Trente ans déjà
Le refrain d’une vielle chanson d’Alain Souchonégrenait cette litanie : Trente ans, l’âge mur. Où l’on s’aperçoit qu’on peut pas compter sur. L’élasticité du tissu c’est sûr. »C’est précisément ce genre de doute existentiel qui assaille notre héros, Matt Beckford, à l’approche de la trentaine. Pour lui, le compte à rebours a commencé. L’idée que, passés 30 ans, il ne trempera plus jamais dans le bain de la jeunesse le terrorise. Sa jeune et jolie amie Élaine, âgée de22 ans, a beau tenter de le rassurer, rien à faire. Voilà que ça craque de partout. Matt décide de quitter New York pour s’installer en Australie. Mais avant cette nouvelle vie, Matt s’autorise– presque coupable– un retour flamboyant sur les traces de sa jeunesse.À Birmingham, cité industrielle de l’Angleterre où vivent encore ses parents et la plupart de ses amis de lycée, Matt recommence à fréquenter le pub du coin et à déconner avec les copains… comme à la belle époque. Moins ténébreux que les personnages de McInerney dans sonTrente ans et des poussières, les héros de Mike Gayle gèrent le blues de la trentaine en s’agitant frénétiquement sur les standards de Wham et en se cajolant sur de vieux canapés.Trente ans déjà, roman salvateur et caustique, fait passer la pilule du drame intime de la trentaine avec une bonne dose d’humour et beaucoup de bière.–Denis Gombert