pourquoi Baptiste, ancien peintre de Cour désormais oublié, tient-il à présenter à la plus grande exposition parisienne un Portrait de famille si démodé ? La touche, la composition, les vêtements des personnages, tout y est désuet ; rien, non plus, n’y semble accordé : dans cette famille figée par les années, la femme, en robe d’autrefois, a l’air d’une très jeune fille, les enfants sont des nourrissons, tous du même âge, tandis que l’artiste s’est représenté en grand vieillard.
Un homme
Un homme. Un homme parmi d’autres. Le destin du personnage de Philip Roth est retracé depuis sa première et terrible confrontation avec la mort sur les plages idylliques de son enfance jusque dans son vieil âge, quand le déchire la vision de la déchéance de ses contemporains et que ses propres maux physiques l’accablent. Entre-temps, publicitaire à succès dans une agence à New York, il aura connu épreuves familiales et satisfactions professionnelles. D’un premier mariage, il a eu deux fils qui le méprisent et, d’un second, une fille qui l’adore.
Laisser courir
Franchement, j’en ai assez des ennuis des autres. J’ai vraiment trop de mal à être à la hauteur de ce que certains exigent de moi. Ainsi s’exprime Gabe Wallach, un charmant jeune homme, fils d’un riche dentiste new-yorkais, qui, au prix d’efforts souvent maladroits, cherche à concilier sa vie facile et les sacrifices qu’il devrait faire pour aider son prochain.
Case à Chine
Pour les immigrants chinois du milieu du XIXe siècle, l’arrivée dans la société créole martiniquaise constitua un choc culturel. Dominée par la brutalité et la violence, cette société ignorait les sagesses millénaires telles que le bouddhisme et le confucianisme. Case à Chine évoque les destins croisés de trois familles chinoises qui tentent d’échapper à l’enfer des plantations pour s’intégrer à la vie urbaine de la Martinique.
La bête qui meurt
Le lecteur retrouvera ici David Kepesh, le héros de Professeur de désir. Âgé maintenant de 62 ans, c’est un homme arrivé, qui enseigne à l’université et a créé son émission de télévision. Parmi ses étudiants, il distingue une certaine Consuelo, d’origine cubaine, jeune femme fascinante au corps merveilleux, mais qui se révèle incapable de s’abandonner à la sexualité. Progressivement, le fait qu’elle ne le désire pas va rendre David fou de jalousie… Sur cette trame classique du déséquilibre progressif d’une relation où le désir se révèle définitivement non partagé, Philip Roth évoque non seulement les problèmes de la sexualité et de la jalousie, mais aussi le sujet beaucoup plus poignant des sentiments du jaloux vieillissant. Ce constat cruel et lucide (le narrateur est censé écrire ses souvenirs huit ans après les événements) est aussi l’occasion pour l’auteur de pourfendre l’ordre moral et le puritanisme de l’Amérique actuelle.
L’ami retrouvé
Âgé de seize ans, Hans Schwartz, fils unique d'un médecin juif, fréquente le lycée le plus renommé de Stuttgart. Il est encore seul et sans ami véritable lorsque l'arrivée dans sa classe d'un garçon d'une famille protestante d'illustre ascendance lui permet de réaliser son exigeant idéal de l'amitié, tel que le lui fait concevoir l'exaltation romantique qui est souvent le propre de l'adolescence. C'est en 1932 qu'a lieu cette rencontre, qui sera de courte durée, les troubles déclenchés par la venue de Hitler ayant fini par gagner la paisible ville de Stuttgart. Les parents de Hans qui soupçonnent les vexations que subit le jeune homme au lycée, décident de l'envoyer en Amérique, où il fera sa carrière et s'efforcera de rayer de sa vie et d'oublier l'enfer de son passé. Ce passé qui se rappellera un jour à lui de façon tragique.
L’enfant miroir
Toute vie humaine en contient plusieurs, compartimentées, cloisonnées, aveugles les unes aux autres. C’est à la recherche d’un de ces fragments – ses dix premières années – d’une gravité décisive, que se consacre Robert André. Avec une admirable minutie, le romancier construit patiemment son document autobiographique sur un rythme destiné à mettre en valeur les scènes capitales du passé. Son enfance, dans le quartier du Val-de-Grâce, à Paris, s’écoule d’abord auprès de ses parents d’origine modeste, puis auprès de sa grand-mère, concierge du côté des Gobe-lins. Il souffre d’asthme et de cent complications pulmonaires qui aiguisent violemment sa sensibilité et sa clairvoyance. Il adore sa mère, déteste et redoute son père. Il atteint ainsi l’âge de dix ans. Cette étape correspond à la fin dramatique d’une part de lui-même, au début d’une autre.
Le petit garçon
La Villa, à l’écart d’une petite ville du sud-ouest de la France, ressemble, avec son immense jardin, à un paradis où rien ne peut arriver. C’est bien ce qu’avait voulu le père, un homme juste et sage. Voyant approcher la guerre, il avait quitté Paris pour mettre sa jeune femme et leurs sept enfants à l’abri. Mais quand déferlent les années quarante, le malheur atteint les univers les plus protégés. Bientôt, la Villa se peuplera d’étranges jardiniers et cuisinières. Ce sont des hommes, des femmes, des enfants traqués, en danger de mort. Puis les Allemands vont arriver et violer le sanctuaire.
La motocyclette
Dans la chambre, ensuite, elle boucla son bracelet-montre à son poignet et se para d’un collier de boules d’onyx dont elle aimait le poids et qui avaient un peu la couleur de ses prunelles changeantes, mais elle ne prit aucun linge de corps, quoique son soutien-gorge et sa culotte fussent à portée de sa main sur une chaise, et c’est entièrement nue, ce jour-là, que dans le vestibule elle referma sur elle sa combinaison de motocycliste.
Les chaises
LE VIEUX : Il y avait un sentier qui conduisait à une petite place; au milieu, une église de village… Où était ce village ? Tu te rappelles ? LA VIEILLE : Non, mon chou, je ne sais plus. LE VIEUX : Comment y arrivait-on ? Où est la route ? Ce lieu s’appelait, je crois, Paris. LA VIEILLE : Ça n’a jamais existé, Paris, mon petit. LE VIEUX : Cette ville a existé puisqu’elle s’est effondrée.. C’était la ville de lumière puisqu’elle s’est éteinte, éteinte, depuis quatre cent mille ans… Il n’en reste plus rien aujourd’hui, sauf une chanson.