Dominique Carleton
La mer à boire
Camille aurait tout pour être heureuse dans le meilleur des mondes. Douée d’une belle verve et du pouvoir de fascination des gens qui vont « au bout d’eux-mêmes », elle exerce son talent dans une boîte de publicité. Mais brutalement, et par une rupture confiée ici à l’ellipse, son univers s’effondre. De provocation ébranlant toute hypocrisie en agression sourde, elle s’enfonce petit à petit dans l’ornière, qui pourrait bien aussi contenir sa vérité. En tous les cas, elle parle, se livre, pour un portrait au vitriol de notre société et de son cortège d’opportunistes devenus les « décideurs » d’aujourd’hui. Il s’agit d’une lente dérive vers la pauvreté, l’isolement, l’abandon, mais avec l’énergie toujours maintenue du désespoir, et l’humour, dernier luxe de ceux qui ont tout perdu. Vous avez déjà entendu parler de littérature à l’estomac ? En voilà. Camille traverse sa nuit jusqu’au bout. L’aube est faite de son écriture, cruelle, ironique, visionnaire.