Suzanne Blum
Ne savoir rien
Une femme, que l’auteur a placée dans le milieu de la grande bourgeoisie parisienne, raconte le drame qu’elle a vécu et qui lui pose une terrible énigme. Le mystère ne fait pas de ce récit un roman policier. Nous savons comment, pourquoi et par qui le crime a été commis, et il porte en lui-même son châtiment : les regrets ajoutés aux remords. À travers cette confession, nous voyons la lente évolution d’un amour que la peur transforme en haine et où la fatalité prend le visage d’une enfant aux yeux claires. C’est, dans la tradition classique une œuvre pénétrante et vigoureuse, une peinture magistrale du réseau des apparences, celles des faits et celles des témoignages derrière lesquelles il est parfois impossible de discerner la vérité.
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Celestino Marcilla, Madrilène de famille bourgeoise, a milité à gauche pendant les années qui précédèrent la guerre civile, puis combattu avec une bravoure remarquée dans les milices, puis s'est réfugié en France au moment de la défaite de 1939. Alors une fille – son unique enfant – lui est née, Pascualita, et sa femme est morte. Celestino a emmené sa fille avec lui à Paris, qu'il n'a pas quitté depuis. En 1959, elle a vingt ans, et il en a soixante-sept. Celestino, à Paris, vit de ses rentes, qui lui donnent une certaine aisance. Il ne fait rien, que penser ou rêver politique, passant ses journées à lire et à annoter des journaux et des livres, à écrire des articles de politique ou de sociologie qui sont refusés partout, et un ouvrage qui n'avance pas – au côté de Pascualita, qui n'a qu'indifférence et dédain pour les préoccupations ou plutôt l'obsession de son père.