Moi, Trésilien-Théodore Augustin
Ce n’est pas un mauvais bougre, ce Trésilien-Théodore Augustin qui se proclame Général-Président à vie pour dynamiter l’inertie de son île-pirogue, dont il déplore la nonchalante passivité. Mais franchement, instaurer, pour rattraper des siècles d’immobilisme, une direction des montres, horloges et calendriers, chargée de liquider des saints contre-révolutionnaires, court-circuiter saisons et fêtes carillonnées, ou interdire aux crabes de marcher de côté pour cause d’exhibition déviationniste, est-ce bien raisonnable ? Alors, le jour où Trésilien décide de supprimer le samedi, c’en est trop : Vent Debout et son bataillon de marchandes d’amour – dont c’est le meilleur jour – déclenchent la grève générale. Avec un succès à faire pâlir d’envie les syndicats de tous pays, jusqu’aux bulles d’eau gazeuse qui refusent de remonter à la surface ! Et le grand bond en avant de Trésilien s’écrasera le nez dans la mangrove… Sous le charme d’un conte éblouissant de verve, une question fort sérieuse, en écho à la phrase d’Aimé Césaire mise en exergue : Il y a, dans la société antillaise, plus de Polpots potentiels que vous ne le croyez.