Fred Vargas
L’armée furieuse
Cette nuit-là, dit-elle lentement, Lina a vu passer l’Armée furieuse. Qui ? L’Armée furieuse, répéta la femme à voix basse. Et Herbier y était. Et il criait. Et trois autres aussi. C’est une association ? Quelque chose autour de la chasse ? Madame Vendermot regarda Adamsberg, incrédule. L’Armée furieuse, dit-elle à nouveau tout bas. La Grande Chasse. Vous ne connaissez pas ? Non, dit Adamsberg en soutenant son regard stupéfait. Mais vous ne connaissez même pas son nom ? La Mesnie Hellequin ? chuchota-t-elle. Je suis désolé, répéta Adamsberg. Veyrenc, l’armée furieuse, vous connaissez cette bande ? La fille de Mme Vendermot a vu le disparu avec elle. Et d’autres, insista la femme. Un air de surprise intense passa sur le visage du lieutenant Veyrenc. Comme un homme à qui on apporte un cadeau très inattendu. – Votre fille l’a vraiment vue ? demanda-t-il. Où cela ? Là où elle passe chez nous. Sur le chemin de Bonneval. Elle a toujours passé là. La nuit ? C’est toujours la nuit qu’elle passe. Veyrenc retint discrètement le commissaire. Jean-Baptiste, demanda-t-il, vraiment tu n’as jamais entendu parler de ça ? Adamsberg secoua la tête. Eh bien, questionne Danglard, insista-t-il. Pourquoi ? Parce que, pour ce que j’en sais, c’est l’annonce d’une secousse. Peut-être d’une sacrée secousse. Nul doute que la fratrie maudite du village normand rejoindra la galaxie des personnages mémorables de Fred Vargas. Quant à Momo-mèche-courte, il est le fil conducteur de la double enquête que mène ici le commissaire Adamsberg, confronté à l’immémorial Seigneur Hellequin, chef de L’Armée furieuse.