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Kesso Barry
Kesso, princesse peuhle
Sandra, c’est à toi que je m’adresse. Il s’agit de ma vie, et je pourrais commencer mon récit par: il était une fois dans le Fouta-Djalon une petite fille qui s’appelait Kesso. Elle était peuhle, musulmane, et princesse de sang promise à un mariage royal. Je poursuivrais un récit où l’étrange et le merveilleux tisseraient une fresque multicolore pour te faire rêver. Mais ma vie n’est pas un conte, même si elle y ressembla le temps d’une enfance. Elle fut un combat que la femme en toi comprendra. Kesso par Kesso Barry raconte l’histoire d’une femme que le destin conduit du Fouta-Djalon aux milieux huppés de la société parisienne; ce livre raconte aussi une tranche d’histoire: la fin d’une époque marquée par le déclin de la noblesse peuhle et l’effritement de la toute-puissance des Almamys ; il raconte enfin la réflexion d’une femme qui porte un regard critique sur son existence.
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On ne se méfie jamais assez des journalistes. Pour n'avoir pas à courir derrière une mémoire qui n'a jamais cessé de me fuir, je prends des notes. C'est ainsi que, depuis plus de quinze ans, j'ai consigné sur des cahiers à spirale la plupart de mes conversations avec Jacques Chirac. Alors que son règne arrive à son couchant, il m'a semblé qu'il était temps de vider mes carnets. Je ne les avais pas écrits pour qu'ils restent à rancir au fond d'un tiroir mais parce que le métier qui mène mes pas consiste à faire la lumière sur tout. Telle est sa grandeur et sa misère. Si l'on veut garder sa part d'ombre, il ne faut pas fréquenter les journalistes. Ceci n'est donc pas une biographie au sens propre mais plutôt l'histoire d'une tragédie personnelle, devenue, sur la fin, une tragédie nationale.
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« Tu t’attendais à quoi ? Je lui ai dit. Tu crois que ça va être facile de me quitter ? Tu crois que je vais te laisser faire comme ça ? J’ai lancé le cadre par terre, le verre s’est brisé mais comme c’était pas assez, j’ai bondi du lit et j’ai déchiré la photo, celle qu’il prétendait tant aimer, la photo de nous deux en mariés, beaux et légèrement ridicules, il y avait tant de monde qu’on ne connaissait pas à notre mariage qu’on est partis avant la fin. Il a eu l’air triste, plus de la photo déchirée que du fait de me quitter. Il a toujours été fou avec les photos. Parfois je me disais qu’il n’aimait les choses de la vie que pour les voir un jour en photo. Moi c’est le contraire, rien ne me fait plus peur qu’une photo de bonheur avec toute la quantité de malheur qu’elle promet, qu’elle contient, mais sans le dire, en cachant bien son jeu. Je ne savais pas encore que c’était la meilleure chose qui puisse m’arriver, qu’il me quitte. Comment j’aurais pu le savoir ? Il était toute ma vie, sans lui je n’existais pas. »