Paul Guth
Le naif aux quarante enfants
« J’étais en pays d’oïl. Sous le glacis d’accent pointu que je m’imposais, à aucun prix ne devait percer la pointe d’ail de ma langue d’oc. La première phrase, articulée au seuil de mon premier poste, me semblait être le Sésame de ma carrière. Je renfonçai donc dans ma gorge les bouffées de chaleur méridionale qui me poussaient à prononcer : Jo souis lo nouvô professor do lettro. A travers mon gosier, si serré qu’on n’aurait pas pu y enfiler une aiguille, je flûtai, à la parisienne : Jeu suis leu nuveau preufessur de lettru. Puis, je laissai glisser, de biais, sur mon visage, l’ombre d’un sourire. » Ainsi commence Le Naïf aux quarante enfants, roman étincelant d’humour, tendre aussi et touchant.
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