Pascal Bruckner
La tyrannie de la pénitence (essai sur le masochisme occidental)
Le monde entier nous hait et nous le méritons bien, telle est la conviction d’une majorité d’Européens et a fortiori de Français. Depuis 1945, notre continent est habité par les tourments de la repentance. Ressassant ses abominations passées, les guerres incessantes, les persécutions religieuses, l’esclavage, le fascisme, le communisme, il ne voit dans sa longue histoire qu’une continuité de tueries. A ce sentiment de culpabilité, une élite intellectuelle et politique donne ses lettres de noblesse, appointée à l’entretien du remords comme jadis les gardiens du feu. Dans cette rumination morose, les nations européennes oublient qu’elles, et elles seules, ont fait l’effort de surmonter leur barbarie pour la penser et s’en affranchir. Et si la contrition était l’autre visage de l’abdication ?
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Rêves d’étoiles
Grâce à une relation de longue date entre Jean-Loup Chrétien et Catherine Alric, cet ouvrage relate, d'une façon nouvelle et singulière, l'expérience de l'air et de l'espace à travers toute une série de questions posées par la comédienne à l'astronaute. Soutenue par sa connaissance du milieu des enfants, Catherine Alric soulève des interrogations qui relèvent aussi bien du rêve que du réalisme et s'adressent aux plus jeunes comme aux plus avertis. Jean-Loup Chrétien s'implique plus fortement dans son activité de conférencier, dont le but est de débattre sur l'avenir de l'homme dans l'espace et de participer aux grandes discussions sur le, devenir de notre planète. Jean-Loup Chrétien, pilote de chasse et d'essai, astronaute, a été cosmonaute à la Cité des Étoiles de Moscou en 1980-1982 et 1986-1988, puis à la NASA en 1984-1985 et 1994-2001. Il a réalisé trois vols dans l'espace et une sortie extravéhiculaire.
La fièvre verte
La fièvre est un mal pernicieux dont souffrent les candidats à l’immortalité garantie par l’habit vert.
Dans la Fièvre verte, Jacques Isorni, candidat au « fauteuil » de Jérôme Carcopino, raconte sa campagne académique. Il rapporte avec une liberté totale les libres propos échangés lors de ces fameuses « visites » que déconseille le règlement de l’Académie. Jamais un tel livre, profondément authentique, n’avait été écrit. Les élus se hâtent d’oublier et se taisent. Les battus réservent l’avenir. Mais ce livre est surtout l’occasion pour Isorni d’ouvrir au lecteur une extraordinaire galerie d’immortels, morts ou vivants : secrétaires perpétuels, cardinaux et ducs, écrivains, savants, philosophes, avocats. et les autres. Il n’y a plus de militaires. Et, dès lors qu’autour de sa candidature sa rallumait une querelle non académique, celle de la France, pétainisme et gaullisme, c’est une page de notre histoire qu’il a écrite au cours d’un récit passionné, admiratif, critique, parfois même comique ou cruel.
Fier d’être français
Il faut bien que quelqu’un monte sur le ring et dise: « Je suis fier d’être français. » Qu’il réponde à ceux qui condamnent la France pour ce qu’elle fut, ce qu’elle est, ce qu’elle sera: une criminelle devenue vieillerie décadente. Or nos princes, qui devraient la défendre, au lieu de pratiquer la boxe à la française, s’inspirent des lutteurs de sumo! Comment ne pas chanceler dans ces conditions? Et les procureurs de frapper fort. Ils exigent que la France reconnaisse qu’elle les opprime, qu’elle les torture, qu’elle les massacre. Seule coupable! Pas de héros dans ce pays! Renversons les statues, déchirons les légendes. Célébrons Trafalgar et Waterloo, et renions Austerlitz! Ils veulent que la France s’agenouille, baisse la tête, avoue, fasse repentance, reconnaisse ses crimes et, tondue, en robe de bure, se laisse couvrir d’insultes, de crachats, heureuse qu’on ne la « nique » qu’en chanson et qu’on ne la brûle que symboliquement chaque nuit! Il est temps de redresser la tête, de hausser la voix, de monter sur le ring… et de boxer à la française!
Les critiques de notre temps et Claudel
Paul Claudel nous oblige. Le désir violent qui se déploie dans ses textes de théâtre nous invite à être constamment attentifs à ce qui en nous de faiblesse et de lassitude appelle à un dépassement frénétique de l’être vers la grandeur, comme une exigence d’humilité et d’orgueil devant l’existence. Quand l’ironie facile et la paresse de la critique veulent limiter notre joie et notre aspiration à un amour plein, Claudel nous oblige à renaître à la vitalité qui meut le corps et l’esprit des créatures, en opposant l’épreuve vraie de la souffrance à l’endormissement honteux des sens, partout loué.