Bernard Giraudeau
Cher amour
Je suis en arrêt de jeu, sur le clos, paupières closes. Je sais que vos mains, fines, élégantes, déliées, sont une harmonie, une musique pour saisir mes lettres, les déplier et les tenir comme la plus précieuse découverte de notre vie. Cette main qui repousse une mèche de cheveux reste suspendue pendant que vous lisez, attentive, les mots sacrés de ce voyageur infatigable qui a fini par s’arrêter dans votre jardin. Je vous aime depuis si longtemps, depuis avant le début. Ces lettres qui ne pourraient jamais finir sont celles de mes mouvements géographiques et de mes voyages immobiles sur la scène. Mais probablement y verrez-vous un autre voyage plus complexe, plus hardi, plus désespéré. Voyager, dit-on, on n’en revient jamais. Le prendrez-vous ce temps de me lire pour me prolonger un peu en vous ?
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De son côté, l’homme du travail est trop accablé, trop malheureux et trop effrayé de l’avenir, pour jouir de la beauté des campagnes et des charmes de la vie rustique. Pour lui aussi les champs dorés, les belles prairies, les animaux superbes, représentent des sacs d’écus dont il n’aura qu’une faible part, insuffisante à ses besoins, et que, pourtant, il faut remplir, chaque année, ces sacs maudits, pour satisfaire le maître et payer le droit de vivre parcimonieusement et misérablement sur son domaine.
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Le roman relate, sans nécessairement respecter la chronologie, nombre d'événements intervenus pendant le séjour au Kenya de la baronne Blixen de la fin de 1913 à 1931. Une grande partie de ces événements concerne la vie des indigènes que Karen Blixen apprend à connaître peu à peu et à comprendre. D'autres relatent la vie des Européens dont la figure de Finch Hatton qui se détache des autres colons, par le mélange d'un mode de vie rude et d'un esprit raffiné. Karen Blixen vit une liaison romantique et passionnée avec cet aristocrate anglais, chasseur de safari, toujours ailleurs, partout présent.
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Yvain
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