Jacques Derogy, Jean-Marie Pontaut
Enquête sur trois secrets d’État
Si tous les présidents de la Ve République ont eu leurs émissaires secrets, jamais, comme sous le septennat de François Mitterrand, ils ne s’étaient entourés d’une garde de choc aussi directement engagée sur le terrain. En donnant parfois l’impression de prendre goût à manipuler les dossiers du contre-terrorisme ou du contre-espionnage, au risque d’exposer le pouvoir à tous les aléas de l’intox et de le compromettre. Les Français en eurent la première révélation d’importance avec les mésaventures, à la fois dramatiques et bouffonnes de la cellule élyséenne des gendarmes Prouteau et Barrit, mise en place en août 1982 pour coordonner l’action contre le terrorisme. Avivée par la guerre des clans et des chefs, la rivalité entre les services aboutit rapidement, avec l’affaire des Irlandais de Vincennes, à leur neutralisation réciproque, cependant que la cellule se transformait en cabinet noir de la présidence.