Luc Ferry
L’homme-Dieu ou le sens de la vie
Nous vivons aujourd’hui un double processus. A l’humanisation du divin liée au refus des arguments d’autorité, répond une divinisation de l’humain, conséquence logique de la naissance de l’amour moderne et des relations sentimentales. En dépit des apparences et par-delà les discours récurrents, certaines formes de transcendances persistent. Le divin aujourd’hui n’est plus une donnée extérieure révélée a priori mais s’enracine dans la conscience et la subjectivité humaines. La question du sens de la vie se reformule dans les limites d’un nouvel humanisme. C’est par le don volontaire de soi et l’amour de l’autre que l’individu moderne trouve le sens de sa vie. Le développement de l’idée humanitaire est le symbole par excellence ce cette évolution.
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Les morts vont vite, rappelle un dicton populaire. Des jeunes hommes tombés pendant la guerre de 1914-19i8, combien ont laissé un souvenir ? L'oubli n'est-il pas leur lot puisque, n'ayant fait de mal à personne, ils n'ont pris place dans aucune vie » ? A cette remarque d'ironie amère, sur laquelle s'ouvre l'essai écrit en mémoire d'un « tort de dix-neuf ans, fait écho la conclusion du Concert dans un parc : » Les hommes, dans leur course, se passent l'un à l'autre l'indifférence. Ce n'est pas un flambeau. Mais c'est un pain, et qui permet de vivre. » On aurait pourtant tort de croire que dans ces pages rédigées de 1916 à 1920 Henry de Montherlant ait pour propos unique la révolte ou la résignation devant un destin qui fauche la jeunesse d'un pays à la fleur de l'âge.
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