Pierre Péju
La petite chartreuse
Sous une pluie froide de novembre, la camionnette du libraire Étienne Vollard heurte de plein fouet une petite fille en anorak rouge qui, affolée, courait droit devant elle après avoir vainement attendu sa mère, jeune femme fuyante et transparente. Désormais, cet homme va devoir vivre avec les conséquences de l’accident. Affublé d’une paternité d’emprunt, Vollard, jusque-là introverti et solitaire, commence à réciter à l’enfant plongée dans le coma des textes littéraires contenus dans sa mémoire fabuleuse. Lorsque l’enfant s’éveille, elle a perdu l’usage de la parole. Alors, fuyant ses insomnies et ses angoisses anciennes, le libraire emmène Éva marcher dans les paysages de la Grande Chartreuse, lieu sauvage et splendide où vivent des moines qui ont fait vœu de silence. Un gros homme, encombré de lui-même, une mère bien trop jeune, et une fillette précocement fracassée par la vie forment un étrange trio : le triangle des solitudes. Le narrateur de cette histoire, témoin de l’enfance et de la jeunesse de Vollard, exprime sa fascination pour ce libraire inoubliable. Mais ce roman-conte est aussi un hymne inoubliable à la littérature, une méditation sur le fragile pouvoir des livres.