Nicolas Martin-Granel
Rires noirs
Rires noirs ? Voulez-vous dire que les Noirs ont le rire noir ? N’est-ce pas creuser le malentendu, en partant d’une mauvaise plaisanterie, à propos de sujets qui mériteraient d’être traités sur un ton plutôt sérieux. Sans doute, mais le lecteur critique qui passe après l’écrivain n’a pas à désamorcer les bombes à retardement qu’il trouve dans ce qu’il lit. Il saute dessus : en lisant, il les fait exploser en éclats de rire. Voici ces éclats dans le roman des romans des Rires noirs du monde noir.
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C’est beau une ville la nuit
C'est beau une ville la nuit n'est pas à proprement parler un roman autobiographique, ni une simple biographie d'acteur, mais bien plutôt l'écriture d'une errance et d'une quête. « Une balade, l’œil et l'esprit grand ouverts au vif de la ville et au droit de la vie, une route de douleurs, de joies et finalement d'espérance. » Ce livre est un fragment d'itinéraire de l'homme Bohringer avant même que les écrans renvoient cette image d'une « gueule » de cinéma et que celle-ci s'impose par la forte présence d'un comédien dont les valeurs personnelles ne se réduisent pas à sa profession et au narcissisme qu'elle entretient. Ouvert aux autres et amoureux de l'amitié, Richard Bohringer, grand lecteur de Cendrars, de Kérouac ou de London, sait donc que la raison même de l'écrivain est de mythifier la réalité de la vie, de dire vrai même dans l'imaginaire puisque « la réalité dans tout cela, ce sont les faits, les gens non pas tels qu'ils sont mais tels qu'on les vit. C'est la règle du jeu. La seule avec laquelle il acceptable de jouer. »
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