Antoine Peillon
Ces 600 milliards qui manquent à la France
600 milliards d’euros : c’est la somme astronomique qui se cache depuis des décennies dans les paradis fiscaux, soit près de 10% du patrimoine des Français. Comment cette évasion fiscale massive a-t-elle été rendue possible ? Et pourquoi l’évasion de ce patrimoine fait-elle l’objet d’une telle omerta judiciaire, alors que les institutions de contrôle, la police, la justice, la douane, les services de renseignements, etc. en possèdent l’essentiel des preuves ? Quand on connaît la situation des comptes publics de la France, la question mérite d’être posée.
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Les otages du président
« … Dans cette valise, il y a une bombe atomique de dix kilotonnes. Prête à exploser ! » s’écria un intendant. Le président de la République française laissa son discours en suspens. Il s’appuya lourdement sur la table, sa main droite agrippant le micro devant lui. Ses yeux, brillant d’un éclat fixe, firent le tour de la salle de conférences et s’arrêtèrent sur une place vide, celle du secrétaire général du parti communiste soviétique. A sa droite, le président des États-Unis stupéfait ; « Vous ne voulez pas croire au terrosrisme nucléaire. eh bien. Nous y voilà pourtant ».
Papon, un intrus dans la République
Maurice Papon, secrétaire général de la préfecture de la Gironde de 1942 à 1944, est le seul haut fonctionnaire de Vichy poursuivi devant une cour d’assise pour crimes contre l’humanité. Dans son ouvrage, Maurice Papon, un technocrate français dans la collaboration, Gérard Boulanger avait décrit le rôle de Papon dans la déportation des familles juives de Bordeaux. Dans Papon, un intrus dans la République, l’auteur raconte la reconversion instantanée d’un homme de Vichy en bras droit du commissaire de la République nommé par de Gaulle, puis son blanchiment. Il révèle comment, grâce à ses réseaux dans l’appareil d’État, à des certificats de complaisance, à des faux administratifs et au soutien gaulliste, par un véritable tour de passe-passe, Maurice Papon est baptisé « résistant ». Papon peut alors poursuivre une belle carrière sous la IVe et Ve République. Préfet de police de Paris pendant la guerre d’Algérie, il finit ministre de Giscard d’Estaing.
Vive la 6e République
Nos démocraties souffrent de nouvelles maladies. Comme celles que l’on contracte à l’hôpital, elles viennent de l’intérieur, du jeu démocratique lui-même. Le populisme est ainsi un dérèglement de certains de nos systèmes politiques qui ne savent pas répondre à la globalisation. Ils n’en meurent pas tous mais tous sont atteints. En France plus qu’ailleurs. Décolonisation violente, perversion médiatique, « sondagisme » aigu, autant de travers qui abîment la politique et renvoient à l’épuisement de la Ve république. Notre régime, loin de réduire cette crise, l’aggrave. Loin de développer la démocratie, il l’entrave. Notre constitution, jadis utile, ne remplit plus sa fonction. Entre cohabitation délétère et présidentialisme monarchiste, les Français ne s’y retrouvent plus. Il faut mettre un terme à cette confusion. La solution n’est pas américaine mais européenne. Au régime présidentiel ici voué à l’échec il faut préférer le modèle européen des grandes démocraties parlementaires dirigées par le Premier ministre.
Désobéissance
Six avions sont envoyés en mission de bombardement. En désespoir de cause, le commandement les a sacrifiés. Dans l’avion de tête, un vieux colonel n’a qu’un but : ne pas laisser périr des hommes pour des occasions qui ne les valent pas. A bord d’un des avions, un capitaine, passionné de son métier, accepte les ordres, quels qu’ils soient. Il est prêt à mourir ; mais les événements lui donnent tort. Entre les deux hommes, un conflit classique : celui de l’expérience des vraies responsabilités, chez le colonel, contre, chez le capitaine, l’ardeur disciplinée, pouvant aller jusqu’aux automatismes. Les deux hommes sont à trois cents mètres l’un de l’autre dans le ciel. Pour le vieux colonel, il faut refuser les règles d’un jeu imbécile.

