
Signare Anna
Tita Mandeleau, pseudonyme de Danièle Saint-Prix Brigaud, née en 1937 en Martinique, est une écrivaine sénégalaise. Cette œuvre n’est pas une étude historique mais une œuvre littéraire avec un travail sur le langage : emploi de noms propres et de noms communs spécifiques à un espace et à une époque déterminée, empruntés quelquefois aux langues locales, variation des dénominations des lieux et des personnages, recours à des interjections africaines ou européennes, … Le roman se situe dans la période de la traite des noirs, notamment vers les Antilles. Il s’intéresse plus particulièrement aux métis de Saint-Louis lors de la prise de contrôle de ce territoire par les Anglais au milieu du XVIIIe siècle, pendant la guerre de Sept Ans, et notamment au rôle des femmes commerçantes et métisses, les signares, de ce comptoir de Saint-Louis. Tita Mandeleau y donne un aperçu des expériences vécues par les femmes, plutôt que des désirs ou des idéologies des hommes, et dresse un portrait de cette communauté de plus en plus autonome, tout en approfondissant les causes et les effets de son déclin économique. Le sous-titre, « le voyage aux escales », fait référence aux périples des navires des négociants saint-louisiens le long du fleuve du Sénégal. Ce n’est pas la première œuvre consacrée aux signares : outre les « Chants pour Signare » de Léopold Sédar Senghor, Maryse Condé, « guadeloupéenne indépendantiste », évoque la communauté des signares dans son roman historique Ségou, paru quelques années auparavant, mais ce roman de Tita Mandeleau marque les esprits par sa description de ses femmes.