Jean-Marie Bigard
Rire pour ne pas mourir
Avec mon frère et mes sœurs, quand par hasard on se rencontre, on se regarde les chaussures, on évite soigneusement de croiser les yeux de l’autre pour ne pas éclater en larmes, là, comme des cons, au coin de la rue. À quand remonte la dernière fois qu’on s’est pris dans les bras ? Je crois que c’était au cimetière, pour maman. Pour papa, déjà, on ne se touchait plus. Comme si se toucher, s’embrasser, c’était risquer de se remémorer combien on était heureux, tous les six, sous le même toit. Combien on s’aimait. Ce temps-là a été trop radicalement anéanti pour qu’on y retourne ». Longtemps, Jean-Marie Bigard a pensé qu’il ne survivrait pas aux blessures de son passé. Alors il n’a pas cessé de courir, du Point-virgule au Stade de France, en passant par l’Olympia et Bercy, devenant au fil de ses spectacles le premier clown de France.
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