Elizabeth Gouslan
Ava, la femme qui aimait les hommes
Ava débarque à Los Angeles en 1941. Elle a dix-sept ans, la beauté du diable, un accent du Sud à couper au couteau, des manières de garçon de ferme, aucun don évident pour la comédie. Au début, sa carrière patine mais les hommes tombent, foudroyés : Mickey Rooney, Artie Shaw, Howard Hughes. Avec Les Tueurs, adapté d’une nouvelle d’Hemingwav, où elle donne la réplique à Burt Lancaster, émerge un personnage de vamp, de scandaleuse, une femme libre et dangereuse. Dès lors, Ava régnera, impériale et sans rivale, anticonformiste et insolente, pendant plus de trente ans. La vie de cette héroïne à la Sagan s’écrit à cent à l’heure, peuplée de monstres sacrés et de têtes brûlées, Huston, Bogart, Hemingway, Sinatra, de cuites inénarrables, d’amours ambivalentes et de quelques chefs-d’oeuvre – Pandora, La Comtesse aux pieds nus, La Nuit de l’iguane. Symbole de l’american dream, cette fille de fermiers devenue femme fatale préférait l’Europe à l’Amérique, la corrida aux hamburgers et la vraie vie aux reflets fantasmés qu’en offre le cinéma. Et pourtant, dans notre imaginaire comme dans l’histoire du cinéma, Ava Gardner s’impose bel et bien comme la dernière des stars hollywoodiennes.