Bret Easton Ellis
Glamorama
L’ennemi numéro un des partisans du « politiquement correct » a encore frappé. Après avoir révélé, dans « American Psycho », la face obscure des « yuppies », Bret Easton Ellis noue ensemble la dictature de l’apparence et la brutalité aveugle du terrorisme dans « Glamorama ». De New York à Paris, le narrateur, Victor Ward, ne sait plus distinguer la réalité de sa mise en scène. Son oscillation entre le monde glacé du « star-système » et ses divers représentants, et le monde politique des intrigues et des complots l’entraîne dans une dérive (très) sanglante. Manipulé de toutes parts, Victor souffre. Son identité et sa santé mentale connaissent quelques dérèglements. Ses seuls repères restent les noms de marques et les personnages connus, et la prolifération de dialogues idiots ou absurdes, contaminés par les pubs télé, masque la profondeur de son malaise. Victime et coupable, Victor est à l’image de ce qu’il montre, ambigu et flou. Roman de l’excès, « Glamorama » parachève avec brio le travail de sape des illusions entrepris par Bret Easton Ellis. –Hector Fricotin