Pa’Gauloises

Amour, passion, violence et tolérance au milieu d’émeutes estudiantines à Dakar. Le regard de Pa’ Gauloises se porta de l’autre côté de la rue. Là, s’étirait un bidonville, confusion de baraquements faits de tôles ondulées, de résidus de carton ou de restes de planches. Des enfants couverts de vermine y erraient tout le jour tandis que leurs parents, armés de bâtons, de crochets, fouillaient la pestilence des ordures de la ville pour en extraire de la ferraille, des pneus usagés, la carcasse d’un sommier aussitôt cédés pour une poignée de riz à de moins pauvres qu’eux, à ceux qui avaient la chance de disposer, à Soumbédioune, d’un bout de trottoir et qui fabriquaient des chaises avec quelques lattes et une poignée de clous, découpaient des semelles de sandales dans le caoutchouc des pneus, ou façonnaient, dans les ressorts des sommiers, des lames de couteaux tous usages. Pa’ Gauloises tendit le cou vers le baobab géant qui semblait veiller sur le bidonville. Une large fissure en ouvrait le tronc jusqu’à ses branches maîtresses, et, encore aujourd’hui, il était quelques femmes pour clamer que des esprits malins l’habitaient. Pa’ Gauloises se haussa sur la pointe des pieds. Il avait cru apercevoir, là-bas, quelques-uns de ses camarades, ceux qui avaient fait la guerre avec lui. Il ouvrait le vasistas pour les interpeller lorsqu’une lueur enflamma, d’un coup, les nuages …