Zone érogène
Bon sang, elle a fait, mais tu rêves ou quoi ? Il faudrait que je sois complètement cinglée pour retourner avec un type comme toi. Y a pas de place pour moi dans ta vie, y a de la place pour personne, il y a rien que toi et tes putains de bouquins ! Nina est la plus belle fille qu’il ait jamais eue, et il l’aime encore. Pourtant, ils se sont quittés. Parce qu’il n’est pas facile d’écrire un roman et d’aimer une femme en même temps. Parce que l’écriture est une nana tyrannique qui n’admet pas de rivale. Nous retrouvons avec plaisir le Philippe Djian novateur de 37°2 le matin. Entre deux canettes de bière tiède et quelques jolies filles dont l’une comptera toujours plus que les autres, cet antihéros nous offre un roman à la fois tendre et incisif, une leçon d’humour, d’amour et de lucidité, dans un style et une ambiance d’aujourd’hui.
Maudit manège
Tu vois à quoi ça ressemble un entonnoir ? il a demandé. Comme je ne répondais pas, il en a dessiné un dans les airs. – Quand tu auras mon âge, tu seras arrivé dans le petit bout, il a enchaîné. Tu verras qu’il ne te reste plus beaucoup de possibilités.
Echine
Dan a sacrifié ses nuits, ses jours, ses amis, ses amours à l’écriture. Il avait du talent, il a eu du succès. Et puis, un jour, plus rien. La page est restée vierge, la source était tarie. Depuis, Dan écrit des scénarios pour la télévision. Sur commande. Sans honte et sans passion. Mais il y a son fils Hermann ; la bière mexicaine ; les femmes toujours belles parce qu’on les aime, et qui s’en vont parce qu’on les aime trop – ou mal ; les voisins homosexuels et attendrissants ; et puis les couleurs de la rue, la transparence de l’air. Etres qui se cherchent à tâtons et qui tous ont le mal de vivre, quotidien qui est le nôtre et qui, par la magie du verbe, devient littérature, mélange de tendresse et de violence, d’espoir et de désespérance, on retrouve ici l’univers de Djian : « Dans la rue, les gens parlaient de leur facture de gaz et de la fin du monde.
Sotos
Entrer dans la vie, c’est entrer dans l’arène. On est jeune, plein de feu, et on croit la vie à ses pieds. Très vite, on découvre que ce qui va se passer est un peu plus compliqué qu’il n’y paraissait. Que les châtiments successifs débouchent sur l’inéluctable mise à mort. Sous la lumière brutale d’un immense Sud hispanique, trois hommes font brutalement l’apprentissage de la vie : Mani, fils sans père, dans toute la fougue de ses dix-huit ans, cherche une direction, un chemin ; Vito, père sans fils, confronté à la quarantaine, cherche à revenir dans les pas qu’il s’est tracé ; Victor Sarramanga, vieux solitaire farouche qui règne sur l’espace et les gens, cherche à régler ses ultimes comptes. Le premier va subir les premières piques, le second recevoir les banderilles, le dernier rencontrer son heure de vérité. Et tous vivront le manque amer de ce que l’on veut de toutes ses forces et qui ne vient jamais quand et comme on l’attend. Ainsi de ces femmes que l’on désire trop fort. Et qui se livrent trop vite, trop mal. Et tandis que les Sotos, ces petits démons qui vivent aplatis comme des galettes entre le bois et l’écorce et qu’on entend crier quand les troncs grincent et craquent à la tombée du jour, vibrent sous la tension électrique des orages, les personnages s’affrontent dans la fulgurance des passions et des pulsions. Jusqu’à ce que le feu les dévore et mette chacun, survivant ou mort, en paix armée avec lui-même.
Lent dehors
Un prof de musique, Henri-John, père de deux grandes filles, est plaqué par sa femme, Edith, écrivain à succès. Pour lutter contre la solitude, le stress qui monte, il part pour les Etats-Unis. Il loge chez son beau-frère, Oli, dans une vaste maison à véranda au bord de l’océan. Ce séjour face au ciel et à la mer sera l’occasion d’un monumental bilan. Djian ne cesse de revenir sur son passé dans une France de Meudon inventée par Céline, avec moutards et tractions avant, grisaille et pauvreté, pavillons de banlieue et fins de mois difficiles. Heureusement, il y a l’Amérique, son bonheur matinal, ses breaks rutilants, ses grandes étendues liquides, ses maisons de bois aux couleurs lie-de-vin, ses joggers fluo… L’Amérique de Djian est lisse, lavée, pimpante. Ce pays-là a des couleurs de cerf-volant qui vibre en plein bleu du ciel.
Vers chez les blancs
Dans le petit milieu littéraire, seules deux ou trois choses comptent vraiment : les pages que l'on noircit, les femmes que l'on séduit, l'argent que l'on amasse. Le tout en évitant les pannes. Francis a eu tout cela, du temps où il était un auteur à succès. Mais la roue a tourné, la gloire a déserté et, en attendant une improbable réédition, il ne lui reste plus guère que les femmes, la sienne mais surtout celles des autres. Il s'y jette donc à corps perdu, abuse du sexe en général et de celui de Nicole, la femme de son meilleur ami, en particulier.