La métairie et le château
Tiénot, onze ans en 1918, a deux amours : les bois de Hautefage et le château. Au cours de ses longues promenades, il s’émerveille des vies minuscules tapies dans la lumière d’une clairière ou à l’ombre des haies. Au château, ce sont les idées modernes qui l’enchantent. Depuis la Grande Guerre, on y parle d’émanciper les métayers, de libérer les femmes, ou, plus étrange encore, des progrès modernes, comme l’aviation. Cependant, à la métairie, où il vit avec ses parents et sa petite soeur, l’atmosphère vire à l’aigre. Le père, gazé, est envoyé à l’hôpital. La belle Mado, sa femme, s’entiche de Joseph, un bellâtre odieux qui lui tourne les sens. La violence s’installe à la maison. Pour Tiénot, c’est la fin de l’insouciance. Même les bois de Hautefage sont impuissants à le consoler face à la sauvagerie de Joseph et à l’aveuglement de Mado. Pour sauver sa vie et préserver sa mère, Tiénot doit trouver le moyen de chasser Joseph. Mais le prix à payer sera lourd : il devra devenir comme les autres -un grand. Dans une langue riche tout en contrastes, où se mêlent humour, modernité et patois, Michel Jeury saisit au vif ce moment à nul autre pareil où un enfant comprend, presque malgré lui, qu’il doit renoncer à ses illusions.
L’année du certif
Jamais les écoliers cévenols ne travaillèrent autant qu’en 1935. Seule la voix des maîtres expliquant des règles de calcul ou d’orthographe interrompait la course des plumes sur les cahiers. C’était l’année du certificat. Les instituteurs s’affrontaient pour le prix cantonal. Cette année-la fut vraiment riche en événements et en péripéties ! Lorsqu’ils avaient un peu de liberté, les élèves battaient la campagne, tentant de débusquer les « amants » et « les femmes fatales », héros de leurs lectures clandestines. Mais ce que personne n’ a oublié, c’est le drame qui s’est noué le jour de la fête des écoles lorsqu’un candidat a affirmé que l’un de ses camarades avait été payé pour rater certaines épreuves. Un roman vivant et chaleureux comme la mémoire collective. En annexe, des textes qui ont enchanté des générations d’écoliers, quelques épreuves de certificat d’études: problèmes de robinets – avec leurs solutions… De quoi raviver bien des souvenirs. « Écrivain de métier, paysan de cœur », comme il se présente lui-même, Michel Jeury partage son inspiration entre le Périgord qu’il a quitté en 1987 et les Cévennes où il s’est installé depuis.
La grace et le venin
Tu seras leveuse de maux, ma belette, quand tu seras grande. Je t’apprendrai mes secrets. Et tu diras aussi de bonnes prières de missel : ça ne peut rien gâter. Le missel, c’était tout ce que la mère d’Aline avait laissé en héritage à sa fille, et les pauvres secrets de la Segonde, tout ce que la vieille guérisseuse, qui l’avait recueillie, pouvait transmettre à l’enfant, avec le don.
May le monde
May a dix ans. Peut-être est-elle en train de mourir. Le Dr Goldberg l’a envoyée en vacances dans la maison ronde, au milieu de la forêt, rejoindre quatre locataires, Thomas et Lola, Nora et la docteure Anne.
Ils sont chargés en fait de distraire les enfants malades. Et de leur apprendre le monde. Un monde qui ressemble au nôtre. Mais qui n’est pas le nôtre, qui en est prodigieusement distinct et distant, sur une autre brane. Où tout, en réalité, est différent, subtilement ou violemment. Le Dr Goldberg vous expliquera ça. Encore heureux qu’il y ait le changement, sans lequel la vie ne vaudrait pas d’être vécue. La langue de ce roman est étrange. Ce n’est pas tout à fait la nôtre. C’est celle d’un autre univers, parallèle si l’on veut, autorisé par la théorie des cordes, et où les personnages ont la faculté de passer d’un monde à l’autre, voire peut-être de créer des mondes, la faculté de changer.
La vallée de la soie
Alexandrine Jourdan s’est juré de posséder un jour sa propre filature. Passionnée par les vers à soie, fille de muletier dans les Cévennes du XIXe siècle, elle rejoint à quatorze ans la plus grosse fabrique du pays, celle des Favière. La vie y est dure et le contremaître, Charles Rabanel, y fait régner un climat de violence insupportable. Distinguée par les » messieurs » pour sa parfaite connaissance des textes protestants, la jeune huguenote se voit confier l’éducation religieuse des enfants de François-David Favière. Elle se rapproche alors de Mme Adrienne, la mère de Rabanel, qui finit par la convaincre d’épouser son fils. Fou d’amour pour Alexandrine, Rabanel se soumet à sa volonté. Mais sa violence reprend peu à peu le dessus et un drame terrible finit par se produire…