L’agneau
Xavier s’apprête à entrer au séminaire ; dans le train qui l’y mène, il fait la connaissance de Jean de Mirbel, trentenaire dévoyé sur le point de divorcer : cette rencontre bouleversera à jamais l’existence des deux hommes… L’Agneau, publié en 1954, est l’une des œuvres les plus fascinantes de François Mauriac. Dans la lignée de Dostoïevski et de Camus, l’écrivain s’interroge sur le Mal, en mettant en scène la souffrance et la mise à mort d’un être innocent. Rien n’est plus irrespirable et plus bouleversant que ce texte où s’affrontent sans merci l’espoir et l’angoisse de l’homme, portés à leur paroxysme par la concision d’un style effilé comme une lame.
Nouvelles romaines
Dans Nouvelles romaines, Moravia se mue en conteur, dans le cadre d’une tradition typiquement italienne, et en conteur uniquement livré au plaisir de raconter. Pacifié, il retrouve une connivence foncière avec le petit peuple de Rome, sa patrie profonde et pittoresque, et le lieu d’un certain bonheur d’être, dans une dolce vita qui n’a rien de fellinien.
Le lys dans la vallée
« Oui, la première femme que l’on rencontre avec les illusions de la jeunesse est quelque chose de saint et de sacré. » Balzac en fit l’expérience. Il imagine son roman comme une confession. Félix de Vandenesse raconte, avant de l’épouser, ses amours passées à la comtesse de Manerville. Très jeune, au cours d’un bal, il couvre de baisers les épaules – d’une belle inconnue assise à ses côtés. Mme de Mortsauf était douce et maternelle. Il l’aima, et ce lys dans une vallée de Touraine brûla d’amour pour lui. Son mari ne vivait que pour la défunte monarchie, et Félix quitta la vallée pour une brillante carrière politique et mondaine à Paris, au bras d’une sensuelle marquise anglaise. Mme de Mortsauf avait la beauté d’un ange, elle le devint. Le roman de Balzac est aussi « l’histoire des Cent Jours vue d’un château de la Loire ».
Boule de suif
Rouen, occupé par les Prussiens, durant la guerre de 1870. Des bourgeois tentent de fuir la ville en diligence. Parmi eux se trouve une prostituée, celle qu’on surnomme Boule de suif. Tous vont abuser de sa générosité et la forcer à céder au chantage sexuel d’un Prussien. Maupassant dresse ici un portrait inégalé de l’hypocrisie et de la lâcheté humaines. Il condamne sans appel la guerre et la classe dirigeante, paternaliste et profiteuse.
Le livre des snobs
Thackeray publia d’abord son inénarrable catalogue satirique des snobs de son pays sous forme de chroniques hebdomadaires dans le magazine Punch, en 1846-1847. Ses portraits désopilants commencent par le snob royal pour passer aux snobs aristocrates, snobs de la City, snobs militaires et ecclésiastiques, snobs littéraires, snobs des clubs, et encore bien d’autres variétés de l’espèce.
Il n’y a point de pires sourds que ceux qui ne veulent point entendre ! Sganarelle, dans L’Amour médecin, nie l’évidence : si sa fille Lucinde est malade, c’est parce qu’elle désire se marier et qu’il s’y oppose obstinément. Aucun médecin au monde ne pourrait guérir la jeune femme. Sauf un… Heureusement que Lisette, l’habile servante, a plus d’un tour dans son sac pour aider sa maîtresse ! Dans Le Sicilien ou l’Amour peintre, Adraste peut lui aussi compter sur son valet. Il aime la belle Isidore et doit redoubler d’efforts pour la soustraire à celui qui veut l’épouser. Jaloux trompé, valet fripon et médecin pédant : ces deux comédies-ballets mettent en scène les plus grands rôles du théâtre de Molière.
Le cid
Don Diègue et Don Gomès (comte de Gormas) projettent d’unir leurs enfants Rodrigue et Chimène, qui s’aiment. Mais le comte, jaloux de se voir préférer le vieux Don Diègue pour le poste de précepteur du prince, offense ce dernier en lui donnant une gifle (un « soufflet » dans le langage de l’époque). Don Diègue, trop vieux pour se venger par lui-même, remet sa vengeance entre les mains de son fils Rodrigue qui, déchiré entre son amour et son devoir, finit par écouter la voix du sang et tue le père de Chimène en duel. Chimène essaie de renier son amour et le cache au roi, à qui elle demande la tête de Rodrigue.
Manon Lescaut
Antoine François Prévost d’Exiles, dit l’abbé Prévost, est un romancier, historien, journaliste, traducteur et homme d’Église français. D’abord novice au collège d’Harcourt en 1712, il est congédié un an plus tard. Ensuite, il s’engage dans l’armée, mais bientôt déserteur, il s’enfuit en Hollande. Profitant de l’amnistie générale de 1716, il rentre en France et entame, un second noviciat chez les jésuites à Paris, avant d’être envoyé terminer sa philosophie au collège de La Flèche.
La Locandiera/Les Rustres
Je n’ai peint nulle part ailleurs une femme plus séduisante, plus dangereuse que celle-ci » déclare Goldoni au sujet de la belle aubergiste Mirandoline, héroïne de la Locandiera (1752). Mais cette femme d’esprit pourrait bien perdre quelques plumes en cherchant à se venger de l’arrogance d’un chevalier misogyne… Faire rire par le ridicule, voilà la visée du dramaturge dans Les Rustres (1760), satire de la bourgeoisie commerçante vénitienne.