Jean-Didier Wolfromm
Diane lanster
Une étrange maladie de peau qui lui livre bataille depuis qu’il est né, la polio qui le laisse infirme et claudiquant depuis l’enfance, et toutes les frustrations qui s’en suivent, Thierry n’a pas eu l’existence facile. Un don, cependant, qu’il a rageusement développé en rééduquant lui-même sa main malhabile : le dessin. Mais quand il se retrouve élève dans un atelier, à dix-huit ans, un autre péril le menace : le cours est mixte. Diane, sa blondeur, sa beauté, ses jupes écossaises et ses attentions, voici une calamité nouvelle à quoi il n’est guère préparé. Rien de plus équivoque, en vérité, que l’intérêt dont on le dorlote, toujours aux frontières de la B.A. et de la pitié. Les rencontres quotidiennes, les promenades, les dimanches à la campagne, les vacances à Porquerolles, le concours des Arts déco passé ensemble, tout est prétexte à nourrir des illusions, même quand Nadine, amie de Diane, et Noël, ex-« protecteur » de Thierry au lycée, viennent compliquer jusqu’au tragique, le plaisir doux-amer de l’amour mal partagé. Deux ans après il se souvient et raconte à Diane comment il l’a aimée. Corrosive et grinçante, l’ironie de Jean-Didier Wolfromm colore ce roman d’une cruauté singulière ; le talent y décape les lieux communs. Après tout, pourquoi les handicapés physiques seraient-ils bons ? Mais au-delà de l’âcreté du ton, voulue, défensive, on entend aussi le chant d’une tendresse, le silence des aveux, la romance pudique, vibrante, d’une passion comme on n’en rencontre plus guère. Classique autant qu’insolite, {Diane Lanster} est en effet le portrait d’une certaine génération bourgeoise, peut-être l’une des dernières. Presque un livre d’histoire en somme, si l’on écrivait celle des sentiments.