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Catherine Nay
L’impétueux
A toi, je peux le dire, c’était le jour le plus triste de ma vie. Cet aveu, lâché un soir de septembre 2007, devant une amie très chère, dans un moment d’abandon, Nicolas Sarkozy ne le confessera plus jamais à personne. Il disait vrai pourtant, mais qui aurait pu le croire ? Ce triste jour étant le 6 mai 2007. Celui même de son élection à la Présidence de la République. Le couronnement de son ambition depuis ses vingt ans.
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Le pouvoir n'est plus une tentation mais une réalité pour Alain Juppé : le voilà Premier ministre et héritier de Chaban à Bordeaux en même temps que dirigeant du principal parti français, après avoir été encensé par Mitterrand et Giscard pour ses qualités intellectuelles. La biographie manquait; deux journalistes, l'un de France 2, l'autre de RTL, s'en sont chargés. Ils retracent sans surprise, mais malheureusement sans impertinence, les étapes de l'ascension programmée d'un jeune technocrate arrivé un peu par hasard au cabinet de Chirac à Matignon en 1976, qui lorgne en s'en cachant à peine l'Elysée pour 2002. Cette biographie est aussi le portrait d'un animal politique un peu moins froid qu'il n'en a l'air.
Rien de grave
« Tu t’attendais à quoi ? Je lui ai dit. Tu crois que ça va être facile de me quitter ? Tu crois que je vais te laisser faire comme ça ? J’ai lancé le cadre par terre, le verre s’est brisé mais comme c’était pas assez, j’ai bondi du lit et j’ai déchiré la photo, celle qu’il prétendait tant aimer, la photo de nous deux en mariés, beaux et légèrement ridicules, il y avait tant de monde qu’on ne connaissait pas à notre mariage qu’on est partis avant la fin. Il a eu l’air triste, plus de la photo déchirée que du fait de me quitter. Il a toujours été fou avec les photos. Parfois je me disais qu’il n’aimait les choses de la vie que pour les voir un jour en photo. Moi c’est le contraire, rien ne me fait plus peur qu’une photo de bonheur avec toute la quantité de malheur qu’elle promet, qu’elle contient, mais sans le dire, en cachant bien son jeu. Je ne savais pas encore que c’était la meilleure chose qui puisse m’arriver, qu’il me quitte. Comment j’aurais pu le savoir ? Il était toute ma vie, sans lui je n’existais pas. »
La tragédie du président
On ne se méfie jamais assez des journalistes. Pour n'avoir pas à courir derrière une mémoire qui n'a jamais cessé de me fuir, je prends des notes. C'est ainsi que, depuis plus de quinze ans, j'ai consigné sur des cahiers à spirale la plupart de mes conversations avec Jacques Chirac. Alors que son règne arrive à son couchant, il m'a semblé qu'il était temps de vider mes carnets. Je ne les avais pas écrits pour qu'ils restent à rancir au fond d'un tiroir mais parce que le métier qui mène mes pas consiste à faire la lumière sur tout. Telle est sa grandeur et sa misère. Si l'on veut garder sa part d'ombre, il ne faut pas fréquenter les journalistes. Ceci n'est donc pas une biographie au sens propre mais plutôt l'histoire d'une tragédie personnelle, devenue, sur la fin, une tragédie nationale.
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Jules Vallès, jeune bachelier, ne trouve pas de travail pour une raison bien simple : « J'ai dix ans de colère dans les nerfs, du sang de paysan dans les veines, l'instinct de révolte… ne voyant la vie que comme un combat, espèce de déserteur à qui les camarades même hésitent à tendre la main, tant j'ai des théories violentes qui les insultent et qui les gênent; ne trouvant nulle part un abri contre les préjugés et les traditions qui me cernent et me poursuivent comme des gendarmes. ». Dans ce deuxième volume autobiographique, entre L'Enfant et L'Insurgé, Jacques Vingtras le réfractaire manifeste au Quartier latin, échafaude avec ses amis mille projets révolutionnaires. L'écriture est enflammée, pleine d'humour. La Commune se profile à l'horizon. En attendant il faut vivre : il sera pion.