La vérité sur Lorin Jones
« Véritable chronique de mœurs, roman policier, comédie baroque, La Vérité sur Lorin Jones est un miroir tendu à toute une génération de femmes qui jonglent avec le féminisme, le militantisme, les grands principes et les grands sentiments. »
Liaisons étrangères
Deux universitaires américains se voient accorder un congé d’études à Londres par leur faculté d’origine. Le premier, Fred Turner, surprend par sa beauté et sa jeunesse ; il aborde l’Angleterre plein d’amertume, blessé par l’échec de son mariage ; sa collègue, Vinnie Miner, ne lui ressemble en rien : vieille, petite, laide, revêche, elle est aussi une amoureuse inconditionnelle du pays de Shakespeare, dont elle maîtrise parfaitement tous les codes. Tous deux tireront pourtant le même bénéfice de leur séjour : une meilleure connaissance de soi et des autres, au terme d’un parcours qui leur aura appris à traverser les apparences, à démasquer l’hypocrisie et à dépasser leur complexe d’infériorité (ou de supériorité). Ils croiseront en route toute une galerie de personnages, qui sont autant d’occasions pour l’auteur d’exercer sa plume ironique et de prouver ses talents en matière d’analyse psychologique.
Son style élégant et les thèmes qu’elle traite rappellent indubitablement les ouvrages d’Henry James. Ce roman a obtenu le prix Pullitzer en 1985. Alison Lurie est également l’auteur de La Vérité sur Lorin Jones. –Nathalie Gouiffès
Nicolas Eymerich, inquisiteur
L’épitaphe de l’authentique Nicolas Eymerich, dominicain nommé Inquisiteur Général d’Aragon en 1357, évoque sa personnalité : prédicateur de la vérité, inquisiteur intrépide, docteur de premier ordre. Sous la plume de Valerio Evangelisti, le magister Eymerich, détective d’une redoutable efficacité, doté d’un tempérament implacable, enquête sans faillir sur les phénomènes aberrants. Le premier volet de ses aventures décrit sa fulgurante accession au plus haut des pouvoirs de son temps. Grâce à une conviction aussi manichéenne qu’inébranlable, l’Inquisiteur combat sans vergogne ce qu’il ne comprend pas, car il doit faire face à des apparitions dans le ciel et des naissances monstrueuses qui effraient les villageois. Au XXIIe siècle, un vaisseau envoyé dans le passé à la recherche d’une mystérieuse relique religieuse rate sa cible et se retrouve à proximité du lieu où officie l’Inquisiteur, tandis qu’à notre époque, un jeune homme nommé Frullifer tente, tant bien que mal, de défendre une thèse révolutionnaire sur une science énigmatique : la psytronique.
Plus tard le meme jour
Grace Paley est une magicienne irrésistible dans le comique comme dans le pathétique, car elles les marie d’une manière indissoluble.
Aucune bête aussi féroce
Le discret Mister Blue de Reservoir Dogs eut une vie avant d’étaler son faciès vérolé sur le grand écran. Bunker, le bien nommé, était l’auteur d’un traité post carcéral sans égal publié en 1973 et alors épuisé outre-Atlantique.
L’une de ces vraies fausses autobiographies qui ne s’encombre d’aucune couenne littéraire. La chair, les os et les tripes suffisent à faire de ce roman noir un aller simple pour l’enfer d’une vie toute tracée dès le berceau.
Un parcours horriblement classique, balisé et implacable : problèmes familiaux, délinquance juvénile et au bout une succession de séjours « au château… »
Rien de vraiment neuf, si ce n’est la violence aride, impitoyable, voire clinique, avec laquelle Edward Bunker décrit le quotidien du taulard en liberté conditionnelle et, surtout, l’impossibilité de modifier, voire seulement de rectifier une destinée ou de réécrire ce scénario.
Son héros, Max Dembo (Bunker lui-même, évidemment), s’applique ainsi consciencieusement en sortant de prison à ne pas s’engouffrer dans les culs-de-sac de son passé.
Mais le milieu et la prison sont des aimants dont on n’interrompt pas l’attraction à coup de rédemption. La cavale se fait alors allégorique, avec un terminus on ne peut plus kafkaïen.
Un tout petit monde
Où sont les campus d’antan où des professeurs de lettres besogneux erraient comme des âmes en peine entre les salles de cours, la bibliothèque et la salle des professeurs, l’intelligence en jachère, le cœur en sommeil ? Le jumbo-jet, les médias ont changé tout cela, arrachant les universitaires d’aujourd’hui à leur solitude, les amenant à communiquer avec de lointains collèges à l’autre bout du monde. L’ère du campus global est arrivée et ses liturgies favorites sont les congrès. Celui de Rummidge, par exemple, où nous retrouvons notre veille connaissance, Philip Swallow (Jeu de société et Changement de décor), ainsi que le bouillant Américain Morris Zapp. On notera la présence de deux jeunes universitaires brillants, la ravissante Angelica Pabst, dont tout le monde cherche à s’attirer les bonnes grâces, et le naïf Persse McGarrigle, un jeune poète irlandais qui n’a jamais entendu parler de structuralisme et qui compte bien sur elle pour l’initier! Les innombrables professeurs de littérature anglaise qui peuplent ce roman ne cherchent pas tant à satisfaire leur soif de savoir qu’à assouvir leur immense besoin d’amour. Sous la baguette de David Lodge, la littérature est le prétexte de rencontres hilarantes, et la planète se rétrécit comme par magie pour devenir une sorte de grand livre, peut-être cette anthologie de tous les livres dont rêvait Borges dans La Bibliothèque de Babel. Irrésistible de drôlerie, réaliste jusqu’à la crudité, le livre de David Lodge est surtout délicieusement mais parfaitement méchant comme savent l’être les œuvres des grands moralistes… (Patrick Raynal, Le Monde)
Les enfants du vampire
Arkady Tsepesh a fui la Transylvanie afin de soustraire son fils nouveau-né, Stefan, au pacte qui le condamnerait, comme chaque aîné de chaque génération, à assouvir inlassablement l’inextinguible soif de sang de son sinistre ancêtre le prince Vlad. Mais Arkady lui-même n’a pas réussi à échapper à la malédiction familiale.
