Juan Marsé
Les nuits de Shanghai
Shanghai se trouve à Barcelone. Et à Shanghai-Barcelone vit un héros nommé Kim ou Joaquim, c’est selon. Il a connu la guerre civile. Il a dû fuir. Il ne peut revenir, pur l’instant au chevet de sa fille Susana une si jolie fille, pourtant, qui meurt des poumons dans une maison triste. Alors l’un des compagnons de Joaquim raconte à Susana les aventures magnifiques du Héros. A Shanghai, Kim protège une troublante Asiatique des menées obscènes d’un ex-nazi. Souvent pessimiste, spécialiste des héros manqués et des personnages déglingués, l’écrivain catalan né en 1933 signe ici l’un de ses livres les plus émouvants, porté par un romantisme qui n’exclut ni l’humour ni la véhémence.
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Celestino Marcilla, Madrilène de famille bourgeoise, a milité à gauche pendant les années qui précédèrent la guerre civile, puis combattu avec une bravoure remarquée dans les milices, puis s'est réfugié en France au moment de la défaite de 1939. Alors une fille – son unique enfant – lui est née, Pascualita, et sa femme est morte. Celestino a emmené sa fille avec lui à Paris, qu'il n'a pas quitté depuis. En 1959, elle a vingt ans, et il en a soixante-sept. Celestino, à Paris, vit de ses rentes, qui lui donnent une certaine aisance. Il ne fait rien, que penser ou rêver politique, passant ses journées à lire et à annoter des journaux et des livres, à écrire des articles de politique ou de sociologie qui sont refusés partout, et un ouvrage qui n'avance pas – au côté de Pascualita, qui n'a qu'indifférence et dédain pour les préoccupations ou plutôt l'obsession de son père.
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