Eugène Ionesco
Rhinocéros
Ce sont eux qui sont beaux. J’ai eu tort ! Oh ! Comme je voudrais être comme eux. Je n’ai pas de corne, hélas ! Que c’est laid, un front plat. Il m’en faudrait une ou deux, pour rehausser mes traits tombants. Ca viendra peut-être, et je n’aurai plus honte, je pourrai aller tous les retrouver. Mais ça ne pousse pas ! Il regarde les paumes de ses mains. Mes mains sont moites. Deviendront-elles rugueuses ? Il enlève son veston, défait sa chemise, contemple sa poitrine dans la glace. J’ai la peau flasque. Ah, ce corps trop blanc, et poilu ! Comme je voudrais avoir une peau dure et cette magnifique couleur d’un vert sombre, une nudité décente, sans poils, comme la leur !
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Cette Chine, que nous reconnaissons, la connaissons-nous? Nullement. De Marco Polo à Gutenberg, des Jésuites aux Dominicains, de Montesquieu à Voltaire, des fascistes aux staliniens, ce fut toujours à qui la tirerait à soi. Combien d'Allemands avoueraient que Gutenberg n'a pas inventé l'imprimerie? Combien de Français pourraient dire comment les Chinois des grands siècles faisaient l'amour ? Puisque nous reconnaissons la Chine, reconnaissons d'abord les plus flagrantes de nos erreurs.
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La puissance comique de l'œuvre d'Aristophane, seul vestige de l'ancienne comédie athénienne, et l'éternelle actualité des thèmes de ses pièces (critique de la guerre et des «marchands de canons», satire du monde politique et de ses démagogues…) ont fait admettre depuis longtemps son théâtre parmi les chefs-d'œuvre ; mais encore faut-il pouvoir lire Aristophane. Cette nouvelle traduction des onze pièces qui nous restent de lui, très fidèle à la lettre même du texte grec, respecte aussi leur forte inscription dans la vie quotidienne athénienne, en évitant autant que possible les transpositions trop faciles.