Claude Brami
La grande sœur
Carole et Patricia. Deux caractères, deux styles, deux vies apparemment contradictoires. Leur différence est pourtant ce qui précisément les lie. Elles sont, l’une pour l’autre la seule référence qui compte. Elles n’existent que de l’affrontement de leur disparité. Carole, l’infirmière, la sage, la tranquille, la grande sœur. Patricia, le mannequin, la séductrice, l’agitée, l’insatisfaite. Des hommes vont passer dans leur vie, de l’une à l’autre, dans la joie des corps, l’exaltation des sentiments. Dans la violence aussi. La violence l’emportera. Deux sœurs dont chacune est le miroir de l’autre.
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Celestino Marcilla, Madrilène de famille bourgeoise, a milité à gauche pendant les années qui précédèrent la guerre civile, puis combattu avec une bravoure remarquée dans les milices, puis s'est réfugié en France au moment de la défaite de 1939. Alors une fille – son unique enfant – lui est née, Pascualita, et sa femme est morte. Celestino a emmené sa fille avec lui à Paris, qu'il n'a pas quitté depuis. En 1959, elle a vingt ans, et il en a soixante-sept. Celestino, à Paris, vit de ses rentes, qui lui donnent une certaine aisance. Il ne fait rien, que penser ou rêver politique, passant ses journées à lire et à annoter des journaux et des livres, à écrire des articles de politique ou de sociologie qui sont refusés partout, et un ouvrage qui n'avance pas – au côté de Pascualita, qui n'a qu'indifférence et dédain pour les préoccupations ou plutôt l'obsession de son père.
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