Ce matin j’ai décidé d’arreter de manger
Je tiens depuis deux mois. J’ai déjà perdu presque dix kilos. Il faut que tout ce que j’avale dans la journée tienne dans un bol. On peut y mettre une tranche de jambon, trois haricots verts et un yaourt. Si le contenu dépasse le bol, c’est une catastrophe. Et je ne sais plus où j’en suis. » Justine raconte comment, à 14 ans, elle a commencé un régime « pour être belle » et a été prise dans une spirale infernale qui lui a fait perdre 36 kilos. Hospitalisée, à bout de forces, Justine est nourrie à l’aide d’une sonde pendant des mois, mais elle rechute, plusieurs fois. La boulimie prend le relais de l’anorexie. Epuisée physiquement et fragilisée psychologiquement, elle doit interrompre sa scolarité. Aujourd’hui, à 17 ans, Justine a retrouvé l’espoir et l’équilibre. Elle témoigne pour que cesse l’horrible dictature de la minceur et lance un cri d’alarme contre ceux qui érigent l’anorexie en valeur morale. C’est une jeune fille courageuse qui combat désormais pour la vie des autres adolescents.
Le fils
« Le onzième jour après ma mort, Papa est allé porter ma couette à la teinturerie. Monter la rue du Couédic, les bras chargés de ma literie, le nez dedans. Il se dit qu’il renifle mon odeur. En fait, ça pue, je ne les avais jamais fait laver ces draps ni cette couette. Ça ne le choque plus. Au contraire : subsiste encore quelque chose de moi dans les replis blancs qu’il porte à la teinturerie comme on porterait le saint sacrement. Papa pleure le nez dans le coton. Il profite. Il sniffe encore un coup la couette, et il pousse enfin la porte du magasin. Papa ne peut plus traîner. Condoléances, etc. Le teinturier – recondoléances, etc. – débarrasse papa de la couette. Papa aurait voulu que ça dure, une file d’attente, une livraison, une tempête, juste que ça dure le temps de respirer encore un peu plus des bribes de mon odeur. Papa se dépouille, il perd, il perd. » // Michel Rostain nous happe dans le récit d’un deuil impensable. Avec une infinie pudeur et une grande finesse, il nous entraîne dans les méandres d’un amour absolu, celui d’un père pour son fils.
Pour un jour de plus
Charley, la cinquantaine, veut mettre fin à ses jours après une vie qui l’a déçu. Au moment où il va s’abandonner, il revoit sa mère, morte huit ans auparavant, qui l’attend dans la maison de son enfance. La chance inouïe leur est offerte d’une dernière conversation, celle qu’ils n’ont jamais pu ou jamais osé entamer. Avec sa mère, Charley va pouvoir revenir sur le passé, se libérer du poids des secrets de famille, rechercher le pardon, et ainsi se retrouver.