René Rémond
Notre siècle
4ème de couverture de ce volume précis de L’Histoire de France son la direction de Jean Favier : Un Français né au début de ce siècle aura connu deux guerres mondiales d’une durée jamais atteinte depuis celles de la Révolution et de l’Empire, ainsi qu’une série de conflits coloniaux. Surtout, il aura vécu un désastre auquel seuls les lointains souvenirs de la guerre de Cent Ans peuvent être comparés: la défaite de 40 et les drames qui ont suivi… Il aura subi au moins deux crises économiques majeures qui ont remis en cause des acquis qu’il croyait définitifs. Il aura vu se succéder quatre systèmes politiques (dont l’un supprima la démocratie), aura assisté à deux, sinon à trois, crises de régimes, à cinq ou six alternances avec la mise en chantier de vastes programmes de réformes; il aura été le témoin de constantes divisions et de guerres civiles larvées. Faut-il enfin souligner combien son niveau et son mode de vie ont évolué, combien ses repères culturels et affectifs se sont altérés et transformés? Notre siècle est bien celui du changement. Du changement accepté d’abord, du changement souhaité ensuite parce que perçu comme nécessité: pour la première fois dans l’Histoire, le désir de modernité l’a emporté en France sur l’attachement aux valeurs permanentes. Il ne suffit pourtant point d’énoncer ces évidences, encore faut-il _ et c’est là le privilège de l’historien _ savoir distinguer la lame de fond de l’écume et donner un sens à ce que la nation a vécu mais que les Français n’ont pas tous, loin de là, perçu de la même façon. Né en 1918, professeur émérite à l’université de Paris-X et président de la Fondation nationale des Sciences politiques, René Rémond est le maître incontesté de l’histoire politique contemporaine. Jean-François Sirinelli, qui a rédigé les chapitres d’histoire culturelle du présent volume, né en 1949, est professeur à l’université de Lille-III et est spécialiste de l’histoire politique et socioculturelle de la France du XXe siècle.