Daniel Pennac
Messieurs les enfants
« L’imagination ce n’est pas le mensonge, » tel est le leitmotiv que Crastaing assène inlassablement à ses élèves, qui ne l’écoutent guère. Si peu même que trois d’entre eux, les plus frondeurs, Igor Laforgue, Joseph Pritsky et Nourdine Kader vont écoper, en guise de punition, du devoir suivant: Vous vous réveillez un matin, et vous constatez que vous avez été transformé en adulte. Complètement affolé, vous vous précipitez dans la chambre de vos parents. Ils ont été transformés en enfants. Racontez la suite. La suite prouvera que la réalité dépasse souvent la fiction puisque c’est ce qui va véritablement se produire à travers une série de catastrophes et de métamorphoses rocambolesques qui donnent à l’auteur de « Comme un roman, » l’occasion de réfléchir non seulement sur le pouvoir de la fiction mais sur l’enfance et l’éducation. Tout en se livrant sans restriction au « bonheur narratif », Daniel Pennac porte un jugement sévère sur une certaine attitude pédagogique qui produit des enfants « amputés de leur enfance, poussés prématurément dans le train des ambitions, programmés dès l’ovule » et invite chacun de ses lecteurs, quel que soit son âge à « ressentir l’enfance au moins une fois. »