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Hernan Rivera Letelier
Le soulier rouge de Rosita Quintana
Hidelbrando del Carmen a treize ans. Orphelin de mère, il vit dans un bidonville au Chili. Son père mineur ne revient en ville que quelques jours par mois. Tôt le matin, le gamin vend des journaux. Il passe le reste de la journée dans les salles de cinéma, les yeux rivés sur l’écran où sur les spectatrices solitaires qui nourrissent ses fantasmes d’adolescent. Un jour, il trouve sur le trottoir un escarpin rouge, cambré sur un très haut talon aiguille. Le Chilien Hernán Rivera-Letelier a obtenu pour ce roman le Grand Prix national des lettres chiliennes, qu’il avait déjà obtenu pour son premier livre, La reine Isabel chantait des chansons d’amour. Situation d’exception pour un écrivain d’exception à la plume tendre et nostalgique, qui apprit à lire et à écrire à vingt ans.
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« Tu t’attendais à quoi ? Je lui ai dit. Tu crois que ça va être facile de me quitter ? Tu crois que je vais te laisser faire comme ça ? J’ai lancé le cadre par terre, le verre s’est brisé mais comme c’était pas assez, j’ai bondi du lit et j’ai déchiré la photo, celle qu’il prétendait tant aimer, la photo de nous deux en mariés, beaux et légèrement ridicules, il y avait tant de monde qu’on ne connaissait pas à notre mariage qu’on est partis avant la fin. Il a eu l’air triste, plus de la photo déchirée que du fait de me quitter. Il a toujours été fou avec les photos. Parfois je me disais qu’il n’aimait les choses de la vie que pour les voir un jour en photo. Moi c’est le contraire, rien ne me fait plus peur qu’une photo de bonheur avec toute la quantité de malheur qu’elle promet, qu’elle contient, mais sans le dire, en cachant bien son jeu. Je ne savais pas encore que c’était la meilleure chose qui puisse m’arriver, qu’il me quitte. Comment j’aurais pu le savoir ? Il était toute ma vie, sans lui je n’existais pas. »
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