Une faim irrépressible le pousse à égorger les innocents qu’i rencontre au fil de ses pérégrinations européennes : ce n’est qu’à ce prix qu’il peut assurer sa survie et accomplir coûte que coûte sa mission : détruire le » Voievod » avant que ce dernier ne parvienne à lier définitivement Stefan au destin sanguinaire de la dynastie de Dracul.
L’aiguille dans la botte de foin
« Perro » (le chien) Lascano est officier de police à Buenos Aires. C’est un policier intègre, position difficile à tenir dans l’Argentine de la dictature. Profondément affecté par la mort de sa femme, il se réfugie dans le travail. Un matin, il est envoyé près du Riachuelo, où trois cadavres ont été signalés : un jeune homme et une jeune femme dont les crânes ont explosé sous l’impact des balles, marque caractéristique des méthodes « d’exécution » des militaires. L’autre corps présente un aspect sensiblement différent ; il s’agit d’un homme bedonnant, d’âge mûr, dont la tête est intacte. Une tache de sang dessine une fleur sur sa chemise. Comme le dit Fuseli, le médecin légiste, « les morts parlent à ceux qui savent les écouter ». Lascano va s’efforcer de faire parler ce troisième cadavre, mais ce ne sera pas chose facile dans un pays où des hommes aigris et dangereux comme le major Giribaldi font régner la terreur. L’aiguille dans la botte de foin met en scène un policier atypique dans ce premier volume d’une future série.
Par-dessus le bord du monde
Georgie Jutland est une femme chancelante. À quarante ans, sa carrière d’infirmière en miettes, elle vit isolée à White Point aux côtés de Jim, un pêcheur de langoustes. Le village est à la fois riche et fruste, aberrant dans le paysage éblouissant. Georgie passe ses nuits à naviguer sur Internet en buvant de la vodka. Un matin, elle aperçoit une ombre sur la plage en contrebas. Luther Fox vient d’entrer dans sa vie. Braconnier des mers, timide et musicien, il est précédé d’une réputation de malheur et de malchance. Leur rencontre improbable, contrariée par la colère des langoustiers, se transforme en odyssée et leur amour fou en road-movie initiatique.
Coyote céleste
Après la première aventure de Mendoza qui se passe en l’Angleterre vers 1550 (voir Dans le jardin d’Iden pour comprendre de quoi il s’agit), on se retrouve quelque part dans le Nouveau Monde en 1699, où les cyborgs immortels se prépare à fêter, de manière grandiose, le passage à l’année 1700. Cette fois c’est Joseph qui raconte l’histoire de Coyote céleste (Sky Coyote). On découvre donc, par bribes, d’où il vient, comment il a été recruté par la Compagnie et un peu de ce qu’il y fait depuis plusieurs milliers d’années. Le début du roman se passe dans une sorte de station de villégiature cachée dans la jungle où les immortels se reposent, travaillent et mettent au point leurs diverses missions. On apprend comment ils vivent, comment ils s’amusent, et aussi un certain nombre de choses plus ou moins mystérieuses sur la Compagnie elle-même. La « mission » cette fois, va se dérouler dans ce qui deviendra la Californie, peu de temps avant l’arrivée de l’homme blanc et son cortège de catastrophes. Il s’agit de déplacer un village entier d’Indiens Chumash, avec leur accord et leur coopération et sans les traumatiser.
Nos premiers jours
Walter Langdon rêve d’avoir sa ferme et d’obtenir son indépendance, loin du regard paternel. Avec sa femme Rosanna, il décide d’acheter une exploitation agricole dans l’Iowa. Sur cette terre, sa famille connaît les grands bouleversements historiques de la première moitié du XXe siècle, de 1920, à l’aube de la dépression, jusqu’en 1953. Publiée chez Rivages depuis son premier roman, Jane Smiley fait son retour avec une saga superbe, nommée dans la prestigieuse liste du National Book Award et présente plusieurs mois dans la liste des best-sellers du New York Times. Smiley compose un roman émouvant et fascinant qui suit la famille Langdon sur une trentaine d’années, et raconte l’Amérique à travers les destinées intimes.
Nos révolutions
Après le succès de Nos premiers jours, la famille Langdon revient. Couvrant trente ans de vie et d’Histoire américaines, de 1953 à 1986, Jane Smiley prouve son incroyable talent pour scruter les liens affectifs et les tensions d’un clan. Entre destinées intimes et révolutions sociétales, on traverse des vagues d’émancipation, de libération ou de renoncement, avec en toile de fond l’élection de Kennedy, la guerre du Vietnam… Un roman émouvant et drôle, qui impressionne par sa puissance narrative.