Elissa Rhais
La fille d’Eléazar
Éléazar Cohen, le rabbin le plus respecté de toute la communauté juive d’Alger, est un père heureux. Sa fille Deborah – la pure, la vertueuse Deborah – va bientôt atteindre l’âge auquel elle doit fonder une famille. Et son époux est tout trouvé : Jacob le talmudiste, l’élève préféré du rabbin, dont l’amour pour Deborah n’est un secret pour personne. Mais les préceptes de la Torah sont formels : nul ne doit épouser une Cohen s’il ne peut lui assurer une vie digne de ce nom sacré. Or Jacob est pauvre, ses soeurs n’ont pas encore été mariées – autant d’obstacles au bonheur des jeunes gens.
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Parvenu à l'heure des bilans, le narrateur, directeur d'hôpital, se souvient que, trente ans auparavant, on avait exhibé devant les étudiants, dans un amphithéâtre déjà vétuste, aujourd'hui disparu, sa mère, presque mourante, un écriteau sur la poitrine. Et d'autres souvenirs reviennent qui font affleurer quelques figures d'Argentins : Gabriel, le kinésithérapeute aveugle, Nicolas, le frère, et même Eva Perón, haranguant du haut d'un tracteur une foule de miséreux. Mais très vite, sur la scène de la mémoire, c'est l'extravagant M. Moralès qui s'impose. Ancien grand couturier, tour à tour avide d'absolu et succombant à l'abjection, il entraîne dans son sillage un cortège d'excentriques. Seul le souvenir de la mère, une femme aux yeux gris, pénétrée de la sagesse des humbles, revient apaiser le tumulte de la mémoire. Et les ombres, enfin, peuvent se dissiper.
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