Bernard Clavel
Le Royaume du Nord – Miséréré
Au Canada, comme aux États-Unis, la Grande Dépression de 1929 jette sur les routes des milliers de chômeurs. Pour prévenir les émeutes populaires dans les grandes villes, l’État livre en pâture le Royaume du Nord aux plus pauvres. Ces colons faméliques arrivent alors en Abitibi. Bercés de discours trompeurs, ils ignorent qu’il leur faudra conquérir cette terre qu’ils croyaient offerte, défricher d’impénétrables forêts, se battre contre la neige et le froid, et surtout contre eux-mêmes. « Miserere », c’est l’histoire de ces hommes et de ces femmes animés d’une folle espérance qui vont réussir l’impossible: vivre et garder leur dignité au milieu d’une nature inhumaine.
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Aîné par la malice du Diable, le saint homme Maël aborde une île des mers hyperboréennes où l’a poussé une tempête de trente jours. Et là, trompé par sa mauvaise vue, le vieil apôtre baptise des pingouins, causant ainsi au Royaume des Cieux une perplexité dont Catherine d’Alexandrie tire heureusement les élus en proposant de métamorphoser les pingouins en hommes. Telle est l’origine la plus reculée de la civilisation pingouine dont Anatole France raconte l’évolution jusqu’à nos jours dans ce récit où sa verve féroce fustige les ambitieux et les politiciens de son temps : le temps de Boulanger ou de l’affaire Dreyfus. On y trouve un Pyrot compromis dans la sombre affaire des bottes de foin, un Colomban qui rappelle beaucoup Zola.
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