Eduardo Manet
Les trois frères Castro
Il est mort. » l’ex-colonel José Antonio Montes, jadis officier du ministère de l’Intérieur, n’a pas besoin d’en dire davantage à Salvador Ferrer, dit » Salva « , ex-président du comité de défense de son quartier. » Il est mort « . A Cuba, depuis un demi-siècle, ce » il » suffit à désigner Fidel Castro. L’annonce ne sera officielle qu’à midi, mais José est au courant depuis 4 heures. Il a fallu cette nouvelle pour rapprocher les deux hommes, après vingt ans de brouille, dans une villa décrépite de La Havane. C’est que Salva, révolutionnaire malgré lui, est le beau-frère de José. Et que ses enfants étaient des » dissidents » Penchés sur une tasse de rhum pour y lire leur passé, José et Salva revivent un demi-siècle d’histoire cubaine. Histoire triple, à l’image des frères Castro, si proches et si différents. Fidel, pharaon embaumé dans l’effluve de ses cigares. Ratil, alias » Petite Musaraigne « , dévoué serviteur de son aîné. Et puis Ramon, le plus ancien, » un type incroyable, qui contribue à une cause en laquelle il ne croit pas « . Un vieux copain d’enfance et de saoulerie, aussi… Trois frères, trois Parques qui n’ont cessé d’emmêler le destin des héros d’Eduardo Manet, campés sous le soleil trompeur d’une révolution dont ce roman est la chronique vive et désabusée.