Michael Stein
L’espace d’un amour
J’ai appris que tu enseignais dans le Maine. J’espère que nos chemins se croiseront ce week-end. Lily fut bouleversée par le son de la voix de Jonathan. Elle écouta deux fois ces quelques mots, chercha d’abord à les effacer – comme elle avait cherché à l’effacer lui, pendant douze années – mais, à la troisième écoute, elle songea à l’intérêt passionnant d’un tel face à face : le revoir, ce serait montrer son courage, ce serait la preuve qu’elle avait définitivement renoncé à se regarder, à regarder Jonathan Parrish, avec les yeux du passé. « L’espace d’un amour est sans doute, depuis Love Story, l’un des plus beaux romans d’amour qu’il nous ait été donné de lire… »
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Parvenu à l'heure des bilans, le narrateur, directeur d'hôpital, se souvient que, trente ans auparavant, on avait exhibé devant les étudiants, dans un amphithéâtre déjà vétuste, aujourd'hui disparu, sa mère, presque mourante, un écriteau sur la poitrine. Et d'autres souvenirs reviennent qui font affleurer quelques figures d'Argentins : Gabriel, le kinésithérapeute aveugle, Nicolas, le frère, et même Eva Perón, haranguant du haut d'un tracteur une foule de miséreux. Mais très vite, sur la scène de la mémoire, c'est l'extravagant M. Moralès qui s'impose. Ancien grand couturier, tour à tour avide d'absolu et succombant à l'abjection, il entraîne dans son sillage un cortège d'excentriques. Seul le souvenir de la mère, une femme aux yeux gris, pénétrée de la sagesse des humbles, revient apaiser le tumulte de la mémoire. Et les ombres, enfin, peuvent se dissiper.
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