Gérald Arboit
Saint-John Philby contre Lawrence d’Arabie
En octobre 1917, la révolte arabe est la grande affaire du renseignement britannique. Mais, particularité du système colonial, elle est de la compétence de deux services différents, l'Arab Bureau, au Caire, et la dépendance du Gouvernement de l'Inde, à Bagdad. Chacun de ces services délègue auprès des chefs arabes un émissaire : Thomas E. Lawrence pour l'un et Harry St. John Bridger Philby pour l'autre. Le second aurait dû se subordonner au premier, puisqu'il convient de soulever les tribus d'Arabie contre l'armée ottomane. Chacun fait un choix stratégique différent, l'un se conformant aux ordres et promouvant Husayn bin 'Alï, le chérif de La Mecque, l'autre choisissant de favoriser Abd al-'Aziz Âl Su'ùd, le souverain wahhabite du Nedjd. Les deux hommes se rencontrent après-guerre, leurs choix initiaux, confrontés à la subtilité de la politique britannique, ayant achevé de les décevoir.