Collectif, Biennale de Dakar
Iba Ndiaye, L’œuvre de modernité
Au terme de cinquante années de pure peinture et de dessin obstiné, Iba Ndiaye, Maître ubiquitaire du trait et de la couleur au Sénégal, s’est éteint à Paris, à l’âge de 80 ans, au moment même où s’achève à Dakar sa grande rétrospective : « L’uvre de Modernité« . Il a commencé sa carrière dans les années cinquante, après avoir étudié à l’École d’Architecture de Montpellier puis à l’École Nationale des Beaux-Arts à Paris et travaillé à l’atelier du grand sculpteur russe Ossip Zadkine qui guidera son regard vers la statuaire africaine.
… Ndiaye naît en 1928, l’année où le Bal Nègre de la rue Blomet défraie la chronique, alors que Paul Morand publie son « Paris – Tombouctou » et où Senghor entre en khâgne au lycée Louis-le-Grand. Au sortir de cette’vogue nègre’ de l’entre-deux-guerres et sa kyrielle de clichés : tribal, primitif, exotique, naïf ou instinctif
-, ainsi que d’autres artistes comme Aimé Césaire ou Wifredo Lam, Iba Ndiaye va, lui, s’emparer du dessin comme outil d’investigation des univers esthétiques qu’il s’approprie pour bâtir un vocabulaire visuel mondialisé par les aléas de l’Histoire coloniale, un langage métis, subtil et ombrageux, dressé contre une notion abâtardie d’un art dit’primitif’. …