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Laurent Fignon
Nous étions jeunes et insouciants
Vainqueur du Tour de France à deux reprises, Laurent Fignon entre, à 22 ans, dans la légende du cyclisme français. Il incarne la jeunesse, la fougue, l’impertinence, et rivalise avec des coureurs comme Bernard Hinault, à qui il rend un vibrant hommage. Entre 1982 et 1993, Laurent Fignon connaît tout ce qu’un champion hors normes peut espérer et redouter : le dépassement de soi, la gloire, une blessure grave, le doute, la tentation du dopage et le terme d’une d’une carrière exigeante. Dans ce témoignage sans concessions, l’ancien champion, devenu commentateur sportif à France Télévisions, nous dévoile aussi, et pour la première fois dans ce milieu, ce qu’était alors le métier de coureur cycliste avec ses fêtes, ses trahisons, ses combines, mais aussi les filles, la camaraderie et, bien sûr, le dopage…
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Rien de grave
« Tu t’attendais à quoi ? Je lui ai dit. Tu crois que ça va être facile de me quitter ? Tu crois que je vais te laisser faire comme ça ? J’ai lancé le cadre par terre, le verre s’est brisé mais comme c’était pas assez, j’ai bondi du lit et j’ai déchiré la photo, celle qu’il prétendait tant aimer, la photo de nous deux en mariés, beaux et légèrement ridicules, il y avait tant de monde qu’on ne connaissait pas à notre mariage qu’on est partis avant la fin. Il a eu l’air triste, plus de la photo déchirée que du fait de me quitter. Il a toujours été fou avec les photos. Parfois je me disais qu’il n’aimait les choses de la vie que pour les voir un jour en photo. Moi c’est le contraire, rien ne me fait plus peur qu’une photo de bonheur avec toute la quantité de malheur qu’elle promet, qu’elle contient, mais sans le dire, en cachant bien son jeu. Je ne savais pas encore que c’était la meilleure chose qui puisse m’arriver, qu’il me quitte. Comment j’aurais pu le savoir ? Il était toute ma vie, sans lui je n’existais pas. »
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