Hella S. Haase
Une liaison dangereuse – Lettres de La Haye
« Oh oui, Madame, je vous vois très bien, une fois de plus au cœur de la nuit, quitter La Haye en laissant derrière vous de lourdes dettes, excepté chez votre libraire. Où avez-vous ordonné au cocher de conduire vos chevaux ? Est-il plausible que vous ayez choisi de retourner à Paris pendant la Terreur ? » En reprenant le fil des Liaisons dangereuses, en s’adressant par lettres à la marquise de Merteuil, héroïne cynique du grand roman de Laclos, une femme de notre époque confronte sa sensibilité, son intelligence et sa vie à celles d’une aristocrate du XVIIIe siècle. Qu’est-ce que l’amour ? Qu’est-ce que la trahison ? Et surtout, qu’est-ce que la liberté d’une femme, sous l’Ancien Régime comme de nos jours ?
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Celestino Marcilla, Madrilène de famille bourgeoise, a milité à gauche pendant les années qui précédèrent la guerre civile, puis combattu avec une bravoure remarquée dans les milices, puis s'est réfugié en France au moment de la défaite de 1939. Alors une fille – son unique enfant – lui est née, Pascualita, et sa femme est morte. Celestino a emmené sa fille avec lui à Paris, qu'il n'a pas quitté depuis. En 1959, elle a vingt ans, et il en a soixante-sept. Celestino, à Paris, vit de ses rentes, qui lui donnent une certaine aisance. Il ne fait rien, que penser ou rêver politique, passant ses journées à lire et à annoter des journaux et des livres, à écrire des articles de politique ou de sociologie qui sont refusés partout, et un ouvrage qui n'avance pas – au côté de Pascualita, qui n'a qu'indifférence et dédain pour les préoccupations ou plutôt l'obsession de son père.
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